Le salafisme, cinquième colonne de l’islamisme radical

Publié par le 20 Avr, 2018 dans Blog | 0 commentaire

Le salafisme, cinquième colonne de l’islamisme radical

La lecture du dossier sur la progression du salafisme en France, que Valeurs actuelles a publié la semaine dernière, m’a fortement impressionné et inquiété !

Cinquième colonnel’expression désigne en effet tout groupe de partisans infiltrés, tout groupement agissant dans l’ombre pour saper de l’intérieur une organisation ou un État.

C’est tout à fait l’impression que l’on a après la lecture de ce dossier qui montre que se bâtit, jour après jour, les fondations d’une force qu’on devine irrésistible et qui présente tous les signes d’un envahissement idéologique précédant l’envahissement … tout court.

Voici la première partie de ce dossier : La contagion salafiste

Mohamed Achamlane (à droite) de Forsanne Alizza (les cavaliers de la fierté), venu soutenir le salafiste Lies Hebbadj (en blanc), en novembre 2011. Le groupe était considéré comme un rassemblement d’agitateurs médiatiques, avant d’être dissous en 2012 après avoir appelé au combat.

Le fléau se propage sur tout le territoire. Les élus locaux ne savent pas comment faire face. À tel point que l’ancien Premier ministre Manuel Valls a proposé de l’interdire. Le salafisme est installé en France … pour durer. Enquête.

Les salafistes et leurs sympathisants seraient 400 000 en France !

Ils sont nombreux. L’entourage du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, le révèle à Valeurs actuelles: les salafistes considérés comme actifs constituent une population de 30 000 à 40 000 individus en France. Un chiffre considérable; bon nombre d’entre eux figurent aussi dans le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, regroupant déjà 20 000 musulmans radicalisés. La population totale des salafistes et de leurs sympathisants en France est quant à elle évaluée à 400 000, selon des sources proches du Service central du renseignement territorial (SCRT). Soit plus que l’équivalent de celle de la ville de … Nantes.

Comment évaluer leur dangerosité ?

Le problème pour les services se trouve ici: « Une grande partie des salafistes dénoncent la violence et le terrorisme, comme les salafistes quiétistes, avant de confirmer que « la dangerosité est évaluée sur la base d’indicateurs permettant de détecter une adhésion aux thèses djihadistes ». Gare aux illusions : la question du prosélytisme n’est pas nécessairement déterminante pour les experts de la Place Beauvau : selon eux, « le salafisme est moins marqué en la matière que le tabligh ou l’UOIF – les Frères musulmans ».

À combien sont évaluées les mosquées et salles de prière salafistes ?

« Plus d’une centaine. » Combien d’écoles salafistes sont présentes sur le territoire ?

« Quatorze. » Il y en aurait en réalité beaucoup plus. Alors que 19 mosquées ont été fermées pendant l’état d’urgence, seules trois ont été fermées depuis la loi d’octobre 2017 et plusieurs sont « sous surveillance ». « Monter un dossier de fermeture d’une mosquée, c’est un travail de forçat », relève de son côté un ponte des dossiers judiciaires complexes du ministère de l’Intérieur. Et « contrairement à ce qu’on dit, quand les salafs décident de construire des mosquées, ils ont des sommes énormes venant des fidèles et de l’étranger ».

C’est bien parce qu’il est difficile à définir que le salafisme pose problème. Souvent évoqué comme synonyme du wahhabisme, le salafisme prône une lecture littérale du Coran et de la sunna. Courant religieux à part entière de l’islam sunnite, il n’existe pas réellement de salafisme modéré. Et pour cause, il se classe selon les trois catégories suivantes :

  • le salafisme politique, prônant la supériorité de la loi divine, et donc la charia, sur la loi des hommes, comme le font les Frères musulmans;
  • le quiétisme, courant préconisant le repli sur soi, en communauté et refusant toute vie sociale. Il se concentre sur l’éducation des musulmans au salafisme ;
  • le salafisme djihadiste, appelant à la création d’un califat par les armes.

Un policier du SCRT, service chargé notamment du suivi de l’islam radical, pose le problème: « Tous les barbus de Dae’ch sont salafistes, mais tous les salafistes ne sont pas forcément des terroristes. » Une autre difficulté réside dans les passerelles existant entre les trois catégories. Explications: un enfant formé au quiétisme dans une école salafiste dispose de tous les arguments pour haïr les mécréants, c’est-à-dire les non-musulmans. Il peut basculer du jour au lendemain dans le salafisme djihadiste.

« Comment imaginer que des gens qui passent leurs journées à lire des sourates et à aller sur les réseaux sociaux ne finissent pas par avoir envie de passer à l’action ? » fait-on remarquer.

