Agnès, l’empêcheuse de dépenser des ronds !

Publié par le 24 Juin, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Agnès, l’empêcheuse de dépenser des ronds !

Agnès, c’est Agnès Verdier-Molinié,
la directrice de l’iFRAP :

C’est la jeune femme, qui, inlassablement, sur les plateaux télé, dénonce le laxisme de tous les gouvernements, droite et gauche confondues, en terme d’équilibre budgétaire.

Elle vient de publier, dans Valeurs actuelles, cette nouvelle diatribe :

Justice sociale, urgence écologique … Et si le gouvernement s’attaquait plutôt au vrai problème : son incurie budgétaire ?

La feuille de route proposée par Édouard Philippe dans son discours de politique générale est insuffisante pour répondre aux trois urgences économique, sociale et politique. Sans tarder, la France doit transformer son modèle en s’inspirant de ses voisins du nord de l’Europe, alerte Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation Ifrap.

À l’aube de cet acte II du quinquennat, le Premier ministre nous dit qu’il y a urgence(s). Pour être plus précis, quatre urgences, l’une économique, avec les plans sociaux, l’autre sociale, celle des territoires isolés, la troisième écologique, à l’appel de la jeunesse, et la quatrième politique, nourrie par la peur du déclin de la France.

Pour y répondre, le gouvernement nous propose pour les trois ans qui viennent d’une part « la justice sociale » et d’autre part « l’ambition écologique ». Ces deux pistes ne seront pas suffisantes car elles ne répondent ni à l’urgence économique, ni à l’urgence sociale, ni à l’urgence politique.

L’urgence politique est réelle car tous les gouvernements successifs ont abandonné l’idée de mieux gérer la France, qui reste toujours, malgré les discours, le pays le plus taxé et le plus dépensier d’Europe.

Baisser la dépense publique, supprimer des échelons administratifs, baisser les charges, autant de pistes systématiquement remises au lendemain

Baisser les dépenses publiques pour baisser vraiment les impôts ? Réorganiser les missions publiques ? Décentraliser les missions non régaliennes de l’État ? Supprimer des échelons administratifs ? Réduire les coûts de la Sécu ? Donner plus de liberté à nos indépendants ? Baisser vraiment les charges de nos entreprises ? Nul gouvernement n’a voulu s’y coller. Alors même que nos voisins européens l’ont fait, baissant impôts et dépenses, réduisant par la même occasion leur déficit public, leur dette et leur chômage.

Cette absence de courage politique de la droite et de la gauche, mâtinée de désinvolture sur l’utilisation des deniers publics, explique en partie qu’en 2017 Emmanuel Macron ait été élu. Mais attention à la démagogique «  justice sociale  » et à l’exponentielle fiscalité verte dans lesquelles semble s’inscrire cette deuxième partie du quinquennat.

Justice sociale ? Nous avons une progressivité de l’impôt inégalée en Europe avec plus de la moitié des 250 milliards d’impôts directs payée par les 10 % les plus aisés. La «  justice sociale  » voudrait plutôt que l’on réduise la note de ces surtaxés. Car avec l’entrée dans la logique tarifaire et la mise généralisée sous conditions de ressources, c’est pour eux la double peine : vous payez beaucoup d’impôts ? Alors vous payerez plus cher vos services publics, la gratuité c’est pour les autres. Et cette logique fait tache d’huile pour déborder sur l’assuranciel : quid du chômage lorsqu’on vous réduit vos droits à indemnisation (mais pas à cotisation) ? Quid de l’augmentation de 1,7 point de CSG au-delà du seuil de 2000 euros de retraite ? Ou lorsque les yeux dans les yeux on reporte votre suppression de taxe d’habitation à 2023 et que la baisse de 5 milliards de l’impôt sur le revenu ne sera pas pour vous ?

Comme le dit le Premier ministre, la France bat des records, pas en attractivité mais plutôt en dette (bientôt 100 %), en déficit (plus de 90 milliards estimés en 2019 pour l’État en comptabilité budgétaire), en chômage (toujours à plus de 8,5 % quand il est en moyenne dans la zone euro à 7,6 %).

Mais pour bien distribuer il faut un «  tigre dans le moteur  » : notre industrie souffre toujours (-1, 3 million d’emplois en trente ans), 10 % du PIB en France contre 20 % en Allemagne, il y a clairement encore un problème de compétitivité.

Qu’à cela ne tienne, le gouvernement va supprimer des niches fiscales pour les entreprises, reprenant presque à son compte la rengaine des fameux «  cadeaux aux entreprises  ». Que nenni, les entreprises n’ont pas reçu de cadeaux : depuis 2011, elles sont passées de 393 milliards de prélèvements obligatoires à 459 milliards, un point de PIB de plus, et ce malgré le CICE et le pacte de responsabilité. Ce qui risque encore d’anémier un peu plus le tissu économique, malgré le talent et le courage de nos entrepreneurs.

Tandis que la réforme des retraites, qui est le cœur du réacteur si l’on veut baisser les énormes taxes de production de nos entreprises, n’interviendra qu’en 2025. Et le fameux report de l’âge à 64 ans, seule solution pour un financement pérenne de nos pensions, est remplacé par une décote dont l’effet devrait être trois fois moindre.

Sur le volet de la masse salariale publique, on ne connaît l’objectif gouvernemental ni en matière d’économies, ni en termes de réduction de postes, ni en pourcentage de contractuels à atteindre. Bref, on risque bel et bien de ne pas constater beaucoup d’économies réelles sur les dépenses publiques dans les trois ans qui viennent. Nous parierons pour des dépenses supplémentaires, notamment en matière d’écologie. Combien va coûter la neutralité carbone à l’horizon 2050 ? La réduction de la consommation énergétique primaire des énergies fossiles de 40 % en 2030 ? Et surtout, la réduction de la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2035 ? Nul ne sait. Pourtant, tous ces engagements figurent bien dans la loi énergie-climat du gouvernement, mais sans étude d’impact sérieuse.

L’urgence ? C’est transformer vraiment le modèle français à l’aune de ce qu’ont fait nos partenaires européens du nord de l’Europe, pourtant connus pour leurs États providences. Le fil rouge doit être de faire travailler la sphère publique au service de la création de richesse dans nos entreprises, des plus petites aux plus grosses. Et non plus l’inverse. C’est difficile mais il y a urgence.

Agnès Verdier-Molinié pour Valeurs actuelles.

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