Sarkozy en avait rêvé … Macron va peut-être le faire !

Publié par le 27 Fév, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Sarkozy en avait rêvé … Macron va peut-être le faire !

Nicolas Sarkozy n’avait pas grande estime pour les corps intermédiaires et notamment pour les syndicats.

Compte tenu du rapport de force en place à l’époque, et du relatif soutien de l’opinion politique envers les cheminots et les fonctionnaires, il avait dû composer avec eux. La profondeur de ses réformes en avait beaucoup souffert !

Emmanuel Macron semble être né sous une meilleure étoile et bénéficie à l’évidence d’une fenêtre de tir pour mettre à la raison les cheminots.

Voici l’excellent édito de Daniel Fortin paru avant-hier dans les échos :

La rupture sociale d’Emmanuel Macron

Sur la réforme de la SNCF comme sur celle de la formation professionnelle, le Président a décidé de passer par-dessus la tête des partenaires sociaux. Un tournant.

La semaine qui s’ouvre sera déterminante pour le gouvernement. Ce lundi, le Premier ministre, Edouard Philippe, doit détailler les modalités de la future réforme ferroviaire , et notamment l’étendue de la procédure  des ordonnances qu’il semble vouloir utiliser pour en venir à bout. Mardi, ce sera au tour de Muriel Penicaud, ministre du Travail, de détailler son « big bang » de la formation professionnelle, en lieu et place de l’accord conclu la semaine dernière entre patronats et syndicats qu’elle a jugé, avec des mots particulièrement cinglants, insuffisant.

Crédit illustration : Fabien Claurefond

Ces deux affaires traduisent la défiance croissante de l’exécutif – Emmanuel Macron en tête – à l’égard de partenaires sociaux jugés incapables de mener à bien la transformation d’un modèle social qu’ils gèrent depuis la seconde guerre mondiale sans avoir su le moderniser.

S’il ne l’a pas théorisé ainsi durant sa campagne électorale, on sent bien depuis son élection que le Président de la république n’attend plus grand-chose d’une gestion paritaire aujourd’hui en échec et incapable de se remettre en question, quand elle ne nourrit pas en son sein un conservatisme sans ressort. Une apathie qui rend aujourd’hui impossible le nécessaire dépassement des vieilles coutumes et des rituels usés, indispensable pour remettre en route un  Etat-providence à bout de souffle.

Cette attitude est, en soi, un tournant historique. Même Nicolas Sarkozy, qui n’avait pourtant de cesse d’affirmer sa faible estime pour les corps intermédiaires, avait fait le pari, en 2007, de réformer la France en concertation avec les grandes centrales syndicales, CGT en tête. Ce fut l’une de ses erreurs. Social-démocrate mal assumé, François Hollande, lui, avait tenté de marquer son début de quinquennat du sceau de la concertation permanente, avec le succès que l’on sait.

Emmanuel Macron tire aujourd’hui le bilan des échecs de ses deux prédécesseurs. Son projet initial d’étatiser l’Unedic et la froideur polaire de ses relations avec Laurent Berger, le leader de la CFDT – un syndicat sur lequel il aurait pu s’appuyer pour mener ses réformes -, étaient déjà des signes avant-coureurs d’une nouvelle façon de gouverner, à distance des partenaires sociaux.

Avec la SNCF, la formation professionnelle et bientôt l’assurance-chômage, sur laquelle le gouvernement devrait aussi reprendre la main, il entérine cette fois de façon plus franche la rupture, non pas avec les syndicats et le patronat, mais avec leurs apparatchiks. Car s’il se méfie des jeux d’appareils, le Président ne rejette pas pour autant le dialogue social. Sa récente  réforme du Code du travail montre qu’il souhaite au contraire le déplacer vers les entreprises afin de le mettre davantage en prise avec le réel.

Cette nouvelle gouvernance imposée par le chef de l’Etat repose sur un pari : celui du soutien d’une opinion lassée d’évoluer dans un pays bloqué. On saura avec les premières grèves de cheminots s’il a été gagné.
Daniel Fortin pour Les Echos.
@dafortin

Pour compléter cet article, voici les résultats d’un sondage réalisé le 26 février dernier sur la réforme de la SNCF :

  • 69 % des Français approuve la fin du statut des cheminots,
  • 54 % sont favorables au recours aux ordonnances pour réformer la SNCF,
  • 69 % pensent que la réforme réduira la dette de la SNCF,
  • 66 % que cela améliorera la qualité du service,
  • 56 % que cela permettra des tarifs plus attractifs,
  • 43 % des sondés soutiendront les éventuelles grèves à la suite de la réforme de la SNCF,
  • 38 % y sont opposés et 19 % y sont indifférents.

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