Les moments d’illusion préparent les grandes désillusions

Publié par le 31 Jan, 2024 dans Blog | 2 commentaires

Les moments d’illusion préparent les grandes désillusions

C’est la grande faiblesse de notre démocratie :
la faillite de la reconnaissance du mérite !

Le mérite était pourtant un des premiers acquis de la révolution de 1789 qui abolissait les privilèges de classe et promouvait les mérites individuels !

Mais aujourd’hui, le mérite est mal vu !

Le culte de l’individu au détriment de la communauté a entrainé un nivellement par le bas car il est coupable de différentier les gens, pire de les classer, même, et surtout, en fonction de leur mérite.

On l’a vu à l’école avec la disparition des notes qui a participé à l’effondrement du niveau scolaire le l’école française.

En politique, c’est la même chose avec la mise à l’écart de personnalités brillantes au profit d’un jeunisme qui a grandement fait chuter le niveau intellectuel de nos hommes politiques.

Prenons le cas d’Henri Guaino que la République n’a pas su utiliser à hauteur de ses capacités. J’admire beaucoup cet homme et j’aimerais partagé ici l’interview qu’il a donnée à Causeur.

Je vous engage à lire l’interview complète ici mais je me limiterai dans cet article aux parties traitant de la guerre en Ukraine et de la situation au Moyen-Orient :

« Il y a une guerre des civilisations qui se dessine »

Dans son dernier livre, À la septième fois, les murailles tombèrent (éditions du Rocher, 2023), l’ancien conseiller spécial du président Sarkozy dresse un état des lieux peu réjouissant. Occident va-t’en-guerre, wokisme, réformes sociales, rien ne trouve grâce aux yeux d’Henri Guaino, moins encore la nouvelle génération de trentenaires qui arrive aux commandes.

Causeur. Votre livre, A la septième fois, les murailles tombèrent n’est pas bien optimiste…

Henri Guaino. Je ne sais pas ce que c’est que l’optimisme. C’est un concept qui m’est totalement étranger. Ça veut dire quoi ?

Est-ce qu’il n’y a pas besoin dans l’histoire aussi de moment d’illusions?

Les moments d’illusions … en général, ils ne sont pas les meilleurs. Ils préparent les grandes désillusions. L’espérance oui, l’optimisme, non. L’espérance, c’est une volonté. C’est Bernanos qui l’a le mieux dit. L’optimisme, c’est une facilité. L’espérance, c’est une vertu. C’est absurde, l’optimisme, ça vous empêche d’être lucide. 

A la fin de l’été dernier, Nicolas Sarkozy s’est vu taxer par Libération et quelques autres d’avoir calqué son discours sur celui de la Russie. Vous-même reprenez l’idée que la Russie a été poussée à la guerre à force de voir l’OTAN se rapprocher de ses frontières…

Sur la Russie, j’ai été le premier à prendre des positions qui m’ont valu les applaudissements des uns et les injures des autres. Je suis d’accord avec ce que Sarkozy a dit, mais je l’ai dit avant. Je pense que cette guerre n’aurait pas dû avoir lieu. Ce n’est pas seulement la hantise obsessionnelle des Russes d’être enfermés ; tout le monde savait qu’en poussant l’OTAN jusqu’aux frontières russes, on allait créer un drame. Ce n’est pas moi qui le dis, tous les géopoliticiens américains l’ont dit pendant des décennies, quel que soit leur sentiment à l’égard de la Russie. Je n’invente rien. L’actuel directeur de la CIA, William J. Burns, qui était ambassadeur à Washington en 2008, l’a écrit dans une note à Condoleezza Rice qui a été rendue publique depuis, pour expliquer que si on faisait entrer l’Ukraine et la Géorgie, on allait avoir des problèmes. C’est une vérité que de dire que la responsabilité de cette guerre est partagée.

Est-ce acceptable, selon vous, de laisser demain le Donbass et la Crimée à la Russie?

Est-ce que c’était acceptable de laisser l’Alsace et la Moselle à l’Allemagne en 1871 ? Avant de se demander ce qui est acceptable ou non, il faut se demander ce qui est inexorable, ce qui est de l’ordre de la fatalité. Si l’on trouve que ce n’est pas acceptable, alors il faut y aller. Pourquoi fait-on trainer cette guerre ? Pourquoi fait-on la guerre par procuration ? Pourquoi laissons-nous tuer des dizaines, des centaines de milliers d’Ukrainiens ? Si c’est inacceptable pour nous, alors allons-y. Vous savez, la guerre, vous la faites ou vous ne la faites pas. Si vous la faites, vous la faites totalement. Et, dans ce conflit on sait une chose, c’est qu’on ne peut pas la faire totalement.

On ne peut pas la faire totalement, parce qu’il y a 6 000 ogives nucléaires dans le camp d’en face. Il faut donc trouver les solutions les moins dramatiques, les moins tragiques, les moins destructrices.

C’est ça, la politique. La politique, c’est du bricolage. Parfois, on n’est pas très satisfait. Je n’ai pas lu Le Monde se dresser contre l’Azerbaïdjan dans le Haut-Karabagh. Il faut dire que l’Azerbaïdjan avait le droit international pour lui. Les pauvres Arméniens n’avaient pour eux que le droit des peuples à vivre là où ils vivent depuis 3000 ans. Acceptable, inacceptable … Si c’est inacceptable, on tire les conséquences et vous allez à la guerre. Il y a un type sur les réseaux sociaux qui m’a dit il y a quelques jours : « S’il faut 15 millions de morts, tant pis, au moins on sera débarrassé de Poutine ». Ah bon ? 15 millions de morts !? Il y en aura beaucoup plus que ça si l’on se lance pleinement dans cette guerre. L’écroulement de la Russie, ça serait une bonne chose ? La déstabilisation de toute l’Eurasie ? Qui a envie de ça, à part les Polonais, qui sont obnubilés par leur histoire – ce que je peux comprendre. Mais moi, je ne suis pas Polonais. Moi, je ne me sens pas menacé par les chars russes à Paris, ça rend ma notion de l’acceptabilité un peu différente.

Et quelle est votre analyse de ce qui se passe au Proche-Orient?

Ce conflit est une vraie tragédie car personne n’a tort et personne n’a raison. Les uns vont vous dire : « ça fait des siècles qu’on est là », et les autres, « il y a des millénaires, on était déjà là ». Est-ce qu’on a fait quoi que ce soit pour trouver une solution ? Est-ce qu’on a fait quoi que ce soit de décisif pour arrêter ce massacre ? Non. Vous me direz, ce n’est pas si simple, parce que chacune des deux parties pense que ce conflit est vital. Pour ce qui nous concerne, l’Ukraine plus le Proche-Orient, ça fait beaucoup pour creuser le fossé entre l’Occident et le reste du monde.

Est-on arrivé au choc des civilisations que l’on craignait depuis trente ans?

Oui. Il y a une guerre des civilisations qui se dessine. On a intérêt à tout faire pour que ça n’aille pas jusqu’au bout de cette logique … sinon, on va au désastre. Les guerres de civilisations ou de religions, ça se résout par l’extermination de l’adversaire. Ou par un sursaut de lucidité et d’intelligence, mais quand on a déjà beaucoup tué. La guerre de Trente ans, elle dure trente ans quand même, et elle tue au moins un tiers de la population de l’Europe centrale. (Long silence) L’Occident est malade ; non seulement il est malade mais il veut imposer son modèle au reste du monde. Le reste du monde n’en veut plus !

Propos recueillis par Frédéric Magellan pour Causeur.

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2 Réponses à “Les moments d’illusion préparent les grandes désillusions”

  1. L’occident est malade, mais pas les peuples, ce sont les dirigeant qu’ils faudrait balancer pour y mettre des personnes qui se base sur le reel, et non l’ideologie et les delires en tout genre.

  2. Drôle d’idée de mettre la plus haute décoration prussienne pour illustrer le billet.

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