« Je veux bien être reconstruit mais pas déconstruit »

Publié par le 10 Fév, 2023 dans Blog | 4 commentaires

« Je veux bien être reconstruit mais pas déconstruit »

Construire est une notion positive si l’on en croit la définition :

Assembler à partir d’un plan les diverses parties d’un ouvrage d’architecture,

– Réaliser quelque chose, en assembler les diverses parties .

Déconstruire est donc une action purement négative qui défait ce qui a été fait après une réflexion humaine.

Il est très significatif que les néoféministes projettent de « déconstruire les hommes ! »

On aurait peut-être pu les soutenir si elles avaient parlé de « reconstruire les hommes » qui sous-entendrait de les améliorer sans les détruire complètement au préalable.

A propos de reconstruction, Eugénie Bastié vient de publier un texte dans Le Figaro à propos du dernier clip de la Sécurité routière qui parle plus de reconstruire les hommes que de les inciter à la prudence sur la route.

Voici ce remarquable texte :

« Tu seras un homme déconstruit, mon fils. »

C’est un clip de communication de la Sécurité routière d’une minute qui semble à première vue assez anodin.

Eugénie Bastié, une des plus brillantes journalistes de sa génération

Un homme avec une boucle d’oreille et un tatouage dans le cou (qu’on suppose être le prototype mâle déconstruit dans la tête du ministère de l’Intérieur) prend dans ses bras son fils qui vient de naître. Il dit sa joie d’être père et adresse à sa progéniture une tirade lyrique, « écris l’homme que tu veux être ».

Toutes les possibilités semblent ouvertes  au nourrisson, mais un profil type est tout de même suggéré : « Un homme qui pleure, un homme qui sait avoir du coeur. Peins-toi les ongles, dessine-toi le corps, mon fils. » Là, on s’arrête, un peu interloqués : mais quel rapport peut-il donc exister entre le vernis à ongles et la Sécurité routière ? Cette phrase finale, affichée à l’écran, vient nous éclairer : « Sur la route, huit mots sur dix sont des hommes ».

Abreuvés des présupposés de la théorie du genre, les communicants pensent qu’entre les stéréotypes de la masculinité et la conduite dangereuse il y a un continuum à déconstruire. Ils confondent corrélation et causalité. Plus d’hommes ont des accidents de voiture, donc il faut déconstruire l’homme pour qu’il y ait moins d’accidents.

On s’interroge : certains amalgames seraient-ils plus autorisés que d’autres ? Si la surreprésentation des hommes dans les accidents mortels (84 %) intime aux
pouvoirs publics de devoir rééduquer la mentalité masculine, on se demande
quelle conclusion il conviendrait de tirer de la surreprésentation des étrangers
dans les prisons françaises.

Ces stéréotypes contribuent à perpétuer l’idée que l’homme, contrairement à la femme, aurait une forme d’aptitude naturelle pour la conduite, aboutissant ironiquement à transformer vitesse excessive, dépassement dangereux ou certitude de « tenir l’alcool » en signes d’une compétence toute masculine,

nous dit le communiqué de la Sécurité routière, à deux doigts de nous donner un cours sur « pétro-masculinité », ce continuum systémique qui relierait les énergies fossiles au patriarcat blanc.

Est-ce vraiment un « stéréotype » imposé par la société ou bien une tendance intrinsèque de l’homme ? De James Dean à Roger Nimier (« Un hussard, c’est un homme avec une voiture »), en passant par l’amour immodéré des petits garçons pour les camions), il y a en effet un lien indiscutable entre la virilité et ce qui roule (et comporte une dose de risque).

L’éducation à la maitrise des pulsions est au cœur de la civilisation. La maturité
exige de dépasser le stade « vroum-vroum ». Mais la virilité n’a pas attendu les néoféministes pour être questionnée et civilisée. Prenons par exemple le magnifique poème de Kipling, qui célèbre non pas une virilité caricaturale et brutale, mais un mélange de force et de douceur :

Tu seras un homme, mon fils (…) Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre / Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, / Pourtant lutter et te défendre.

Programme autrement plus ambitieux et profond que « Tu seras un homme
déconstruit, mon fils » !

Les accidents de la route ont connu un pic dans les années 1970 (16 545 morts en 11972). Nous sommes passés sous la barre des 3 000 depuis 2020. Ce sont toujours des drames qu’il faut chercher à éviter, mais croit-on vraiment que c’est en transformant les hommes en femmes (car c’est bien l’idée qui sous-tend ce clip) qu’on y parviendra ?

Plus largement, ce clip de la Sécurité routière traduit une évolution du rôle que se donne l’État dans la société. La spirale interventionniste, hygiéniste, sécuritaire de notre gouvernement – par ailleurs impuissant à assurer la souveraineté des frontières et de l’énergie – ne cesse de croitre. Il a ajouté un nouveau volet à ses mécanismes d’ingénierie sociale : la déconstruction des mentalités.

Nous sommes passés de l’Etat nounou à l’État woke. De l’État qui protège à l’État qui déconstruit. Du « fais pas ci, fais pas ça » au « ne sois pas ci, ne sois pas ça ». Le « doux despotisme absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux » que décrivait Tocqueville dans De la démocratie en Amérique s’attelle désormais à l’intimité la plus profonde, le rapport d’un père à son fils.

Tocqueville toujours : « Il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages. »

Désormais, il partage leurs tâches ménagères et conseille leurs achats de jouets.

« Arrêtez d’emmerder les Français ! », disait Pompidou, qui aimait notoirement les belles voitures et la vitesse. Il faudrait actualiser son cri :

Arrêtez d’emmerder les hommes !

Eugénie Bastié pour Le Figaro.

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4 Réponses à “« Je veux bien être reconstruit mais pas déconstruit »”

  1. Encore de la propagande qui se saisit de toutes les situations pour les transformer en stupiditée, tout en s’eloignant de la realité qu’elle trafique.

    C’est macron qui a eu cette idée ?

    Les serpilieres de l’europe, ont des idées particulieres, et surtout debiles.

    Quand a leur conseils et propagande on s’assoit dessus comme d’habitude.

  2. detruire, au nom du bien en apparence.

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