François-Xavier Bellamy trop tendre pour la politique ?

Publié par le 28 Fév, 2019 dans Blog | 0 commentaire

François-Xavier Bellamy trop tendre pour la politique ?

Certes, il secoue un peu la politique mais n’est-il pas un peu tendre pour être jeté dans le marigot des politiques où nagent, en eaux troubles, de dangereux crocodiles ?

Il est peu d’exemples concluants de réussite d’une personnalité du monde civile s’aventurant en politique ! La dernière expérience du politologue Dominique Reynier est là, pour nous le rappeler.

On peut d’ailleurs s’en désoler car cela montre qu’en France la politique tourne en circuit fermé et rejette tout nouvel arrivant qui pourrait apporter du sang neuf et des méthodes nouvelles.

Emmanuel Macron est peut-être un contre-exemple mais la façon dont tourne son quinquennat laisse de sérieux doute.

La Lettre patriote publie un article dans laquelle elle se désole des déclarations de Xavier Bellamy et qui pour elle équivalent à un suicide :

François-Xavier Bellamy suicide sa campagne …

En choisissant François-Xavier Bellamy comme tête de liste LR aux élections européennes, Laurent Wauquiez était sûr d’avoir fait le bon choix. Bellamy, c’était l’assurance d’une “troisième voie”. Bellamy ne lui ferait pas un coup à la Juppé : il ne passerait pas à gauche ni même au centre. Bellamy, ça sentait bon Versailles et la droite RPR. Avec le jeune professeur de philosophie élu municipal, on récupérait une sorte de Marine Le Pen polie et cultivée, une manière de Philippe de Villiers citadin, un homme à la Séguin, mais de droite monarchiste. C’était tout bénéf’ : les grenouilles de bénitier allaient forcément se pâmer devant le bel homme enfin de droite, enfin catho, enfin pas européiste ni capitaliste.

Et puis, Badaboum !

Lors d’une rencontre avec les journalistes de l’association Europresse, on a demandé au jeune homme d’indiquer ses choix. Florilège :

Ce qui est certain, c’est qu’entre la vision d’Emmanuel Macron et la vision de Marine Le Pen, je serais clairement plutôt du côté d’Emmanuel Macron.

Aïe.

Pressé de dire ce qu’il pensait d’une Europe fédérale avec transfert de souveraineté, Bellamy répond :

Aujourd’hui, ce ne serait pas souhaitable. Mais si demain on a réussi à faire progresser la conscience européenne, la conscience d’une communauté culturelle européenne, eh bien ça pourrait devenir souhaitable.

Re-aïe !

Sur le contrôle des migrations, il s’agit d’aller plus loin dans la coopération, pas de sortir de Schengen comme le voulait la droite en 2012.

Ca commence à piquer les yeux, pour un candidat qu’on vendait “troisième voie”, non?

Enfin, dernier clou dans le cercueil des espoirs LR aux élections européennes, Bellamy explique en une phrase conclusive sa vision de l’Europe :

Je suis plutôt Juncker qu’Orban

Voilà, c’est fini. En un instant, en un entretien, en une confession, l’illusion que caressaient certains chroniqueurs, l’espoir des rédactrices versaillaises de Famille Chrétienne, tout ça est parti en poussière. Il ne reste qu’une diffuse odeur de soufre. Et un joli garçon. La politique française va-t-elle désormais se réduire à de faux combats entre beaux garçons ? A vomir.

Marc Sergent pour la Lettre patriote.

Effectivement, il y a beaucoup de naïveté dans ces propos. Même si on peut être d’accord sur le fond avec ceux-ci, il n’en reste pas moins que dans une campagne électorale si on dit la pure vérité … On est mort !

Dernière minute : François-Xavier Bellamy a publié un communiqué pour dénoncer la déformation de ses propos devant des journalistes. La Lettre patriote semble avoir repris des propos tronqués …

Je découvre ce soir, avec étonnement, une dépêche relatant en quelques lignes les échanges que j’ai eus hier avec des journalistes, et qui va manifestement contre le sens de mon propos.

