La Chine, grande gagnante de cette pandémie ? (2/2)

Publié par le 1 Avr, 2020 dans Blog | 0 commentaire

La Chine, grande gagnante de cette pandémie ? (2/2)

Voici la seconde partie de mon article du Gatestone Institute :

La Chine, grande gagnante de cette pandémie ? (1/2)

Partie 2 :

Chine, quels dangers pour l’avenir ?

La Chine a également réussi à convaincre une grande partie de l’Occident qu’elle n’est pas son ennemi. L’objectif de Pékin semble être de satelliser l’Occident – et le reste du monde – autour de son économie et de son idéologie aussi bien sur. La Chine a ouvert des marchés à l’Occident tout en passant avec son propre peuple un pari faustien : renoncez à vos idées et à vos principes et vous en serez récompensé par l’amélioration de vos conditions de vie et la sécurité sociale. Sur la durée, la Chine est devenue un géant industriel et technologique, un exploit dont l’Union soviétique pouvait à peine rêver.

Prenons l’exemple des seuls produits pharmaceutiques. Selon Yanzhong Huang, chercheur spécialisé sur la santé au Council on Foreign Relations, les États-Unis dépendent de la Chine pour plus de 90% de leur consommation d’antibiotiques, de vitamine C et d’ibuprofène. Soixante-dix pour cent de l’acétaminophène et 40-45% de l’héparine consommées aux Etats Unis viennent de Chine. Les États-Unis n’ont jamais dépendu de l’Union soviétique pour ce type de produits.

Dans un article publié par Xinhua, agence de presse officielle du Parti communiste chinois, Pékin a menacé de suspendre les exportations de produits pharmaceutiques, ce qui aurait pour conséquence de plonger les États-Unis « dans la puissante mer des coronavirus ». L’article de Xinhua était en fait intitulé « Soyez généreux : dites un grand merci à la Chine ».

L’animateur de Fox News, Tucker Carlson, a eu raison de bousculer certains représentants de l’élite américaine les accusant d’avoir vendu leur pays aux intérêts économiques chinois.

Les dirigeants chinois espèrent probablement que nul n’osera défier une puissance qui fournit nombre de médicaments vitaux que nous consommons.

L’Italie, pays durement touché par le coronavirus originaire de Chine, est au centre d’une campagne stratégique de propagande chinoise. Pékin a envoyé des médecins et des fournitures médicales en Italie et opère de même dans toute l’Europe. En Italie, les murs s’ornent d’affiches qui clament : « Allez, la Chine ! » [« Forza Cina ! »] La Chine tente d’acheter notre silence et notre complicité. Et malheureusement, elle y réussit. En février, quand certains responsables italiens (de droite) ont exhorté le Premier ministre Giuseppe Conte à mettre en quarantaine les écoliers du nord de l’Italie de retour de vacances en Chine, les plus hauts responsables italiens s’affairaient à plaire à Pékin. Le président italien, Sergio Mattarella, le ministre de la Culture, Dario Franceschini, et le ministre des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, ont organisé un concert à Rome pour célébrer « l’amitié italo-chinoise ». Le président chinois Xi Jinping les en a chaleureusement remerciés.

La Chine n’aide pas par « solidarité ». Le régime chinois se campe aujourd’hui en sauveur du monde, alors qu’au début de la pandémie, uniquement préoccupé de censurer l’information, il ne se souciait même pas de la vie de son propre peuple.

« Derrière ses déclarations de solidarité, la Chine s’apprête à racheter nos entreprises en difficulté et nos infrastructures » affirme Bild, le plus grand journal allemand. L’Italie a été le premier pays du G-7 à signer le programme d’investissement mondial de la Chine, un accord qui a amené les États-Unis à manifester leur inquiétude. La Chine parait prête à poursuivre son expansion dans l’économie et les intérêts stratégiques de l’Italie.

Le Parti communiste chinois est aussi en guerre contre la libre circulation de l’information à l’international. La récente expulsion de journalistes américains a représenté l’atteinte la plus radicale à la liberté de l’information depuis la mort de Mao Zedong. Pékin a également accusé le personnel militaire américain présent à Wuhan d’être à l’origine du développement de la pandémie aux États-Unis. C’est du moins ce que Lijian Zhao, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a ouvertement déclaré sur les réseaux sociaux chinois et Twitter. La crise des coronavirus est désormais un champ de bataille pour la propagande chinoise.

Le paradoxe est que le Global Times, un média du Parti communiste chinois, diffuse sur Twitter une propagande anti-américaine qui est interdite en Chine. Twitter a, quant à lui, interdit le site Internet Zero Hedge, pour avoir publié un article qui établit un lien entre un scientifique chinois et l’éruption de la pandémie de coronavirus. Twitter a aussi curieusement décidé que le Parti communiste chinois ne violait pas les « règles de la communauté » en calomniant les États-Unis sur les réseaux sociaux.

