On pardonne tout à Sartre et Aragon,
mais absolument rien à Maurras !

Publié par le 5 Fév, 2018 dans Blog | 0 commentaire

On pardonne tout à Sartre et Aragon, mais absolument rien à Maurras !

Mis à part son sectarisme, la gauche française brille aussi par sa morale à géométrie variable.

Avant d’émettre tout jugement sur un homme ou un régime politique, la gauche va d’abord le caractériser pour savoir s’il est de gauche ou de droite.

S’il est de gauche, il bénéficiera de toute la mansuétude possible. Si le malheureux est de droite, son compte est bon ! Et les exemples pullulent :

  • Pour la gauche il y a terroriste et terroriste : il n’y a qu’à voir le culte qu’elle voue à Che Guevara et le soutien de Mitterrand au terroriste italien Battisti qui avait pourtant sur les mains le sang de 4 personnes.
  • Pour la gauche, il y a dictature et dictature : elle ferme les yeux sur les dictatures de gauche mais vitupère contre le moindre colonel qui prend le pouvoir en Grèce ou en Amérique du Sud ! On se souvient de la complaisance coupable de beaucoup d’intellectuels français pour le régime communiste de l’URSS et pour Mao.
  • Justement concernant les intellectuels, la gauche pardonne tout à ceux de son camp (Sartre, Aragon) mais stigmatise les intellectuels de droite.

En 1987, l’essayiste Etienne Barilier écrivait :

« J’aime mieux avoir tort avec Sartre que raison avec Aron ! »

Cette phrase résume bien toute la duplicité de la gauche !

C’est le thème de la chronique d’Eric Zemmour qui reprend la décision prise pour annuler toute commémoration du fondateur de l’Action Française, Charles Maurras  :

La nouvelle affaire Charles Maurras
Quand l’inculture fait la paire avec le sectarisme

Charles Maurras fait encore peur. C’est la leçon de l’épisode tragi-comique qui a agité le landerneau parisien ces jours-ci. A peine le nom de l’ancien théoricien de l’Action française est-il apparu dans la liste officielle des commémorations de l’année qu’un concert de protestations orchestré a conduit la ministre de la Culture à baisser pavillon sans combattre et à supprimer prestement le nom interdit.

Pourtant, comme le font remarquer les historiens qui ont établi cette liste, commémorer n’est pas célébrer. La République a un devoir d’évocation de toutes les gloires de notre pays, sans jugement de valeur idéologique. Sinon, elle devient un régime sectaire qui, à la manière de Staline, efface de la photo nationale ceux qui se sont opposés au pouvoir. En censurant ainsi le nom de Maurras, certains voudraient accréditer l’idée que les fameux « Etats confédérés » (Juifs, protestants, francs -maçons, métèques) gouvernent encore la République qu’ils ne s’y prendraient pas autrement ! il est paradoxal qu’à l’heure où l’on ne cesse de vouloir « réconcilier les mémoires » (de la guerre d’Algérie en particulier), on se refuse obstinément à réconcilier celles de la Seconde Guerre mondiale.

Mais nos belles âmes continuent à célébrer des intellectuels comme Sartre ou Aragon, qui ont applaudi des régimes totalitaires et sanguinaires, sans qu’on songe à le leur reprocher.

Le destin posthume de Maurras s’est joué en 1940. Le chantre du nationalisme intégral soutient Pétain, refusant de choisir entre les gaullistes pro-Anglais et les collabos pro-Allemands. Les deux sont pourtant ses héritiers : les premiers à rejoindre de Gaulle à Londres furent des maurrassiens soucieux de continuer la lutte ; mais d’autres élèves de l’Action française lui reprochèrent aussi sa germanophobie qui l’empêchait de militer pour une Europe unie.

Maurras était anti-allemand et anti-nazi. il n’était pas raciste et se moquait du racisme des nazis. Son antisémitisme était un antisémitisme d’Etat, qui reprochait aux Juifs un pouvoir excessif en tant que groupe constitué, à la manière de Richelieu luttant contre « l’Etat dans l’Etat » huguenot.

Mais ces considérations politiques subtiles furent balayées par la Seconde Guerre mondiale. Maurras ne comprit pas que celle-ci n’était pas seulement une lutte entre Etats, mais aussi une lutte entre idéologies. Que ses diatribes contre l’Etat dans l’Etat juif étaient impardonnables au moment où des Juifs étaient exterminés dans des camps. Quelques années plus tard, son plus brillant disciple, Pierre Boutang, le reconnut volontiers et prit parti pour l’Etat d’Israël, qui s’avérerait un bel exemple de « nationalisme intégral » pour le coup très maurrassien.

Il y eut une époque, pas si lointaine, où l’on pouvait évoquer Maurras sans peur ni reproches. De Gaulle a dit : « Maurras est devenu fou à force d’avoir toujours raison. » Le président Pompidou le citait devant les étudiants de Sciences Po. Raymond Aron s’interrogeait dans Le Figaro : « Le général de Gaulle est-il maurrassien ? » 

Nous vivons une époque merveilleuse où l’inculture fait la paire avec le sectarisme.

Eric Zemmour pour le Figaro Magazine.

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