« La race des signeurs … »

Publié par le 30 Oct, 2023 dans Blog | 0 commentaire

« La race des signeurs … »

On n’en peut plus de ces people, de ces artistes qui se permettent, au nom d’une notoriété plus ou moins avérée, de nous donner leur avis en signant des pétitions.

C’est André Perrin, dans son ouvrage Scènes de la vie intellectuelle en France, qui avait inventé, pour qualifier les légions de pétitionnaires, la race des signeurs !

Mais, ce qu’on reproche le plus souvent aux pétitionnaires de tout poil, c’est cette morale à géométrie variable qui les guide pour sélectionner les pétitions auxquelles ils participent !

J’ai déjà dénoncé ici les people qui se mobilisent quand un policier en danger tue un délinquant – que certains qualifient de « petit ange » – et regarde ailleurs quand la petite Lola est torturée puis assassinée par une clandestine sous OQTF ! Un puissant prisme, fortement marqué à gauche, ne les fait s’engager que lorsque la victime est racisée et l’agresseur blanc !

On vient d’en avoir un nouvel exemple avec le silence de plomb de la communauté des artistes après les massacres terrifiants perpétrés par le Hamas en Israel et leur mobilisation pour Gaza.

Qu’on le veuille ou non, quand on pétitionne pour un camp et pas pour le camp adverse, c’est qu’on choisit son camp !

Juliette Binoche, Adèle Haenel, Romane Borhinger, Annie Ernaux, Dominique Blanc, Jeanne Balibar, Anna Mouillais et Justine Triet

J’ai choisi de mettre en avant les principales « signeuses » très en pointe dans cette pétition.

Mais, cette fois-ci, un artiste s’est levé !

Cet artiste est le réalisateur Elie Chouraqui qui vient de publier une lettre très violente contre les cent artistes qui ont signé une pétition pour un cessez le feu à Gaza dans l’Humanité.

Voici sa lettre sévère … mais juste !

Lettre à mes amis artistes

par Elie Chouraqui

Elie Chouraqui

BONNE JOURNÉE. Vous venez de raccrocher. Votre maman vous a fait rire en vous parlant de votre père qui ronchonne. Vos enfants sont au chaud. Ils vont bientôt s’endormir dans leurs lits veloutés et vous irez les embrasser en leur chantant peut-être une comptine que vous a apprise votre grand-mère, il y a, oh il y a bien longtemps.

Et puis vous signerez cette pétition dans L’Humanité (publiée le 22 octobre, ndlr). L’Humanité qui n’en a que le nom ! Un journal qui a déifié Staline et les génocidaires communistes, avant, de vouer aux gémonies l’État d’Israël et son peuple, simplement parce qu’ils sont !

Un journal que vous n’avez feuilleté qu’une ou deux fois dans votre vie, mais que vous défendez quand même parce que quoi, on est de gauche, non :

Vous signerez cette pétition qui, je cite, « condamne avec la même ampleur « les crimes de guerre » du Hamas et du « gouvernement israélien »». La même ampleur.

Et puis allez, hop, au lit, parce que demain je dois jouer la comédie, chanter, faire rire, être artiste quoi (je suis super connu vous savez). Ah non, je ne sais pas bien où sont Gaza, la Cisjordanie, ni combien il y a de kilomètres entre Jérusalem et Tel-Aviv … L’historique du conflit ? Oui, j’en connais les grandes lignes, mais bon, ce n’est pas le problème.

Le problème, c’est le combat. Quel combat ? Ben, le combat. Qui je suis ? Qu’ai-je fait pour donner un avis si tranché ? Oh, ben, j’ai joué dans plein de films super engagés et puis j’ai fait plein de déclarations super intelligentes.

Antijuives les déclarations Mais non ! Comment pouvez-vous dire ça ? Antisionistes oui, mais pas … Quoi ? Ah, mais oui, je connais bien la tragédie israélo-palestinienne, je lis Libé et Le Monde presque tous les jours. Ils expliquent bien. Mais c’est quoi ces questions de merde ? Et puis, en vous serrant dans les bras de celle ou de celui que vous aimez, vous vous endormirez sans même vous dire que vous avez de la chance.

Avi, lui, qui s’est réfugié chez ses vieux amis Sara et David dans leur petit appartement du nord de Tel-Aviv, ne dort pas. D’ailleurs, il ne dormira plus jamais vraiment, Avi. Et cette impossibilité à dormir le tuera dans quelques années.

Oui, Avi ne peut plus fermer les yeux parce que, quand il les ferme, il voit ces tueurs du Hamas arracher du corps de sa fille, Déborah, son ange, le bébé qu’elle portait, et d’un coup de couteau éventrer le bébé, sa petite-fille qui n’est pas encore née.

Et puis il voit sa femme violée devant ses fils par ces « choses » du Hamas, puis brûler ! Oui, il voit brûler celle qu’il aime tant comme on brûle un bout de papier. Et rire en tirant avec leurs kalachnikovs sur ses garçons qui n’ont pas encore quinze ans et qui hurlent : « Maman, maman, j’ai peur maman. »

Et puis, les yeux fixés sur le plafond blanc, au milieu de la nuit, se tournant dans ce lit qui n’est pas le sien, pour la millième fois, il ne comprendra pas, Avi, pourquoi aucun Palestinien n’a condamné ces crimes.

Les Iraniens l’ont bien fait. Des femmes iraniennes ont bien risqué leurs vies pour condamner les ayatollahs. Certaines même en sont mortes. Et, en Israël même, des voix se sont élevées pour que des vies soient épargnées. Oui, c’est vrai. Même chez ceux qu’on a assassinés. Alors pourquoi ?

Et Avi verra le jour se lever en pleurant encore sans que ses larmes coulent tant il a déjà pleuré, pendant que vous, vous vous ferez un bon café en entendant, là-bas, dans leur chambre, vos enfants s’habiller vifs et joyeux pour ne pas être en retard à l’école. Ça va être une bonne journée.

Oui, bonne journée Adèle, Niels, Guillaume, Juliette, Céline, Annie et les autres.

Bonne journée.

Elie Chouraqui.

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