La leçon de pouvoir de Flaubert à Hollande

Publié par le 6 Mai, 2018 dans Blog | 0 commentaire

La leçon de pouvoir de Flaubert à Hollande

Un peu de culture, bo … del !

Flaubert, en écrivant Madame Bovary, caressait l’ambition d’écrire « un livre sur rien ». Aussi est-il significatif qu’il ait choisi, en personnage principal, un personnage vide, creux. Le roman s’ouvre, et se clot, sur des descriptions de Charles Bovary – un personnage qui n’existe que par sa femme (texte extrait du site digischool bac L).

Mathieu Laine est un entrepreneur etintellectuel libéral français. Il est aussi un conseiller très proche d’Emmanuel Macron. Il vient de publier un billet dans le Figaro dans laquelle il rapproche le personnage de Charles Bovary de François Hollande. On découvre, à cette occasion que Gustave Flaubert était un farouche opposant au socialisme.

Voici le billet de Mathieu Laine :

François Hollande m’a toujours fait penser à Charles Bovary, dont la pensée ne dépasse pas « les idées de tout le monde » et qui s’émeut, dans son dernier soupir, de « la faute de la fatalité ».

Faisant la promotion de ses Leçons du pouvoir (Stock), l’ancien « président normal » ne manifeste pas beaucoup d’orgueil. Ainsi, n’a-t-il qu’un axe de communication : autocélébrer son propre bilan, puisque personne d’autre que lui ne le fait, et jouer de supposés bons mots sur son successeur pour attirer l’attention. Ainsi, Emmanuel Macron ne serait pas, pour avoir supprimé la moitié de l’ISF et plafonné à 30 % les impôts sur les revenus du capital, « le président des riches mais le président des très riches » . En symétrie, François Hollande, qui semble avoir oublié que Macron a aussi fait voter la baisse de l’impôt sur les sociétés à 25 % et la suppression de la taxe d’habitation, se targue d’avoir été, lui, le « président des pauvres ». Il aurait pu dire « le président des sans-dents », mais il ne parle ainsi, parait- il, qu’en privé.

Les statistiques officielles, notamment l’Insee dans l’édition 2017 de son « Portrait social », invitent pourtant à l’humilité, plus qu’à cet humour autosatisfait destiné à faire le buzz.

Au terme de son quinquennat, ce sont près de 9 millions de pauvres qui tentent de survivre en France, soit 14,2 % de la population, marquant en cela une légère hausse sur les années précédentes.

Cela dit, c’est bien connu, les socialistes aiment tellement les pauvres qu’ils en créent. Gustave Flaubert, parce qu’il y voyait un poison civilisationnel, détestait le socialisme. Le flamboyant auteur de Madame Bovary l’exprimait avec sa toute-puissance légendaire dans une célèbre lettre à Louise Collet au milieu du XIXème siècle :

« L’idéal de l’État, selon les socialistes, n’est-il pas une espèce de monstre absorbant en lui toute action individuelle, toute personnalité, toute pensée, et qui dirigera tout, fera tout ? Une tyrannie sacerdotale est au fond de ces coeurs étroits. »

Lui qui avait lu et annoté Frédéric Bastiat et Alexis de Tocqueville, lui qui recommandait à George Sand, son « vieux troubadour », comme elle se qualifiait elle-même, la lecture de Turgot, dont les oeuvres viennent d’être intégralement rééditées par l’Institut Coppet, vrombissait contre cette idéologie assassinant la créativité des Hommes sur l’autel d’une sclérosante égalité. Il le faisait en connaissance de cause tant il s’était également plongé dans Fourier et Saint -Simon, Leroux et Proudhon dont il disait, alors qu’il en faisait la source d’inspirationde Jules et d’Henry dans la première Éducation sentimentale:

« Comme tous ces gens-là me pèsent ! Quels despotes, et quels rustres ! Le socialisme moderne pue le pion. Ce sont tous des bonshommes enfoncés dans le Moyen Âge et l’esprit de caste. Le trait commun qui les rallie est la haine de la liberté. » 

Pourquoi diable perdre son temps à découvrir, interloqué, les lourdes roulades d’autosatisfaction d’un ancien président au triste bilan quand on peut relire l’ermite de Croisset, l’inventeur de la littérature moderne poussée à l’acmé de l’Art, libéré des mondanités et des servitudes, testant dans le « gueuloir » avant de la coucher définitivement sur le papier une prose sublimée par un travail minutieux, patient et harassant. Lui qui se qualifiait de « libéral engagé » avait, à la manière d’un Tocqueville et dans la lignée d’un Spencer, anticipé avec tant de justesse – on le voit au chapitre VI de Bouvard et Pécuchet – la nécessité sociale de défendre le primat de l’individualisme sur l’idéologie collectiviste. Dans son éclatante Correspondance, il n’était, tels Benjamin Constant ou Mme de Staël, tendre ni avec le conservatisme ni avec l’utopie socialiste, tous deux accusés d’une même idolâtrie pour l’Autorité. On lira à ce sujet plusieurs entrées du sublime Dictionnaire Flaubert, sous la direction de Gisèle Séginger, chez Honoré Champion, 2017.

