En ce moment, les syndicats, même les plus modérés d’entre eux, nous bassinent avec la même rengaine :
Macron bafoue la démocratie sociale
et méprise les corps intermédiaires !
Je connais la démocratie élective, la démocratie parlementaire, la démocratie tout court, mais la démocratie sociale … Je ne vois pas !
Revenons à la définition de la démocratie :
Système politique, forme de gouvernement dans lequel la souveraineté émane du peuple.
Mais les corps intermédiaires en général et les syndicats en particulier ont-ils quelque chose à voir avec la démocratie ? Passons rapidement sur quelques corps intermédiaires comme le Conseil Economique et social (CESE) et le Conseil d’état, dont les membres sont nommés et dans lesquels les majorités successives envoient leurs copains et leurs coquins lorsqu’ils perdent leurs mandats électoraux ! Point de démocratie par ici !
Concentrons nous sur les syndicats avec quelques questions simples :
- Les syndicats ont-ils quelque chose à voir avec la démocratie quand seuls 8 % des salariés sont syndiqués (20 % dans la fonction publique) ? Ce taux étant presque le plus faible des pays de l’OCDE :
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La démocratie est un système qui, par l’intermédiaire d’élections libres, est censé permettre la satisfaction de l’intérêt général. Les syndicats ne sont pas mandatés pour cela !
C’est Marc Blondel, le célèbre dirigeant de F.O. qui l’avait avoué :
« Je suis là pour défendre des intérêts particuliers,
pas l’intérêt général ! »
- La puissance des syndicats se mesure t-elle au nombre de ses adhérents ?
En France pas du tout ! La puissance des syndicats ne se mesurent qu’à leur pouvoir de nuisance ! Le meilleur exemple est bien évidemment la SNCF dont les salariés mesurent, en ce moment, toute la capacité de nuisance !
- Le mode de financement des syndicats est-il démocratique ?
Non, puisque le financement des syndicats ne dépend que très marginalement du nombre de ses adhérents. Suivant les syndicats, la part de financement venant des cotisations des salariés varie de 15 à 57 %. L’essentiel du reste est constitué de fonds publics (près de 4 milliards d’euros selon un rapport de 2011, mais ce chiffre est difficilement vérifiable).
Que faire pour améliorer le système ?
Les pays européens qui comptent le plus fort taux de salariés syndiqués (la Suède, la Finlande) sont aussi ceux qui ont adopté le système dit « De Gand ». Cela signifie que dans ces pays, pour avoir droit à l’assurance chômage et à des indemnités en cas de licenciement, mais aussi pour faire partie d’une convention collective (qui assure une grille de salaire commune à tous), il faut obligatoirement être syndiqué.
Une autre solution consisterait à ne plus distribuer la subvention de 4 milliards directement aux syndicats, sans aucun contrôle sur l’utilisation de cet manne, mais à donner à chaque salarié un chèque syndical qu’il reverserait au syndicat de son choix. On augmenterait ainsi sans doute la motivation des syndicats pour s’occuper de leurs mandants plutôt que sauvegarder les intérêts de leur centrale !
Pour compléter le sujet, voici l’édito de Nicolas Beytout paru hier dans le magazine L’Opinion :
Des syndicats hors d’âge
Attention danger, avertissent les belles âmes : Emmanuel Macron « malmène la démocratie sociale » en imposant ses réformes à coup d’ordonnances et de confrontations assumées avec les syndicats. La vérité, c’est que les organisations syndicales ne représentent plus grand monde, et qu’elles ne peuvent donc plus prétendre incarner la seule contrepartie à une vision réformatrice du social. Des défilés nombreux mais clairsemés, des syndicats divisés entre eux et désunis jusque dans leur sein, et, plus grave encore, des stratégies qui nous renvoient des années en arrière : voir FO humilier son Secrétaire général sortant, coupable de n’avoir pas fait obstruction à Emmanuel Macron, entendre le nouveau patron de ce syndicat singer les scènes guerrières du Seigneur des Anneaux pour donner des gages à sa faction la plus extrémiste, prouve assez que ce n’est pas de ce côté-là qu’on sera le moins du monde utile à la réforme.
Cela ne signifie évidemment pas qu’une expression collective des attentes des salariés et de l’ensemble du monde du travail ne soit pas utile. Mais lorsque l’action syndicale se met au service d’un autre projet de société, ou lorsque, comme dans le conflit SNCF, un syndicat n’a de cesse de pourrir la vie des Français pour préserver des avantages statutaires hors d’âge, rechercher le consensus est une illusion.
Ce sera un des défis du monde politique, dans les prochaines années : imaginer les moyens de redonner une assise aux organisations syndicales, les rapprocher des préoccupations quotidiennes des salariés, les relégitimer. Mode de financement par l’Etat, conditions d’adhésion, représentativité, tout devrait être sur la table. Pour en finir avec la génuflexion bien pensante devant des syndicats d’autant plus menaçants qu’ils sont faibles.
Nicolas Beytout pour l’Opinion.
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