L’heure n’est pas à la décence !

Publié par le 3 Oct, 2020 dans Blog | 0 commentaire

L’heure n’est pas à la décence !

Je relaye ce matin un édito paru dans L’Incotidien :

la newsletter du magazine L’Incorrect dont j’ai régulièrement republier ici des articles.

Cet édito pointe toute l’indécence qui s’affiche en se cachant dans les oripeaux du politiquement correct.

L’heure n’est pas à la décence.

 

Y a-t-elle déjà été ? Des gens parfaitement respectables se réjouissent sur Twitter que le président américain ait été touché par la pandémie. Des gens parfaitement respectables se réjouissent dans les studios de radio que l’on puisse bientôt avorter un enfant jusqu’à 14 semaines après sa conception. Je ne décrirai pas la manière dont se passe un avortement à ce stade de la grossesse, mais c’est littéralement à pleurer. Et il faudrait applaudir au nom des droits des femmes. Si les droits des femmes se résument à cela, que l’on ne m’en veuille pas trop d’embrasser la misogynie la plus radicale.

L’heure n’est pas à la décence, donc. Tous les quatre matins, la France officielle demande la tête d’Eric Zemmour, qui commet sûrement le crime indéfendable d’être trop à droite et trop brillant. Pour notre intelligentsia, il faut choisir, ces deux qualités ne peuvent aller de pair. Zemmour est une sorte de bug dans leur matrice intellectuelle, et il paie ce rôle de poil à gratter au prix fort. Le garde des Sceaux le conspue à heure de grande écoute, et, alors qu’il venait d’être condamné en premier instance pour ses propos tenus à la convention de la Droite, le parquet ouvre une nouvelle enquête contre lui pour l’éternelle « provocation à la haine raciale ». Effectivement, le Z a lâché, avec sa faculté d’insolence sous sa forme la plus extraordinaire, que tous les mineurs isolés en France étaient des voleurs, des assassins et des violeurs. Ça, nul besoin d’avoir sa carte d’honneur au MJS (cette organisation existe-elle encore ? Nous en ferons un reportage exclusif) pour admettre que c’est stupide. Sauf que deux secondes après, grâce à Christine Kelly, Dieu la rebénisse, il corrige son propos, dit qu’ils ne sont pas tous criminels mais qu’il faut par exemple tous les renvoyer chez eux, en application du principe de précaution. Bon, et bien ? Il a dit une connerie et il se reprend aussitôt, dossier suivant, non ?

Et bien non, pas de dossier suivant pour la gauche. Ces gens, quand ils ont trouvé une victime, s’acharnent sur elle avec la brutalité d’un caïd de cour d’école et la fourberie lâche d’un premier de la classe, lèche-botte devant l’Éternel. Nous le redisons, la saison est judiciaire. Nous qui croyions vivre dans un pays où tout était sacrifiable au plaisir de jouter intellectuellement, de se confronter avec la violence la plus absolue pour les idées d’un adversaire et le respect le plus profond pour sa personne, nous qui croyions vivre dans un pays qui respectait plus que tout autre l’intelligence, nous sommes déçus. Nous avons l’habitude. Cette judiciarisation de l’adversaire prouve encore une fois que, pour l’homme de gauche, le combat politique n’est jamais très loin de la démonologie, que les principes de tolérance qu’il agite depuis bientôt trois cents ans ne sont pas beaucoup plus qu’un leurre, que ce qui le porte d’abord est un fanatisme, nous irions presque jusqu’à dire un ressentiment contre la beauté du monde.

Et pourtant, il y a aurait beaucoup à dire sur Zemmour et les idées qu’il véhicule. Car la droite qu’il incarne, la droite qui se réduit la défense de l’identité française face à l’immigration africaine, est d’un ennui prodigieux. Oui, bien sûr, il a raison, le problème de l’identité, de l’existence-même de la France, est sûrement la grande question de l’heure. Mais la droite ne peut se résumer à cela. Il s’agit d’établir à nouveau une société à visage humain contre les horreurs de la modernité, dont l’immigration n’est qu’un des nombreux noms. Il s’agit de réenchanter une existence plongée par la bourgeoisie dans les eaux glacées du calcul égoïste, de s’autoriser le rêve de la chevalerie, de l’amour courtois, de la grandeur. Je ne crois pas qu’expulser les mineurs isolés suffira.

Alors, nous serons toujours les soutiens de Zemmour, mais nous ne pouvons que l’enjoindre à chercher un peu un idéal supérieur.

Ange Appino pour l’Incorrect.

Merci de tweeter cet article :





Laissez une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *