L’Etat : le pire des gestionnaires !

Publié par le 18 Juin, 2019 dans Blog | 0 commentaire

L’Etat : le pire des gestionnaires !

La guerre, c’est une chose trop grave
pour la confier aux militaires !

Cette phrase de Georges Clemenceau s’appliquerait tout aussi bien à l’industrie ! Car, bien souvent, quand l’Etat se mêle de stratégie industrielle, cela finit en catastrophe !

La liste est longue des entreprises dans lesquelles l’Etat avait des participations et qui ont été rayées de la carte, à cause de la gestion déplorable de l’Etat en général et de Bercy en particulier : le Crédit lyonnais, Elf Aquitaine, Pechiney, Areva, Alstom, etc … etc …

Nous venons de vivre un exemple très récent de calamiteuse gouvernance de l’Etat avec l’affaire Renault-Fiat Chrysler. Un modèle du genre !

C’est François d’Orcival qui nous en parle dans son édito paru dans Valeurs actuelles :

Le drame de Renault, c’est l’Etat !

Le comportement de l’État dans le dossier de la fusion Fiat-Chrysler-Renault aura été incohérent et indigne. Cela explique aussi la réaction des Japonais …

On aurait dû se méfier. La date choisie pour annoncer le projet de fusion entre Fiat-Chrysler et Renault était déjà très politique: c’était le 27 mai, lendemain du scrutin européen, comme s’il s’agissait de ne rien faire qui puisse venir brouiller l’élection. Or cette affaire se négociait depuis la Noël entre un industriel, le patron de Fiat-Chrysler, John Elkann, et un haut fonctionnaire, le commissaire aux participations de l’État et administrateur de Renault, Martin Vial. Cinq mois sans une fuite ! Mais dès que l’affaire devient publique, les parasitages se multiplient.

Bien grippé par la crise de sa gouvernance à la suite des poursuites japonaises contre Carlos Ghosn, le Groupe Renault devait aussi faire face à une inquiétude concernant ses activités (son résultat net en 2018 était en repli à 3,5 milliards d’euros, contre 5,2 en 2017) et au redoutable défi de ses investissements futurs pour résister à la concurrence mondiale. Il est donc allé chercher Jean-Dominique Senard chez Michelin, en janvier. L’homme a une réputation impeccable, financier devenu patron du manufacturier, d’une probité sans faille. Et en plus, il est le fils d’un diplomate courageux (en septembre 1974, celui-ci fut pris en otage à l’ambassade de France à La Haye, par une bande de terroristes, avant d’être libéré cinq jours plus tard).

Le 24 janvier, Bruno Le Maire, ministre des Finances, au nom de l’Etat français, actionnaire de Renault à hauteur de 15 % du capital (22 % des droits de vote), salue la nomination de Senard. Sa double mission : renouer avec les Japonais et réussir le mariage avec Fiat-Chrysler (toujours secret). « Allez-y,foncez ! » Senard déploie toute son énergie. Le 12 mars, au Japon, où il se trouve, l’Alliance Renault-Nissan paraît prendre un nouveau départ. Même si les Japonais restent sur la réserve.

Puis se produit le coup de théâtre du 27 mai – dont les Japonais ont été informés. De la fusion Fiat-Chrysler-Renault peut naître le troisième constructeur automobile mondial. Voilà un projet européen majeur, de quoi affronter le « tsunami chinois » à venir. Toutes les bonnes cartes paraissent réunies. Et naturellement, rien ne s’est fait sans Bercy. Reste à approuver l’accord par un conseil d’administration.

Celui -ci est réuni le mercredi 5 juin chez Renault: 19 administrateurs, dont deux de Nissan et deux de l’État. La séance, qui pouvait se tenir en deux heures, en dure six … Petit parasitage, celui du délégué CGT qui est contre, quand les autres sont pour. Mais gros parasitage, celui du ministre, lequel fait savoir qu’il veut du temps, qu’il part pour Tokyo (préparer le G20), qu’il va rencontrer les patrons de Nissan et les voir sans Senard !

Quels sont les faits nouveaux à l’origine de ce retournement ? Dans tout conseil, quand, sur 19 administrateurs, il y a 14 voix pour, une voix contre et deux abstentions (les Japonais, plutôt favorables, demandent réflexion), la majorité l’emporte. Pas chez Renault, où les deux représentants de l’État, donc du ministre, font la loi. Informés, les Italiens préfèrent renoncer. Voilà le fabuleux projet par terre. De Tokyo, Bruno Le Maire annonce qu’il est prêt à réduire la participation de l’État au capital de Renault pour « consolider l’Alliance » avec Nissan – mais Senard ne le sait pas. Depuis le 5 juin, il est concrètement dessaisi du dossier, privé d’informations du ministre. Humiliée, la gouvernance de Renault est à nouveau sévèrement chahutée, et celle de l’Alliance aussi …

Coïncidence, l’assemblée générale des actionnaires de Renault était convoquée ce mercredi 12 juin, peu avant que le Premier ministre ne prononce devant sa propre Assemblée son discours de politique générale: quel crédit pouvait-on accorder à la conduite de l’État quand celui-ci manque à ce point de colonne vertébrale et de dignité avec l’un de ses tout premiers industriels ?

La réponse était au sommet de l’État.

François d’Orcival pour Valeurs actuelles.

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