Assimilation ou intégration : l’erreur de Macron

Publié par le 6 Fév, 2021 dans Blog | 2 commentaires

Assimilation ou intégration : l’erreur de Macron

Une des plus graves erreurs de la gauche fut de renoncer à l’assimilation. Pire, de diaboliser l’idée même d’assimilation.

Le modèle français d’assimilation a parfaitement fonctionné pendant des décennies avec l’immigration européenne qui permit aux Polonais, aux Italiens, aux Espagnols et aux Portugais de se fondre dans la population française.

Le fameux « droit à la différence », seul argument de la gauche pour rejeter l’assimilation n’est pas du tout incompatible avec cette dernière.

Par exemple, la communauté portugaise parfaitement assimilée et qui, sans conteste, a bien constitué une « chance pour la France » a su conserver – mais en privé – son identité propre, et sa vie associative.

J’ai bien peur que pour l’immigration musulmane, la substitution de l’intégration à l’assimilation n’aboutisse qu’au pur communautarisme.

Voici, en complément du précédent témoignage de Claire Koç, un article paru dans le Club de Valeurs actuelles sous la plume de Vincent Coussedière :

Assimilation ou intégration : l’erreur d’Emmanuel Macron

Dans un entretien donné à l’Express fin décembre dernier, le président de la République aborde la question de l’immigration selon l’angle de l’“intégration”. Une vieille lune qui résume quarante ans de bonne conscience “républicaine” en matière de politique des étrangers.

Ce qui frappe dans l’entretien accordé par Emmanuel Macron à l’Express est que, malgré toute la bonne volonté “républicaine” dont le président cherche à faire preuve, il ne peut rassurer ceux qui réfléchissent aujourd’hui aux erreurs de quarante années de politique, ou plutôt de “non-politique” de l’immigration. En revendiquant le concept d’“intégration” contre celui d’“assimilation”, Macron ne fait que mettre ses pas dans ceux d’un “républicanisme” qui n’a pas empêché l’impasse actuelle en matière d’immigration, et qui se distingue fort mal d’une forme de “multiculturalisme modéré”. Voilà en effet ce que déclare notre président à l’Express : « Je crois à une politique de reconnaissance. Dans notre code civil figure encore cette notion problématique d’assimilation. Elle ne correspond plus à ce que nous voulons faire. Nous devons miser sur l’intégration […] . »

Assimilation, une politique abandonnée avant Macron

En réalité, il n’y a aucune originalité dans cette condamnation de l’assimilation au bénéfice de l’intégration, au contraire, cette critique de l’assimilation réputée négatrice de l’altérité de l’étranger est devenue un véritable poncif. Voici ce que déclarait Nicolas Sarkozy, également dans l’Express, en 2004 : « Je suis pour l’intégration, que je préfère à l’assimilation. L’assimilation c’est dire : “Je te digère. ” L’intégration, c’est accepter l’autre tel qu’il est. » De même, Chevènement dans la revue le Débat en 2015 : « Le mot “assimilation” semble signifier une réduction à l’identique […] . Finalement, le mot le moins mal approprié est celui d’“intégration”, car il accepte les différences mais dans le cadre républicain. »

« Il recycle de vieilles idées en les présentant comme neuves »

On nous a vanté le fait que Macron avait beaucoup réfléchi sur la question de l’immigration et que cet entretien marquait un tournant. En vérité, il recycle de vieilles idées en les présentant comme neuves, le nouveau monde étant simplement un nouvel emballage publicitaire pour les stratégies de l’ancien. En effet, l’assimilation, si elle n’a pas encore été congédiée du code civil, l’a été depuis longtemps de nos politiques publiques et de notre pensée politique, et l’on peut dater des années 1980 le remplacement de l’objectif de l’assimilation par celui de l’intégration, que Macron nous présente aujourd’hui comme une nouveauté.