Quant aux liens pouvant conduire du salafisme politique au salafisme djihadiste, leur désir commun d’instaurer un État islamique montre s’il le fallait que la porosité est totale. Une chose est sûre et plusieurs spécialistes le confirment :

le salafisme offre le meilleur « terreau » possible au terrorisme.

Suivi et fiché par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), Radouane Lakdim, le terroriste qui a égorgé le colonel Arnaud Beltrame, était d’ailleurs particulièrement actif sur les sites salafistes et les réseaux sociaux sur lesquels il passait beaucoup de temps. Alors qu’il ne connaissait manifestement pas grand-chose à ce courant de l’islam.

À Marseille, cela fait plusieurs années que le problème a été identifié, par la présence de l’imam algérien salafiste El Hadi Doudi, en France depuis 1981. La commission d’expulsion (Comex) a approuvé l’expulsion le 8 mars dernier de ce père de sept enfants, divorcé et contestant la réalité de deux mariages religieux. L’arrêté du préfet de police de Marseille, Olivier de Mazières, ordonnant la fermeture administrative de sa mosquée As-Sounna pour six mois, est explicite: au moins 25 prêches prononcés entre 2013 et 2015 sont jugés incompatibles. avec les valeurs de la République. « La teneur de ces prêches, depuis plusieurs années, a conduit plusieurs fidèles de la mosquée à rejoindre la zone irakosyrienne ou à se réclamer d’Al-Qaïda. »

L’imam El Hadi Doudi, qui influence plus de 40 mosquées en France va être prochainement expulsé.

Le musulman incitait à la haine et à la violence contre les mécréants, les femmes, les juifs – « les frères des singes et des porcs » selon lui – et les chrétiens. L’imam « niait l’autre dans sa singularité et son humanité de façon attentatoire aux principes fondamentaux de la République […] et appelait à la défaite et à la destruction des mécréants. »

« Les salais connaissent le droit par coeur« 

Contrairement aux idées reçues selon lesquelles il s’agirait d’éléments marginaux de l’islam en France, la mosquée qu’il dirigeait attirait pas moins de … 800 fidèles chaque vendredi. Ce qui suit fait froid dans le dos. Les informations collectées par le renseignement territorial et par les enquêteurs ont permis de certifier l’influence inquiétante de l’imam de 63 ans : près de 18 mosquées des Bouches-du-Rhône lui sont soumises et plus d’une vingtaine dans les départements voisins. Soit une influence personnelle dans plus de 40 mosquées ! Le site Internet qu’il alimente régulièrement a attiré quant à lui plus de 3,5 millions de visiteurs depuis 2005 !

À la surprise du grand public, les proches de l’imam El Hadi Doudi ne cessent de défendre, depuis l’annonce de son expulsion, « « un homme qui lutte contre Dae’ch »· Et d’accuser : « Après la mort deBeltrame, on cherche à faire un amalgame entre les vrais et les faux salafistes », « l’imam El Hadi Doudi prône la paix et le vivre-ensemble » rapporte un policier. Comme pour mieux brouiller les pistes, certains de ses amis arguent que l’imam serait quiétiste … Autant de mots qui semblent avoir été appris par coeur comme s’ils ne nourrissaient que l’objectif de satisfaire ceux qui les écoutent. D’ailleurs, pour éviter son expulsion, il ira jusqu’à proposer par la voix de son avocat de « renoncer à son poste d’imam », atténuer son discours ou même encore, cesser ses prêches.

 

À la manière des Frères musulmans, les salafistes ont littéralement investi le monde associatif. « C’est comme ça qu’ils diffusent leur message » indique un limier du renseignement. Concrètement, dans certaines villes, les associations se revendiquant de ce courant remplacent parfois les services publics. Comme à Sarcelles (Val-d’Oise) où une association de soutien scolaire a tenté d’exercer son influence sur la maison municipale des jeunes et de la culture, pour imposer sa vision d’un islam intégriste à tous les enfants.

Autre exemple à Ecquevilly (Yvelines) où après avoir été expulsée d’une salle de prière, une association salafiste a déposé un autre permis de construire ailleurs, avec … des classes pour permettre aux enfants musulmans d’étudier le Coran. Les exemples de prise en otage de bibliothèques publiques ou d’associations liées à la culture ne manquent pas, mais aussi de soutien aux femmes, pour prendre en charge l’image de la femme dans les quartiers. Ayant peur, « elles finissent par se soumettre totalement », indique-t-on. De manière volontaire, les salafistes utilisent largement le statut des associations culturelles pour servir de vitrines à des activités cultuelles. « Les salafs connaissent le droit par coeur » observe un officier de la DGSI.

Le phénomène est tel que les musulmans dits modérés, tout comme le Conseil français du culte musulman (CFCM), ne parviennent pas à enrayer la progression du salafisme. La contagion est en marche.

Louis de Raguenel pour Valeurs actuelles.

A suivre : « Les mosquées, les temples du séparatisme »

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