Immigration, et si on laissait les Français s’exprimer …

Publié par le 30 Avr, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Immigration, et si on laissait les Français s’exprimer …

Et si on consultait les électeurs pour décider
de la politique migratoire de la France ?

L’idée d’un référendum fait son chemin à droite. Mieux, selon le sondage Ifop que nous publions, 76 % d’entre eux y sont favorables.

Mais un référendum sur le sujet est-il possible ?

C’est l’objet d’un article paru dans Valeurs actuelles dont voici des extraits :

Une loi Asile et immigration qui ne règle rien

Emmanuel Macron, le chef d’État lui-même, recommande de lire Stephen Smith, qui affirme dans son dernier ouvrage (la Ruée vers l’Europe, Grasset) que notre vieux continent « va s’africaniser. » Son ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, évoque de son côté « des régions qui sont en train de se déconstruire parce qu’elles sont submergées par le flux des demandeurs d’asile »· Rarement, dans les mots, le pouvoir n’aura semblé saisir, avec plus de justesse et d’acuité, l’ampleur du phénomène et la tragédie qui nous menace, donnant raison aux plus pessimistes de nos Cassandre et aux prophètes du « grand remplacement. » La démographie africaine ? Écoutons encore ce que nous dit Emmanuel Macron. C’est « une véritable bombe » diagnostique le président. « Il faut bien le dire » ajoute-t-il, comme si cette réalité avait été longtemps minorée, sinon cachée ou tue par nos dirigeants.

Pourtant, dimanche soir, après que l’Assemblée nationale a voté en première lecture la loi asile et immigration défense due par le gouvernement, le sentiment était grand, parmi ceux avaient participé au débat parlementaire que, loin de répondre aux urgences de notre temps, la majorité présidentielle était passée à côté de son sujet. […]

Au mieux, à entendre les dirigeants de la droite, c’est un texte qui ne sert à rien, parce qu’il « ne comporte aucune mesure sérieuse qui permette de réguler l’explosion de l’immigration », condamne Laurent Wauquiez, le président des Républicains. Le plus souvent, comme nous le confie Christian Jacob, le président du groupe parlementaire LR à l’Assemblée nationale, « c’est du Hollande en pire ». […]

Prenant tout le monde de court, Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la France, a, le premier, avancé l’idée d’un référendum d’initiative partagée sur l’immigration, avant que Laurent Wauquiez ne reprenne à son compte cette proposition. Comment imaginer que, sur un sujet aussi important sinon vital pour le devenir du pays, les Français ne puissent s’exprimer, alors que ces questions migratoires trustent notre actualité ? « C’est aux Français de décider qui entre en France et pas aux passeurs. Les Français ont le droit de choisir et de s’exprimer sur les questions d’immigration », avance Laurent Wauquiez, sans crainte d’être démenti par l’opinion.

Alors pourquoi pas un référendum sur l’immigration ?

Comme le montre le sondage Ifop que nous publions en exclusivité cette semaine, 76 % des Français souhaitent être consultés par référendum pour donner leur avis sur la politique migratoire de la France: 83 % des sympathisants LR et 88 % des sympathisants du Front national sont favorables à cette mesure. Il n’est pas jusqu’aux soutiens de Jean-Luc Mélenchon, soucieux de plus de démocratie participative, qui ne demandent massivement son organisation: 93 % des sympathisants de La France insoumise sont favorables à un référendum sur la politique migratoire de la France. Seuls les sympathisants du PS (68 %) et ceux de La République en marche (61 %) manifestent moins d’enthousiasme, encore qu’une grande majorité d’entre eux ne se montrent pas opposés à ce référendum. Un plébiscite !

Sondage Ifop, décembre 2017 et avril 2018.

Les Français rêvent de s’exprimer sur la politique migratoire que devrait conduire le gouvernement. Le pouvoir en place est, lui, beaucoup moins enthousiaste. D’autant plus qu’à lire les enquêtes d’opinion qui se succèdent sur le sujet, les Français se montrent souvent radicalement opposés aux mesures défendues par leurs dirigeants. Dans la dernière enquête de l’Ifop pour l’Express parue en décembre 2017 :

  • 64 % des Français jugent que le rythme de l’immigration en France s’effectue à un rythme trop élevé;
  • 56% d’entre eux sont opposés à l’obtention automatique de la nationalité française pour les enfants nés en France de parents étrangers;
  • 57% d’entre eux sont favorables à la suppression du regroupement familial.

Comment ne pas mesurer l’immense décalage entre les aspirations des Français et les politiques menés par nos dirigeants ? Aussi n’est-il pas étonnant que le chef de l’État se soit gardé de réagir à l’annonce de Nicolas Dupont-Aignan et de Laurent Wauquiez d’en appeler à l’organisation d’un référendum d’initiative partagée. Emmanuel Macron a plus à craindre d’un tel référendum que d’une éventuelle union fantasmée des droites […]

Voulue par Nicolas Sarkozy, qui pendant sa campagne présidentielle de 2007 avait promis d’instaurer un référendum d’initiative populaire sur le modèle de la votation suisse, la mesure ne sera pas retenue par le gouvernement Fillon dans le projet de loi de modernisation des institutions. Cette proposition sera réintroduite à la faveur d’amendements parlementaires. Au passage, le référendum d’initiative populaire aura été vidé de sa substance et transformé en un référendum d’initiative partagée.

Mais un référendum est-il possible ?

Dans les faits, l’initiative n’est plus citoyenne, il s’agit maintenant d’une course d’obstacles à trois haies à franchir :

  1. Un cinquième des parlementaires doit porter l’initiative de ce référendum, soit 185 d’entre eux (Assemblée nationale et Sénat, réunis).
  2. Le Conseil constitutionnel doit ensuite valider le principe de ce référendum.
  3. Cette institution est alors chargée de la collecte des pétitions d’électeurs dont le nombre doit atteindre au moins 10 % du corps électoral, soit 4,6 millions d’électeurs, collectées en moins de neuf mois.

Un parcours du combattant. « C’est de l’ordre du possible », avance prudemment Christian Jacob, qui confesse avoir été pris de court par la proposition de Laurent Wauquiez.

Un quorum que LR (qui disposent d’un groupe de 102 députés à l’Assemblée nationale et de 145 au Sénat) pourraient atteindre sans même le concours du Front national et de Debout la France … Encore n’est-ce qu’une étape !

Reste désormais à savoir si l’opposition, au-delà des effets d’affichage, veut aller jusqu’au bout de cette démarche.

Raphaël Stainville pour Valeurs actuelles.

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