C’est bien cette revalorisation des personnes qui est au coeur d’une nouvelle façon de penser la lutte contre la pauvreté. Flaubert la sanctifiait d’un mot puissant – « la fantaisie d’un individu (est) tout aussi légitime que l’appétit d’un million d’hommes » – et la mettait en scène dans ses romans, n’hésitant pas à prendre la défense des marginaux tel l’Aveugle face à l’arrogant pharmacien voltairien, le célèbre Monsieur Homais.

Cette volonté, à l’opposé des pratiques strictement redistributrices des dernières décennies – qui ont hélas échoué – pourrait bien inspirer le successeur de M. Hollande à l’Elysée. Emmanuel Macron a été séduit par les thèses d’Hernando de Soto, cet économiste péruvien spécialisé dans la lutte contre la pauvreté par les droits de propriété. Il pourrait prochainement inventer, s’il parvient à passer outre les tirs croisés d’une logique statique de la recette fiscale, un droit universel à l’activité et au capital, une sorte d’ « anti-revenu universel » épargnant de tout impôt et de toute charge sociale le travail physique ou intellectuel ainsi que le capital de çhacun, si petit fût-il, via la location de courte durée d’une poussette, d’un vélo, d’une voiture ou d’un appartement, jusqu’à 500 euros par mois. Le message serait puissant: « Si vous valorisez davantage votre capital, humain comme matériel, les premières centaines d’euros seront pour vous, et uniquement pour vous ». Il ferait alors la pédagogie des valeurs motrices de la société tout en démontrant qu’il n’est pas seulement le président des riches, mais bien évidemment celui de tous les Français, sans pour autant plonger dans un socialisme mortifère.

Puis il pourra, non parce qu’il serait adepte de la théorie du ruissellement, qui n’existe en réalité pas, mais parce qu’il démontrera avoir compris les mécaniques de l’action humaine et la vertu, pour tous, de récompenser et d’attirer les talents du monde, de rapidement baisser l’impôt sur le revenu, non de la première, non des deux premières, mais bien de toutes les tranches, tout en supprimant la tragique « surtaxe Fillon ».

Redonner à chacun davantage la maîtrise de ce qu’il perçoit de son travail et de son capital, c’est réenclencher la machine à créer de la croissance et de l’emploi en France. La meilleure des protections sociales, le moyen le plus efficace de sortir un pan considérable de la population de la pauvreté, impose cette révolution profonde de nos mentalités. Hollande en était incapable. Gageons que Macron, dans un élan flaubertien, le sera.

* Auteur avec Jean-Philippe Feldman, de « Transformer la France. En finir avec mille ans de mal français » (Plon).

Mathieu Laine pour le Figaro.

Qui est Mathieu Laine ?

Mathieu Laine, né le , est un entrepreneur et un intellectuel libéral français.

Il a fondé et dirige Altermind, un cabinet d’études et de conseil basé à Paris et à Londres. Il a également créé avec Émile Servan-Schreiber la société de marchés prédictifs Hypermind. Éditorialiste au journal Le Point et auteur d’essais sur le libéralisme, il enseigne l’économie et la philosophie politique à Sciences-Po.

Dans cet article de Charles: « Mathieu Laine : un héros très discret », on apprend que Mathieu Laine communique « tous les jours » avec le président de la République, de deux ans son cadet, via la messagerie cryptée Telegram. On lui prête beaucoup de pouvoir, jusqu’à la nomination de certains ministres. Cet ami du chanteur Patrick Bruel et du cuisinier Alain Ducasse discute également avec Manuel Valls et Bruno Le Maire. Entrepreneur touche-à-tout, installé à Londres, passé par l’école Madelin, Mathieu Laine se veut un « Jiminy Cricket libéral » qui n’a pas trouvé ambigu de conseiller en même temps Emmanuel Macron et François Fillon durant la campagne présidentielle.

Merci de tweeter cet article :





Laissez une réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *