La leçon de Dominique de Villepin à Emmanuel Macron

Publié par le 15 Fév, 2023 dans Blog | 2 commentaires

La leçon de Dominique de Villepin à Emmanuel Macron

« Et c’est un vieux pays, la France, d’un vieux continent comme le mien, l’Europe, qui vous le dit aujourd’hui, qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie.

Un pays qui n’oublie pas et qui sait tout ce qu’il doit aux combattants de la liberté venus d’Amérique et d’ailleurs et qui pourtant n’a jamais cessé de se tenir debout face à l’Histoire et devant les hommes. »

Beaucoup d’entre nous se souviennent du discours de Dominique de Villepin prononcé en 2003, il y a tout juste 20 ans, à La Tribune des Nations Unies juste avant que les Etats-Unis n’envahissent l’Iraq.

C’est peut-être la dernière fois où la France a paru grande sur la scène internationale !

Sur le plan de la diplomatie, le premier quinquennat d’Emmanuel Macron est une véritable catastrophe et le second prend le même chemin. Très régulièrement, Emmanuel Macron se fait rouler dans la farine par l’Union européenne dirigée en sous-main par l’Allemagne.

Les preuves récentes abondent : marché européen de l’électricité, label rouge pour les poulets français, hydrogène nucléaire non vert, etc …

Le même Dominique de Villepin, qui illustre à quel point le personnel politique a baissé depuis, a donné une véritable leçon de diplomatie à Emmanuel Macron durant l’émission Quelle époque.

Cet article de Boulevard Voltaire retrace ce grand moment terrible pour la Macronie :

Villepin fait ressortir la nullité
crasse du gouvernement Macron

L’ancien ministre des Affaires étrangères était l’invité de l’émission « Quelle époque ! », samedi 11 février, sur France 2. Il a livré sa vision de la diplomatie dans le contexte de la guerre en Ukraine. On avait presque oublié ce que c’était qu’un diplomate. Avec une hauteur de vue qui fait plaisir à entendre, il a commencé par rappeler que, pour la majorité des pays du monde, cette guerre était « une guerre de Blancs, entre Européens ». Raison pour laquelle la ridicule « condamnation par la communauté internationale » de l’invasion russe ne fait trembler que ceux qui la prononcent. Notre vieux monde fatigué, qui donne encore des leçons malgré quarante ans d’engagement derrière les mensonges américains, se prend pour ce qu’il n’est plus. Dominique de Villepin cogne où ça fait mal : il rappelle que Lavrov a été accueilli triomphalement en Afrique, que nous-mêmes en avons été chassés. Il rappelle également, en ces temps de centralisation du pouvoir partout en Europe, que la diplomatie est une affaire… de diplomates. L’ectoplasmique Catherine Colonna, pourtant reconnue dans sa branche, a été à ce point marginalisée que Villepin ne prononce même pas son nom.

Dominique de Villepin est peut-être l’homme d’une victoire, mais pas n’importe laquelle. Lorsqu’en 2003, il a déployé sa haute taille à la tribune des Nations unies pour s’opposer à la stupide et – on le sait désormais – mensongère guerre en Irak des États-Unis, il a ressuscité, pour un instant, la voix unique de la France, singulière, martiale, historique. Dans un discours objectivement superbe, dont la BD Quai d’Orsay a, depuis, dévoilé avec humour les conditions d’écriture, il a su incarner la voix de ce « vieux pays » qui est le nôtre. On peut trouver Villepin grandiloquent, narcissique et pointer ses échecs en politique intérieure, comme les émeutes de 2005 ou le CPE. Tous ces défauts, à l’heure de Macron, nous semblent aujourd’hui bien excusables.

Évidemment, on lui demande pourquoi il n’a pas partagé ces conseils avec Macron. Dominique de Villepin révèle alors qu’il attend depuis un an que le président de la République lui donne audience. Pas le temps, sans doute : quand on reçoit McFly et Carlito ou qu’on décore Zelensky (en survêt’) de la grand-croix de la Légion d’honneur, on a un agenda un peu full, bien sûr. On n’a pas de temps pour tout le monde. Or, on l’a dit, si le bilan de Villepin en politique générale peut être remis en question, on ne peut pas lui enlever son professionnalisme en politique étrangère. Mais bon… il doit y avoir des conseillers quelque part pour faire le job.

La « discrétion » de Macron en dit long. L’accaparement des affaires régaliennes par le président lui-même est révélateur de deux choses qui devraient nous inquiéter. La première, qui ne surprendra personne, est son narcissisme infantile, en quoi il est encouragé par la guerre de la communication qui a remplacé le sérieux politique. Cette communication quotidienne exige, chaque jour, ses 280 signes sur Twitter et ses annonces fracassantes. Qu’il s’agisse de la gratuité des préservatifs ou de la négociation avec Poutine, au fond, peu importe. Macron ne fait confiance à personne d’autre qu’à lui et à une poignée de fidèles.

L’autre motif d’inquiétude, corollaire du premier, est la nullité intellectuelle crasse du personnel politique macronesque. Charles Gave avait bien dit, il y a quelques années déjà, qu’il n’y avait rien de bon à attendre d’un homme politique qui s’entourait de gens moins intelligents que lui. Un bon chef ne choisit que des gens plus brillants que lui. Or, autour de Macron, il n’y a que des ternes : vieux chevaux de retour des LR ou du PS, jeunes ambitieux qui ne connaissent rien d’autre que la politique politicienne, arrivistes vénaux et seconds couteaux vaniteux venus du privé. Il dit qu’il doit tout faire lui-même, mais il en a crée les conditions et cela le ravit. Il n’y a malheureusement pas grand-chose à attendre d’une telle configuration.

Dominique de Villepin est-il venu tenter un come-back diplomatique ? Peut-être. La soupe est bonne et la politique est un virus. Ou alors, peut-être le discours de 2003 était-il comme la scène de fin du Guépard (le livre, pas le film). À la fin du roman, quand les filles de feu le prince Salina jettent par la fenêtre du palais le corps empaillé de Bendico, le chien de chasse favori, l’animal semble se dresser une dernière fois pendant sa chute, comme s’il était vivant, dans la force de l’âge, au temps de la splendeur, puis s’écrase par terre dans « un petit tas de poussière livide ». Et puis, il ne reste plus rien. L’avenir nous dira si Villepin était de Gaulle ou Bendico, mais on ne peut s’empêcher d’avoir déjà sa petite idée.

Arnaud Florac pour Boulevard Voltaire.

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2 Réponses à “La leçon de Dominique de Villepin à Emmanuel Macron”

  1. Ok mais si vous avez écouté son discours il félicite l’Ukrainien et cela cause SOUCI

  2. Voilà : Villepin, « grandiloquent et narcissique ».. tout est dit.
    Emphatique et ridicule, aussi, là, c’est moi qui souligne.

    Curieusement,  » une guerre de blancs entre européens », c’était aussi l’expression employée par Boutros-Ghali, l’ancien secrétaire général de l’ONU, au moment des guerres entre ex-yougoslaves.

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