En 2013, une directive secrète du Parti communiste chinois connue sous le nom de Document n°9 a appelé au rejet de sept idées occidentales, telles que la « démocratie constitutionnelle », les « valeurs universelles des droits de l’homme », et quelques autres notions d’inspiration occidentale comme l’indépendance des médias, la participation citoyenne, la théorie « néolibérale » du marché et les critiques « nihilistes » concernant le douteux passé politique du Parti. Les cibles de cette campagne étaient « les ambassades occidentales, les consulats, les entreprises de relations publiques et les organisations non gouvernementales ». Huang Kunming, chef de la propagande du Parti, a attaqué « certains pays occidentaux qui profitent de leurs avantages technologiques et de leurs positions médiatiques dominantes pour colporter de soi-disant « valeurs universelles » ». Le ministre chinois de l’Education, Yuan Guiren, ancien président de l’Ecole Normale de Pékin, a lancé : « Ne laissez jamais des manuels qui font la promotion des valeurs occidentales apparaître dans nos classes ».

Dans des discours et des documents officiels, le président Xi parle d’une lutte entre le « socialisme aux couleurs de la Chine » et les « forces occidentales hostiles à la Chine » avec leurs idées « extrêmement malveillantes » de liberté, de démocratie et de droits de l’homme. L’Occident est bel et bien devenu une cible. Selon une étude récente de l’International Republican Institute :

« Le Parti communiste chinois … emploie dans les domaines économique et de l’information, un ensemble unique de tactiques qui sapent les institutions démocratiques et la prospérité future de nombreux pays en développement au fur et à mesure que leur dépendance à l’égard de la Chine augmente. »

La Chine a compris comment les médias occidentaux pouvaient participer à sa propagande. « Le Vatican et les élites économiques occidentales » a écritMichael Brendan Dougherty, « qui ont joué un rôle déterminant dans la victoire de l’Occident au cours de la guerre froide, ont été ralliés par le Parti communiste chinois ». Le régime chinois a réussi là où le régime soviétique a échoué. En décembre dernier, une fillette de six ans à Londres préparant des cartes de Noël a trouvé un message à l’intérieur : « Nous sommes des étrangers prisonniers à la prison de Shanghai Qingpu en Chine, contraints de travailler contre notre gré », disait la note manuscrite. « Aidez-nous et informez les associations des droits de l’homme ». Le capitalisme occidental est même devenu complice de l’esclavage chinois.

Les marques occidentales ne sont pas seules à craindre « d’ offenser » le Parti communiste. La culture occidentale s’autocensure avec empressement dès qu’il est question de la Chine. « L’Occident est tellement tolérant, passif, accommodant et naïf envers Pékin », a déclaré Liao Yiwu, un écrivain chinois exilé à Berlin.

« Face à la Chine, les Occidentaux ouvrent de grands yeux ; ils sont comme un vieillard face à une jeune fille. Tout le monde tremble devant la toute-puissance chinoise. L’Europe étale sa faiblesse. Elle ne se rend pas compte que l’offensive chinoise menace sa liberté et ses valeurs ».

L’ambassade de Chine en République tchèque finance actuellement un enseignement à l’Université Charles, la plus prestigieuse du pays. Nombre d’universités britanniques dépendent largement des étudiants chinois; des estimations prudentes évaluent leurs frais de scolarité combinés à environ 1,75 milliard de dollars. L’Australie est encore plus dépendante de ses 200 000 étudiants chinois. S’ils retournent en Chine ou si les dons chinois se tarissent, les universités risquent de perdre un revenu de 4 milliards de dollars.

Les 1 500 succursales de l’Institut Confucius que le régime chinois a établi dans 140 pays offrent des programmes linguistiques et « culturels ». Mais Matt Schrader, spécialiste de la Chine à l’Alliance for Securing Democracy, affirme que ces instituts sont des « outils de propagande ». En octobre dernier, la Belgique a expulsé le directeur de l’Institut Confucius de Bruxelles, Xinning Song, après que les services de sécurité l’aient accusé d’espionnage au profit de Pékin.

En 2013, l’Université de Sydney a annulé une conférence du Dalaï Lama, un acte de censure qui ne s’explique que par les liens trop étroits de l’université avec la Chine. Le Tibet, l’indépendance de Taiwan ou le dissident lauréat du prix Nobel de la paix Liu Xiaobo sont des sujets tabous.

Selon un article de Bloomberg, la Chine infiltre également la classe politique européenne en finançant les partis politiques et en invitant des politiciens en Chine. A l’occasion du 200e anniversaire de la naissance de Karl Marx, le président Xi a fait don d’une statue de l’auteur de « Das Kapital » à sa ville natale allemande de Trèves.

Pékin, sans surprise, a utilisé les institutions multilatérales occidentales à son propre avantage. Comme Michael Collins du Council on Foreign Relations l’a expliqué, Pékin a accru sa présence à l’Organisation mondiale de la santé. « Les contributions de la Chine à l’OMS ont augmenté de 52% depuis 2014 pour atteindre environ 86 millions de dollars » indique Collins.

« Cette hausse des contributions de la Chine est logique puisque les cotisations sont basées sur la croissance économique et la population des pays membres. Mais la Chine a progressivement augmenté sa contribution, la faisant passer de 8,7 millions de dollars en 2014 à environ 10,2 millions de dollars en 2019 ».

Comme l’ancienne Union soviétique, la Chine tente de construire un appareil de contrôle géant. Ils appellent cela la « police de l’Internet ». Imaginez l’ancienne police secrète de l’Allemagne de l’Est, la Stasi, utilisant le système de surveillance le plus sophistiqué du monde : vous obtenez la Chine de 2020.

Les dictatures communistes évoluent toujours selon le même scénario. L’écrivain soviétique Boris Pasternak avait été empêché de recevoir le prix Nobel de littérature. En Chine, le critique littéraire, écrivain, poète et militant des droits humains Liu Xiaobo n’a jamais pu se rendre à la cérémonie d’attribution du prix Nobel de la paix : il est mort sous surveillance dans un hôpital chinois. L’Union soviétique avait des camps de travail forcé et la Chineen a aussi. Le dissident chinois Harry Wu, condamné à 19 ans de prison, a comparé le laogai (les camps chinois) au goulag soviétique et aux camps de concentration nazis.

En Union soviétique, les écrivains, les leaders politiques, les généraux et les médecins emprisonnés et exécutés sous Staline ont été « réhabilités » après sa mort. Le Parti communiste chinois vient « de disculper » le Dr Li Wenliang qui a lancé l’alerte le premier contre l’épidémie de coronavirus. Li Wenliang avait été accusé de « répandre des mensonges et de perturber l’ordre public », le pouvoir l’a ensuite obligé à se rétracter, et il a fini par tomber malade et est décédé du coronavirus à l’âge de 33 ans. Les autorités chinoises tentent honteusement de redorer leur blason.

Dans une chronique donnée au quotidien espagnol El Pais, le lauréat du prix Nobel Mario Vargas Llosa a écrit sur le coronavirus:

« Personne ne dit rien du fait que tout cela ne se serait pas produit si la Chine populaire était un pays libre et démocratique plutôt qu’une dictature ».

Vargas Llosa a aussi comparé la pandémie coronavirus à la catastrophe de Tchernobyl en Russie soviétique. Les deux dictatures ont censuré brutalement les informations sur la catastrophe. En réponse, le régime de Pékin a traité Vargas Llosa d’« irresponsable », et a interdit ses livres sur les plateformes de vente en ligne chinoises. Vargas Llosa a averti les « imbéciles » occidentaux qu’ils devaient cesser de s’illusionner sur la possibilité d’avoir « des relations économiques libres avec une dictature » comme la Chine et que « ce qui s’est passé avec le coronavirus devrait rendre la vue aux aveugles ».

La catastrophe de Tchernobyl a fragilisé l’Union soviétique et accéléré sans doute la chute du régime. Aujourd’hui, il est à craindre que le régime communiste chinois sorte renforcé de la crise – surtout si, coronavirus ou non, le peuple américain décidait en novembre de ne pas reconduire le président américain qui, le premier depuis 40 ans, a ouvertement défié la Chine.

Le rêve occidental d’une « renaissance de la nation chinoise » s’est transformé en cauchemar mondialisé. Des centaines de millions de personnes dans le monde sont confinées à domicile ; des milliers sont décédés ; les économies des pays occidentaux sont paralysées, et certaines sont sur le point de s’effondrer. Les magasins et les rues vides sont monnaie courante.

C’est peut-être ce que les analystes appellent « la fin de l’ordre libéral ». Les communistes chinois sont aujourd’hui plus capitalistes que marxistes, du moins au niveau de l’État. Le président Xi a adopté le « léninisme de marché » – mélangeant une économie gérée par l’État avec une « forme terrifiante de totalitarisme ». L’Occident doit prendre conscience de la duplicité de la Chine.

Giulio Meotti pour le Gatestone Institute.

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