Le scandale des Agences Régionales de Santé

Publié par le 21 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Le scandale des Agences Régionales de Santé

Le clivage gauche-droite n’existe plus, nous disent les Macronistes qui, c’est prouvé aujourd’hui, n’y connaissent absolument rien en politique.

En caricaturant un peu, on pourrait dire que l’hôpital et l’enseignement publics sont de gauche tandis que les cliniques et l’enseignement privé sont de droite.

Et durant cette crise du coronavirus, on a pu vérifier que la gauche et la droite, en l’occurence les hôpitaux et les cliniques privées, ne se parlaient pas !

En fait, ce sont les Agences Régionales de Santé (ARS) qui ont renâclé, dans certaines régions, et surtout au début, à transférer des malades des hôpitaux débordés vers les cliniques privées.

C’est ce que dénonce l’IREF (Institut de Recherche Economiques et Fiscales) dans cet article :

Cliniques privées et ARS :
une mésentente typiquement française

Alors que l’Etat et les ARS (agences régionales de santé) organisaient le déplacement de malades, en TGV de l’Est vers le Sud, par avion vers l’Allemagne ou la Suisse, et qu’un hôpital militaire était monté en urgence, les cliniques privées, auxquelles on avait demandé de faire de la place, se retrouvaient en sous-capacité.

Début de crise : cri d’alarme et retard à l’allumage

Le 22 mars, la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) lançait un appel : « Faites appel à nous ! ».
Les hôpitaux privés comptaient au début de la crise près de 4000 lits de réanimation, tandis que les hôpitaux publics en avaient 5018 avant la crise contre environ 8000 actuellement.
Les soignants des cliniques privées ont dénoncé le fait que leurs établissements ont été, dans un premier temps, sous-utilisés. « Dans plusieurs régions y compris parmi les plus touchées par le coronavirus, des lits de réanimation et de soins critiques libérés dans les cliniques restent vides ou sous-occupés. Les médecins et anesthésistes libéraux des établissements privés sont peu sollicités », déclarait la FHP dans un communiqué le 23 mars.
Si la coopération semblait correcte en Ile-de-France, ce n’était pas réellement le cas dans les autres régions métropolitaines.
Courant mars, dans le Grand Est, région la plus touchée, plusieurs patients atteints du Covid-19 ont été évacués vers Marseille, Bordeaux, voire en Allemagne et en Suisse, par TGV médicalisé et par hélicoptère. Alors que dans la région, 70 places de réanimation avaient été libérées mais non sollicitées dans les cliniques… De même, Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF (premier syndicat de médecins libéraux, généralistes et spécialistes) s’indignait le 26 mars de la situation perpignanaise. L’hôpital public était surchargé alors que la clinique privée de la ville avait, selon les dires du médecin catalan, un étage vide, 9 respirateurs et 40 lits inutilisés. En outre, plutôt que de lui envoyer des patients, l’hôpital lui demandait des respirateurs … ! La clinique a même dû inciter certains soignants à prendre des jours de congés.
Une absence de coordination, entre établissements privés et publics, qui laisse perplexe. Fort heureusement, le problème semble à l’heure actuelle résolu. Pour Marie-Sophie Desaulle, présidente de la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne), il y a eu un certain retard à l’allumage mais les lits des hôpitaux privés commencent à recevoir des patients en nombre important.

Une situation actuelle plus coordonnée

La Fédération des hôpitaux privés a indiqué fin mars que « les différents acteurs travaillent désormais main dans la main après avoir su mettre en place une action coordonnée et efficace sous l’égide des Agences régionales de santé ».
Lamine Gharbi, président de la FHP, s’est réjoui de voir les établissements privés « pleinement mobilisés », et s’est félicité de la « complémentarité » avec le secteur public, notamment « sur les échanges de disponibilités et de matériel en fonction des situations locales ». Les établissements privés étaient peut-être sous-utilisés en mars, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Selon la FHP, début avril, 500 cliniques de court séjour ainsi que 300 établissements privés de soins prolongés étaient désormais pleinement opérationnels. Son président révélait le 3 avril dans une tribune au Figaro que 1500 patients atteints du COVID-19 étaient hospitalisés dans des cliniques privées en Île-de-France. Le privé représentait 14% des hospitalisations pour raison de coronavirus. Dans le même temps, environ 50 lits étaient libérés par établissement, afin de répondre à la demande de malades du COVID-19.
Alors que les hôpitaux privés se plaignaient de n’être pas assez sollicités, la Direction générale de la Santé indiquait cependant n’avoir pas eu écho de problèmes particuliers. Elle concédait bien une petite période de flottement au moment de la mise en place du dispositif, mais rien de plus.
Le manque de complémentarité entre public et privé était néanmoins indéniable. La raison ? Administrative.

Plan Blanc et ARS : le privé en dernier

Les ARS, agences régionales de santé, centralisent dans chaque région la demande et l’offre de soins, établissement par établissement. La cellule de crise mise en place dans les ARS, spécialement pour le COVID-19, a dû trouver des solutions alternatives. Et ces solutions suivent à la lettre le plan Blanc de gestion de crise sanitaire, qui donne la priorité au public quitte à délaisser le privé.
Le plan établit une hiérarchie entre les hôpitaux. Les hôpitaux publics disposent d’un service d’urgences et d’un siège au Samu, ce qui leur donne un avantage sur les hôpitaux privés. Ils possèdent aussi des moyens plus importants. C’est pourquoi ils ont largement la priorité dans les procédures du plan Blanc.
Voilà pourquoi aussi le plan préconise de surcharger les hôpitaux publics avant d’orienter les malades vers les cliniques privées.

La sous-utilisation des cliniques, la mauvaise coordination entre public et privé, ont bien évidemment causé des dommages, contribuant à accroître la fatigue du personnel soignant et à amoindrir, peut-être, la qualité des soins. Le problème est en partie résolu, mais pas entièrement : le privé souffre toujours du manque de matériel de protection, masques, gants, surblouses. Le président demande aussi le dépistage de toutes les familles des soignants, particulièrement exposées elles aussi. Enfin, nous attendons toujours les tests de dépistage pour l’ensemble de la population.
Comparé à celui d’autres pays proches, notre système de santé ne brille guère par son efficacité. Il est évident qu’il doit être réformé. Balayer toute la poussière administrative, introduire un peu plus de liberté et faire une part plus belle au privé, voilà la clef du monde hospitalier de demain.

Aymeric Belaud pour l’IREF

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