Tu sais ce qu’ils te disent les Gaulois, Manu ?

Publié par le 11 Sep, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Tu sais ce qu’ils te disent les Gaulois, Manu ?

L’auteur le plus pertinent pour défendre les Gaulois s’est enfin exprimé. Comme d’habitude, il a su exprimer la position de nombreux Français à la perfection.

Il s’agit de Denis Tillinac qui commençait à se faire rare sur ce blog ! Qui mieux que lui pouvait défendre l’identité française ? Qui mieux que lui sait remettre :

« L’église au milieu du village » ?

En grand connaisseur de l’âme française, celle que nie la gauche avec tant de haine, il démontre avec brio, dans sa dernière chronique paru dans Valeurs actuelles, l’incompatibilité entre le macronisme et la France profonde  :

Macron et les Gaulois ne font pas le même rêve …

Résistance au changement ou instinct de survie? Les crispations identitaires traduisent une allergie à la vision floue mais anxiogène imposée par les « élites ».

Macron rêve à voix haute …

Denis Tillinac

… d’une France organisée selon le modèle danois, et ironise sur les Gaulois « réfractaires » aux réformes, avec cette condescendance empreinte de suavité de l’énarque « réfractaire » à toute remise en cause de ses présupposés.

Idiots du village planétaire, ces Gaulois se croient encore français alors qu’ils sont « déjà » européens, au même titre que les Danois, a-t-il précisé. Ce « déjà » présume l’obsolescence d’une France enrôlée de gré ou de force dans un devenir qui la réduira à un canton de quelque entité plus vaste.

On ne sait pas trop laquelle, car l’européisme invoqué par Macron avec un lyrisme maigrichon fait l’objet d’un rejet de plus en plus explicite chez les dirigeants de plusieurs nations membres de l’Union européenne, et surtout dans les profondeurs des inconscients collectifs. Diaboliser les « populismes », déplorer les résurgences de pulsions « nationalistes », n’est qu’une rouerie de pompier pyromane : les indéniables crispations identitaires constatées ici ou là traduisent une allergie à la vision floue mais anxiogène que les « élites » tentent d’imposer à leurs peuples.

Plus que d’autres, les Gaulois renâclent.

Sont-ils « réfractaires » aux réformes? On leur en inflige sans relâche depuis la fin de l’ère gaulliste et elles n’ont pas rendu la France plus démocratique, plus enjouée, plus fraternelle, plus soucieuse des humbles et plus empanachée. Les Gaulois se sentent à la fois moins libres, moins protégés et moins respectés.

Macron n’est certes pas responsable d’un désarroi dont les causes remontent loin et produisent des effets comparables sous toutes les latitudes. Mais son indifférence à la mémoire longue et son modernisme décharné donnent l’impression de nous astreindre à une marche forcée autant qu’erratique, loin, très loin du pays de Saint Louis, de Rabelais, de Richelieu, de Molière, de Bonaparte, de Proust et de De Gaulle. Tout aussi loin des « hussards noirs » de Ferry. Loin de nos tours d’esprit et de nos modes de sociabilité, redevables pour partie à notre romantisme, pour partie à notre bonne franquette de Gaulois plus latins que « luthériens ».

Il semble vouloir gérer la France en patron d’une multinationale.

Mauvaise approche: ses velléités d’ubérisation du corps social rejoignent les tendances lourdes d’un capitalisme mondialisé visant à fabriquer ex nihilo une humanité atomisée, sans attaches – un conglomérat d’individus hors-sol, fétus ballottés aux quatre vents de l’histoire.

C’est un instinct de survie qui incite les peuples à ouvrir les parapluies de la tradition ou à ressortir les pétoires de la révolte. Le nôtre d’autant plus spontanément qu’il ne remonte pas à la dernière pluie diplomatique. Ni au dernier « deal » entre experts économiques ou autres.

Le macronisme n’aura qu’un temps.

De synarchie * en énarchie, les Gaulois ont vu se succéder tant de « sachants » imbus de rationalité, qui mettaient en fiches ce qui n’est pas quantifiable en vue d’assurer leur bonheur. lls en verront sûrement d’autres, et on ose espérer qu’ils leur survivront. Les Gaulois ne sont pas les salariés amovibles d’une société anonyme cotée à la seule Bourse du mercantilisme. lls portent le deuil des rêves qui jadis ou naguère surent les exalter.

Ils accepteraient des réformes si, en filigrane, s’y inscrivait un idéal qui prendrait en compte les singularités aucunement « luthériennes » du génie de la France. Cet idéal pourrait devenir européen, car la postérité d’Astérix est méditerranéenne, océanique, flamande et germanique à la marge – et métissée par décret de notre passé colonial. Nous sommes verticaux et horizontaux, enracinés dans la glèbe fertilisée par le labeur de nos ancêtres et enclins à lever les yeux vers les étoiles. Notre universalisme nous dispose aux synthèses les plus reluisantes. Mais l’idéal qui nous enjouvencerait ne ressemblerait en rien à des prescriptions technos ou à des hochets sociétaux.

Denis Tillinac pour Valeurs actuelles.

* Synarchie : Gouvernement collégial. Gouvernement de techniciens et d’hommes d’affaires, tel que le régime de Vichy voulut en fournir l’illustration.

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