L’affaire des foulards de Creil : début de la défiance envers l’assimilation

Il faut se souvenir que c’est à la suite de l’affaire des foulards de Creil qu’un Haut Conseil à l’intégration a été mis en place par Michel Rocard. Le premier président de ce Haut Conseil, Marceau Long, avait déjà signifié dans le rapport qu’il avait rendu à Jacques Chirac en 1988, “Être Français aujourd’hui et demain”, sa défiance pour le terme d’assimilation : « L’expression est regrettable, puisqu’elle semble impliquer que les étrangers perdent leurs caractéristiques d’origine pour devenir seulement des Français. » On appréciera le “seulement” qui trahit la haute considération que se faisait Marceau Long de l’acquisition de la qualité de Français ! Voici par ailleurs comment le premier rapport du Haut Conseil définit l’intégration : « Un processus spécifique [par lequel] il s’agit de susciter la participation active à la société nationale d’éléments variés et différents, tout en acceptant la subsistance de spécificités culturelles, sociales et morales et en tenant pour vrai que l’ensemble s’enrichit de cette variété, de cette complexité. »

« Macron résume ainsi quarante ans de bonne conscience républicaine »

Macron répète ce mantra de l’intégration “républicaine” lorsqu’il déclare dans l’entretien à l’Express : « Nous devons pouvoir être pleinement français et cultiver une autre appartenance. C’est un enrichissement et pas une soustraction. Et c’est aussi ce qui permettra à chaque Français, quelle que soit son origine, d’aimer la France, de voir la part qu’il peut y prendre et par sa différence ce qu’il peut lui apporter. »

Macron résume ainsi quarante ans de bonne conscience “républicaine” en matière de politique des étrangers. L’intégration permettrait d’articuler l’unité de la République avec la diversité des identités et appartenances individuelles. L’intégration est une forme de “et en même temps” avant la lettre : l’étranger se plie aux lois et aux valeurs de la République et en même temps conserve ses mœurs, la richesse de son identité et de son appartenance, lesquels ne peuvent qu’“enrichir” la République.

Pas de politique efficace sur l’immigration «  tant que le dossier de l’assimilation ne sera pas rouvert »

Il n’est jamais envisagé que ces mœurs et cette “appartenance” soient contradictoires avec les mœurs nationales et rendent problématique l’adhésion aux lois, car cela exigerait que l’étranger les abandonne, exigence qu’assumait l’assimilation, exigence devant laquelle recule l’intégration. Il n’est pas envisagé non plus que ce soit la République qui puisse enrichir l’étranger et non forcément l’inverse… Il n’y aura pourtant pas de refondation d’une véritable politique en matière d’immigration tant que le dossier de l’assimilation ne sera pas rouvert, et celle-ci relégitimée de manière fondamentale. Pour le faire, il faudra être capable de lever définitivement le tabou antiraciste qui pèse sur elle, et de déconstruire l’idéologie qui présente le respect de l’identité de l’étranger comme prioritaire et l’assimilation comme un crime contre cette identité.

Il faudra sortir du leurre de l’intégration et méditer cette parole d’un de nos plus grands historiens, Fernand Braudel : « Assimilation possible, acceptée, c’est bien je crois le critère des critères pour une immigration sans douleur. »

Vincent Coussedière pour Le Club de Valeurs actuelles.

* Vincent Coussedière est philosophe. Il publie le 10 mars “Éloge de l’assimilation” (Éditions du Rocher).

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2 Réponses à “Assimilation ou intégration : l’erreur de Macron”

  1. Je suis femme (XX) d’origine genre (non genrée) macédoine (pas le pays, la salade, hihihihi) , ma famille issue tant du nord que du sud, sans avoir dépassé le parallèle du rivage sud de la méditerranée, cependant, semble t-il.

    Mon expliucation bien réfléchie est simple non???
    Parce que j’ai tenté de faire « progressiste »..

    Bref.
    Dans ma famille donc, nous avons toujours et de tout temps, suivi le principe : « fais à Rome comme les romains ».

    Et jamais au grand jamais nous nous en sommes sentis humiliés, bien au contraire, même si j’avoue que les français « modernes » ne me donnent plus envie de m’assimiler à eux, tant je les trouve lâches devant les invasions, incapables de défendre leur culture, pourtant l »‘une des plus belles de la Terre, justement grâce à l’assimilation .

    Ceci sans faire d’amalgames, cela va de soi, car j’en connais une multitude dans lesquels je me reconnais.

  2. Macron ment, c’est tout ! Comme la clique de pseudos bien-pensants qui ont la vérité dès leur naissance.

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