Faut-il réhabiliter McCarthy ?

Publié par le 14 Oct, 2020 dans Blog | 0 commentaire

Faut-il réhabiliter McCarthy ?

« Le terme de maccarthysme est devenu synonyme d’activités gouvernementales visant à réduire l’expression d’opinions politiques ou sociales gauchisantes, en limitant les droits civils au nom de la sécurité nationale, et en visant à éliminer toute opposition politique de gauche. »

C’est Wikipedia qui nous présente, d’une façon totalement à charge, le maccarthysme qui poursuit :

« Pendant la période  1950-1954, appelée « Peur rouge » (Red Scare), tous ceux qui étaient soupçonnés de sympathies communistes devinrent l’objet d’enquêtes, collectivement nommées la « Chasse aux Sorcières ». Des personnalités des médias, du cinéma, du monde politique et de l’armée furent accusées d’être des espions à la solde des Soviétiques. Les homosexuels furent aussi des victimes du maccarthysme. »

Pas un mot sur le contexte de l’époque, un contexte de guerre froide et d’espionnage intense mené par l’Union soviétique.

C’est ce qu’a voulu réparer Valeurs actuelles dans un Hors-série : les dossiers noirs du communisme, dans lequel il consacre un chapitre dédié au maccarthysme.

J’ajouterais que quand on a connu en France dans les années 50-60 la collusion étroite entre le Parti communiste, la CGT et Moscou, on comprend mieux les craintes que pouvaient nourrir les Américains pour ce Parti communiste qui commençait à s’implanter dans leur pays.

Au contraire, chez nous, la gauche française pourfendait le maccarthysme et n’avait que complaisance pour un régime communiste aussi dictatorial que celui de Fidel Castro et fermait les yeux sur les atrocités commises de l’autre côté du rideau de fer.

La « croisade » de McCarthy

McCarthy (à gauche) préparant une de ses auditions en compagnie avec assistant, Robert Kennedy (à droite)

Adulé par une large partie de la population, ce sénateur américain entreprit de lutter contre « l’infiltration communiste ». Des historiens rendent aujourd’hui hommage à son action. Loin, très loin, de son image tant décriée …

« Je tiens là une liste de 205 personnes dont le secrétaire d’État sait qu’ils sont affiliés au parti communiste et qui sont néanmoins en poste et façonnent la politique du Département d’État ! » 9 février 1950, Wheeling (Virginie-Occidentale) : invité par le club des femmes républicaines de la ville, c’est ce jour-là que le sénateur Joseph McCarthy (1908-1957) s’exprimera pour la première fois publiquement sur ce qui allait devenir sa célèbre « croisade« : la dénonciation de « l’infiltration communiste ». Qui lui vaudra – fait aujourd’hui oublié – une extraordinaire popularité …

Nul plus que ce natif d’une famille de fermiers catholiques du Wisconsin, engagé comme simple soldat pendant la guerre, élu représentant de son État en 1947, nommé cinq ans plus tard à la tête du « sous-comité sénatorial d’enquête permanent » créé spécialement pour lui, n’aura été victime, depuis cette période, de plus de campagnes de dénigrement. Particulièrement sévère, la postérité a fait du « maccarthysme » et de sa « chasse aux sorcières » l’équivalent, ou presque, du fascisme. Tout faux.

Retour en arrière. Au bord d’une nouvelle déflagration, le globe vit en pleine guerre froide. De toutes parts le communisme afflue et menace. Armés par Moscou, les mouvements révolutionnaires « anticolonialistes » pullulent. L’espionnage bat son plein. Au sommet de sa puissance, l’URSS de Staline écrase chaque jour un peu plus ses pays satellites d’Europe. En 1948, bien que forcé par les Américains, le blocus de Berlin scelle pour quarante ans la partition de l’Allemagne en deux. En 1949, Mao s’empare du pouvoir en Chine. En 1950, la Corée du Nord rouge attaque celle du Sud, alliée des ÉtatsUnis : près de 500 000 soldats américains mobilisés … Le bras de fer planétaire est déclenché. Le monde libre ploie. L’Amérique a peur.

Face à cette montée des périls, une défiance profonde s’instaure entre le peuple et une partie de ses élites, gagnées par le « progressisme » et le pacifisme. Populiste avant l’heure (lire complément ci-dessous), McCarthy, longtemps secondé par Robert Kennedy, le frère de John, va devenir « le gardien de la vraie Amérique », comme il se décrit alors. De sa nomination en 1952 à la tête de sa commission sénatoriale, jusqu’à son départ, en 1954, son action – ponctuée d’interrogatoires ultramédiatisés – va principalement consister à tenter de démontrer la « déloyauté » vis-à-vis de leur pays d’intellectuels, d’artistes, d’hommes politiques et même de militaires – dont le général Marshall, protégé d’Eisenhower. « Aucun intouchable ! », proclame-t-il.

Cet incroyable épisode, qui prendra le nom de Red Scare (peur des Rouges), connaîtra l’un de ses points d’orgue avec les auditions de Charlie Chaplin (Charlot), de nationalité britannique, poursuivi par le FBI pour ses liens avec des diplomates soviétiques et des intellectuels procommunistes (dont l’Allemand Bertolt Brecht, réfugié aux États-Unis de 1941 à 1947). Son visa révoqué en 1952, il ira s’installer en Europe. Un « bannissement » salué par l’un des plus fervents soutiens de McCarthy : John Wayne, alors président de l’Alliance du cinéma pour la préservation des idéaux américains.

Autre célèbre « victime » de McCarthy, Robert Oppenheimer, l’un des pères de la bombe atomique américaine, qui sera démis en 1954 de son poste de directeur scientifique du Projet Manhattan pour ses « liens avec le parti communiste » présentant « un danger réel pour la sécurité nationale ». Au total, 159 personnes, dont de nombreux anonymes, seront interrogées. Moins de la moitié seront sanctionnées. Aucun par des peines de prison. Loin, très loin, des purges sanglantes alors en vigueur en URSS et applaudies par les communistes du monde entier

Après s’être plongé dans les archives déclassifiées du KGB, et à l’instar d’autres spécialistes (l’historien Arthur Herman, le journaliste Medford Stanton Evans … ), l’historien américain John Earl Haynes a publié en 2007 un rapport confirmant que « la majorité » de ces 159 personnes « pouvaient être considérées comme menaçantes pour la sécurité de l’État américain ». Dont au moins « 9 avaient apporté leur aide à l’espionnage soviétique » …

Jérôme Besnard pour Valeurs actuelles.

Merci de tweeter cet article :





Laissez une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *