Syndicats et Etat, les vrais ennemis d’Air France

Publié par le 7 Mar, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Syndicats et Etat, les vrais ennemis d’Air France

Le vrai boulet que traine Air France et qui le maintient dans une rentabilité inférieure aux compagnies aériennes concurrentes, c’est la présence de l’Etat dans son capital et surtout dans son Conseil d’administration.

Certains me diront que c’est la faute des pilotes et de leur intransigeance corporatiste. Mais leur attitude est en grande partie un effet pervers de la présence de l’Etat car dans l’inconscient collectif de ces pilotes …

… Air France NE PEUT PAS faire faillite

du fait de la présence de l’Etat. A partir de là, les négociations salariales sont complètement biaisées. Et le même raisonnement peut être appliqué à l’attitude des syndicats.

Dans l’article suivant, l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) pointe les deux responsables des difficultés de la compagnie française :

Il y avait beaucoup de comique dans les protestations des dirigeants français contre la décision de l’Etat néerlandais d’augmenter sa part dans le capital d’Air France-KLM. Les étatistes français qui s’opposent à l’interventionnisme d’un autre pays !

Mais au-delà de l’amusement, soyons sérieux : l’Etat n’a strictement rien à faire dans une compagnie aérienne surtout aujourd’hui, lorsque l’ouverture à la concurrence a été largement profitable aux clients. Personne ne peut le contester : il faut cinq minutes pour acheter un billet d’avion sur internet après avoir choisi la meilleure option sur un comparatif de prix. On n’en croit pas ses yeux lorsque l’on voit des tarifs ridicules pour aller à l’autre bout de l’Europe, voire plus loin. Ils pourraient même être encore moins élevés sans les taxes d’aéroports. Il n’y a aucun doute, la concurrence marche à condition de la laisser agir.

Ce n’est pas le cas chez Air France, une compagnie qui n’a pas su se transformer à temps. Comme la SNCF, la RATP et EDF, elle est dirigée surtout par les syndicats, en particulier celui des pilotes, le SNPL AF, qui refuse toute réforme et semble se battre avant tout pour conserver ses privilèges : des salaires pour une partie d’entre eux à plus de 300 000 euros brut/an (un coût moyen de 25 % plus élevé que celui d’un pilote de KLM), 15 jours de vacances supplémentaires par rapport au privé, la gratuité partielle des billets pour les salariés, les retraités et leurs ayants droit (coût annuel : environ 90 millions d’euros), un comité d’entreprise particulièrement gâté avec un budget de 3 % de la masse salariale (contre 1 % dans les autres entreprises), etc.

Aux politiques français qui ont la mémoire courte, il aurait fallu rappeler l’incroyable affaire de la chemise arrachée du DRH d’Air France sauvé in extremis par des vigiles ou les grèves de l’année dernière, entre mars et mai : plus de 15 jours qui ont coûté presque 400 millions d’euros, soit 50 % du bénéfice de 2017. On aurait pu les avertir aussi, avant que les Néerlandais s’en chargent, que la compagnie KLM, c’est 4 fois plus de bénéfices qu’Air France et que les marges en 2018, ont été de 9.8 % pour KLM et de 1.7 % pour Air France.

Peut-être les dirigeants de KLM en ont-ils eu assez de faire des efforts et de gagner de l’argent alors que leur partenaire en perd. Air France serait bien inspirée de se moderniser non pas pour répondre à l’initiative des Pays-Bas mais pour éviter de couler. Pour cela, il ne faut surtout pas compter sur l’Etat ou les syndicats.

 pour l’IREF.

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