– A l’occasion de cette rencontre, j’ai redit, comme je l’explique sans discontinuer depuis des semaines, qu’il ne peut y avoir une souveraineté européenne puisqu’il n’y a pas de peuple européen, et j’ai rappelé combien ce point me distinguait radicalement de la vision évoquée par Emmanuel Macron dans plusieurs de ses discours, qui décrivaient un projet clair de dépassement des nations. J’ai indiqué qu’à mon sens il ne pourrait y avoir de démocratie européenne que s’il y avait un peuple européen, et qu’aucune décision politique ne pouvait faire exister un peuple unique au mépris de la lente maturation de l’histoire, des cultures et des langues qui font la belle richesse de l’Europe dans la diversité des peuples qui partagent en elle une civilisation commune. Je ne comprends pas qu’on puisse tirer de ce raisonnement très clair une conclusion inverse à celle que je ne cesse de défendre depuis plusieurs semaines.

– Sur Viktor Orban, j’ai expliqué le sens de la présence du Fidesz au sein du PPE, et j’ai expliqué pourquoi, comme Arnaud Danjean, je n’aurais pas voté en faveur d’une procédure contre la Hongrie. Cela ne signifie pas que nous soyons d’accord en tous points avec les politiques menées par le gouvernement hongrois, et j’ai indiqué en particulier que je trouve indignes du débat public les attaques ad hominem que Viktor Orban a mises en scène contre Jean-Claude Juncker ces derniers jours, et qu’à ce titre je me sentais solidaire de ce dernier.

– Le troisième point est le plus significatif : tout le sens de mon engagement dans cette campagne, c’est d’empêcher le débat politique de sombrer dans un affrontement stérile entre « populistes » et « progressistes » – entre l’impuissance des colères et l’inconscience du déni, qui s’alimentent réciproquement. Je ne crois pas que l’avenir de la France sera plus libre et plus prospère en détruisant l’alliance des démocraties européennes, c’est vrai : et de ce fait, je ne me reconnais pas dans la critique systématique incarnée par Marine Le Pen ou Nicolas Dupont-Aignan. Pour autant, croire que l’Europe est nécessaire ne nous oblige pas à poursuivre le projet d’Emmanuel Macron, celui d’une fuite en avant fédéraliste, que personne d’ailleurs ne partage parmi les autres pays de l’Union. Il a proposé à Athènes et à la Sorbonne une vision très explicite, et elle permettra s’il la défend aujourd’hui de susciter un vrai débat ; car cette vision n’est absolument pas celle en laquelle je crois pour l’avenir de notre pays, et de l’Union Européenne. Je ne crois pas, je ne veux pas que l’avenir de l’Europe passe par une dépossession de la souveraineté des démocraties qui la composent – et, comme je n’ai cessé de le dire ces dernières années et de le répéter encore clairement au cours de ce déjeuner, c’est pour cette raison que je ne crois pas en une armée européenne, en un budget de la zone euro, ou dans des élections sur des listes transnationales par exemple…

Tous mes écrits, mes propos, mes choix, confirmeront la constance de cette conviction. Notre ligne est claire : nous voulons agir pour sauver le projet européen de la défiance qu’il suscite, en le remettant de façon pragmatique et efficace au service des peuples européens, au service des citoyens français. C’est ce que nous avons défendu ces derniers jours sur les questions d’agriculture – ce que nous continuerons de proposer face au défi migratoire, à la guerre économique, à la crise écologique… Sur tous ces sujets, nous avons besoin de repenser l’Europe pour nous permettre de maîtriser notre destin, et non de le subir. Tout au long des prochaines semaines, nous continuerons de faire des propositions concrètes et précises en ce sens. Elles iront peut-être au-delà du jeu installé entre « populistes » et « progressistes » ; mais notre avenir mérite bien qu’on ne se contente pas d’idéologies simplistes. Il nous faut une alternative, claire, pragmatique, sérieuse, et authentiquement démocratique. Nous allons la défendre ensemble.

François-Xavier Bellamy

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