Des droits de successions mortels pour les entreprises

Publié par le 11 Fév, 2022 dans Blog | 4 commentaires

Des droits de successions mortels pour les entreprises

La France manque d’entreprises de taille intermédiaire (ETI) à la différence de l’Allemagne et surtout de l’Italie.

Les PME sont souvent trop petites pour pouvoir prospecter à l’étranger. Les ETI y sont plus à l’aise et mieux structurée pour pouvoir s’implanter durablement à l’export.

Plusieurs causes peuvent expliquer cette carence en ETI que présente la France. D’abord le code du travail avec ses effets de seuil – les fameux effectifs de 10 et 50 salariés – qui font hésiter les chefs d’entreprise de développer leur entreprises.

Mais il y a aussi la fiscalité appliquée aux successions qui aboutissent souvent soit à des démantèlements, soit à des ventes à l’étranger après la mort du créateur de l’entreprise.

Guillame Roquette, dans le dernier numéro du Figaro Magazine, illustre ce problème à partir d’un exemple précis, celui de l’entreprise SODEXO :

Un exemple nommé Pierre Bellon

Il avait 92 ans. Pierre Bellon, le fondateur de Sodexo, leader mondial de la restauration collective, vient de mourir. A sa sortie d’HEC, il avait eu une intuition de génie:« Les gens
rentraient de moins en moins chez eux à midi. Pourquoi ne pas leur apporter leur repas sur leur lieu de travail. » Et le voilà qui livre ses premiers plats à des entreprises marseillaises au volant de sa camionnette. Soixante ans plus tard, son groupe sert 100 millions de consommateurs chaque jour dans 56 pays. Il emploie 420 000 personnes.

N’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et à tous ceux qui rêvent de faire rendre gorge aux patrons, c’est d’abord cela le capitalisme. L’histoire de gens qui préfèrent prendre tous les risques plutôt que d’être salariés. Qui travaillent comme des fous, s’endettent souvent au-delà du raisonnable et savent surtout coaliser autour d’eux toutes les énergies dont ils ont besoin : on réussit rare-
ment tout seul. Parmi ces entrepreneurs, quelques-uns, une infime minorité, parviennent à bâtir des fortunes gigantesques. Ce fut le cas de Pierre Bellon. Lui et ses enfants « pesaient » l’année dernière près de 4 milliards d’euros. Et tout le monde devrait s’en réjouir.

Car cet argent n’a été à pris à personne. Signe tangible d’une création de valeur hors du commun, il a contribué au contraire à la prospérité d’un nombre incroyable de gens. Les nostalgiques du collectivisme qui rêvent de capter ces fortunes professionnelles pour les redistribuer ne comprennent pas que ce serait le plus sûr moyen de briser l’ambition des Pierre Bellon de demain. Nous aurions tout à y perdre. Et ceux qui veulent lever les brevets des thérapies contre la Covid-19, même s’ils sont animés des meilleures intentions possibles, font fausse route pour la même raison : plusieurs dizaines de laboratoires, partout dans le monde, ont essayé vainement de mettre au point un vaccin, attirés par des perspectives de gains phénoménales. Sans ces espérances, ils ne retenteront pas leur chance la prochaine fois. Il faudrait alors s’en remettre aux chercheurs d’Etat, au risque de voir les pandémies à venir perdurer de longues années.

Venons-en pour finir à la transmission. Les jaloux et les gauchistes (qui sont parfois les mêmes) ne sont pas les seuls à vouloir toujours alourdir l’impôt sur les successions. En bonne théorie libérale, il est bon qu’un créateur ou un développeur d’entreprise puisse gagner beaucoup d’argent, mais injuste que ses descendants en héritent sans avoir contribué à ce succès économique. Le raisonnement est moralement imparable mais il ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans le monde réel, le désir de léguer à ses enfants ce qu’on a créé a ou reçu est un des moteurs les plus puissants qui soient. La preuve, c’est que quand la fiscalité sur les successions est trop lourde, les entrepreneurs détellent ou partent se réfugier sous des cieux plus cléments.

Et, là encore, tout le monde y perd, sauf évidemment les paradis fiscaux.

Guillaume Roquette pour Le Figaro Magazine.

Merci de tweeter cet article :





4 Réponses à “Des droits de successions mortels pour les entreprises”

  1. La question fut posée au cours des années 80 lorsque la génération d’après guerre arriva à la retraite. Rien ne fut fait. Les droits de succession et l’invention de l’ISF conduisirent beaucoup de petites ou moyennes entreprises à se vendre dans des mains étrangères ou à fermer. La force de l’Allemagne est dans ses ETI qui sont la plupart du temps des affaires familiales, qui sont largement exonérées de droits de succession et qui peuvent ainsi faire de la RD avec les montants économisés.

  2. E Zemmour prend en compte ce probleme, dans son programme, il propose
    justement d’éliminer le droit de succession a ces entreprises familiale,
    mais a d’autre entreprise je ne sais pas.

    Pour vous renseigner:

    La chaine officielle de Zemmour
    https://www.youtube.com/channel/UCjTbZBXEw-gplUAnMXLYHpg

  3. Guiillaume P. dit:

    La France est 1ere mondiale au « tax misery index » et une étude PWC avance que les PME françaises ont 64.7% de charges totales.
    Votre pays crève tout simplement du socialisme. Étatisme, bureaucratie soviétoïde, fiscalité, dépenses, mafia d’état.
    .
    Je ne lis plus le figaro depuis des années, je suis content de voir qu’il reste quelques gens de droite là-bas, mais la vraie droite qui a des solutions c’est maintenant Zemmour.

Répondre à Guiillaume P. Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *