Plus française que Sonia Mabrouk, tu meurs ! (1/2)

Publié par le 18 Sep, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Plus française que Sonia Mabrouk, tu meurs ! (1/2)

En juin dernier, j’indiquais l’article de ce blog qu’il faudrait garder à tout prix, s’il ne fallait en conserver qu’un seul :

Romain Goupil, l’idiot utile de Mathieu Bock-Cote

Aujourd’hui, j’aimerais en proposer un deuxième que j’ai repris dans le dernier numéro de Valeurs actuelles. Il s’agit d’une interview de Sonia Mabrouk, journaliste franco-tunisienne sur CNews et Europe1.

Autant, je suis mal à l’aise quand je vois des femmes voilées dans la rue, autant je jubile et j’applaudis quand je vois une personne issue de l’immigration bien intégrée dans notre pays. Plus particulièrement quand il s’agit de femmes car leur chemin d’intégration est tellement plus long et plus périlleux que celui des hommes !

Je relaye souvent les témoignages de ces femmes qui défendent la laïcité, dénoncent l’islam radical et se battent pour la liberté des femmes immigrées. Sonia Mabrouk en est le fer de lance.

Voici son interview dans Valeurs actuelles publiée en deux articles, vue sa longueur :

Première partie

« L’antiracisme actuel est l’une des plus grandes perversions de notre débat public »

Racines chrétiennes, identité, souveraineté … Avec Douce France, où est (passé) ton bon sens?, la journaliste de CNews et Europe 1, Sonia Mabrouk tente de lutter contre le délitement français. Entretien.

Qu’avez-vous pensé des propos de Lilian Thuram sur « les Blancs » qui se penseraient « supérieurs »?

J’ai été partagée, en réalité. L’essentialisation m’a évidemment choquée, d’autant que cet homme est très admiré par certains jeunes et que son message est catastrophique. Le deuxième problème, c’est que cela révèle un cheminement dans le combat antiraciste de Lilian Thuram. Il est en train de dévoyer son message. Il a laissé entendre que ses propos avaient été tronqués, mais la phrase en elle-même est inacceptable.

Cette phrase n’est-elle pas, plus largement, significative de l’évolution de l’antiracisme?

L’antiracisme actuel est l’une des plus grandes perversions qu’il y ait dans notre débat public, politique et sociétal. C’est très difficile d’opposer des arguments à ces militants, parce qu’ils vous répondront toujours qu’ils sont l’antiracisme. Mais aujourd’hui, l’antiracisme est entièrement dévoyé, ils sont eux-mêmes devenus les porteurs et les vecteurs d’un autre racisme. Quand on dit « les Blancs », on véhicule les germes d’un racisme installé.

Vous parlez beaucoup de ces questions identitaires dans votre livre …

L’identité est un trou noir de notre débat, plus personne n’ose d’ailleurs s’y aventurer, que ce soit au gouvernement, dans l’opposition, et même à l’extrême droite ! Moi, j’ai la conviction que c’est un sujet essentiel. Je donne d’ailleurs dans le livre nombre d’exemples de pays de l’autre côté de la Méditerranée qui ont abordé ce sujet et où cela  a fait énormément de bien. J’ai regardé les échanges en Égypte: c’était incroyable, passionné … Il y avait des jeunes et des moins jeunes qui débattaient autour de leur identité et je les enviais vraiment. C’est impossible à faire en France et je n’arrive pas à l’admettre.

Sans l’admettre, comment l’expliquez-vous ? 

Je vois qui sont les personnes qui nous confisquent ce débat, toujours les mêmes. Mais ce qui m’inquiète, c’est qu’aujourd’hui certains s’interdisent d’en parler alors qu’ils le faisaient auparavant. Avant, on savait que les discussions allaient être vives et passionnées. Maintenant, il y a une forme de honte … Voilà ce que je ne comprends pas.

Certains n’osent pas en parler parce qu’ils trouvent que ça enferme, que ça inhibe …

Mais au contraire! Quand on en a parlé en Tunisie, après la révolution, pour savoir si les Tunisiens étaient plutôt africains, maghrébins ou descendants des Phéniciens, cela a permis de créer des ponts entre les générations. Donc, soit ces pudeurs traduisent une méconnaissance du débat sur l’identité; soit, et je pencherais plutôt pour ça, c’est surtout un moyen d’acheter une paix sociale. Dans ce cas-là, c’est totalement contre-productif car la paix ne sera acquise que si on aborde ce sujet.

Vous êtes un modèle d’intégration. Qu’est-ce qui a fonctionné avec vous qui ne fonctionne pas avec d’autres ?

Il y a, il faut le reconnaître, des conditions qui sont peut-être différentes. J’ai eu une chance inouïe qui s’appelle l’école, et j’ai aussi eu la chance d’avoir des livres à la maison. Ensuite, il y a la manière dont vous transformez ce que vous avez reçu. Moi, je n’ai jamais été dans une position victimaire, même quand il y a eu des difficultés. J’en ai peut-être eu moins que les autres mais j’en ai eu quand même: je ne me suis pas dit pour autant que c’était de la faute des autres. Je me suis toujours demandé ce qui n’allait pas en moi.

Vous faites un éloge du « bon sens ». Qu’entendez-vous par ce terme ?

Ma définition est assez simple: une sagesse authentique, populaire et instinctive. Mais il suffit de prononcer ce mot pour que des gens vous regardent d’un air suspicieux en vous disant: « C’est ringard, c’est désuet, c’est même populiste. » C’est pour cela qu’il faut en parler.

Vous êtes journaliste sur une chaîne d’information en continu, et vous proposez dans votre livre une autocritique à la fois du métier de journaliste et de l’outil de la chaîne d’info en continu. Comment survivez-vous ?

C’est assez schizophrène, je vous l’accorde. Mais je crois que c’est précisément de l’intérieur qu’il faut essayer de porter un regard critique. Tout va très vite sur une chaîne d’information, on est souvent dans l’urgence, dans l’instantané. Mais ça ne veut pas dire qu’il faut perdre la boussole du bon sens. Je pense qu’il est possible d’allier vitesse et prise de distance. Et surtout, comme je le dis dans le livre, de voir le monde tel qu’il est et non pas tel que nous [journalistes} souhaitons qu’il soit.

Vous avez des exemples précis, dans votre critique …

Oui, le président des États-Unis, Donald Trump, par exemple. Je suis frappée voire choquée qu’à chaque fois qu’on parle de lui on psychologise, on idéologise. Le bon sens voudrait qu~on se contente de fournir l’information. On peut avoir ses opinions, on peut les défendre dans un débat mais il est problématique de délivrer une information censément brute déjà orientée et idéologisée.

Parmi les exemples que vous citez, il y a également celui des « migrants ».

Mais parce que ces exemples me sautent aux yeux! Et j’ai pris sur ce sujet le cas d’un pays que je connais bien car il est mon pays d’origine: la Tunisie. Elle a pris sa part au niveau des migrants, notamment libyens après l’intervention militaire franco-britannique. Mais elle a aussi su dire stop quand elle a estimé avoir pris un nombre de migrants suffisant avant de menacer les équilibres identitaire, économique ou politique. J’ai toujours été étonnée qu’on puisse tenir ce genre de discours de l’autre côté de la Méditerranée, en Orient, et plus généralement dans le Sud; et qu’on ne puisse pas le faire en France ou en Europe. Tout simplement parce que l’on culpabilise tout le temps les Européens. On manque, là encore, de bon sens.

Vous prenez également la défense du mot « souveraineté » …

J’ai un vrai attachement à ce mot, à sa racine, et je regrette qu’il soit dévoyé et méprisé dans le débat public. La souveraineté est, historiquement, la base même de notre démocratie. C’est exactement comme sur le terrain de l’identité, du terroir, de nos racines et de nos traditions. Il faut retrouver notre bon sens de toute urgence et préserver ce que nous sommes !

Suite dans le prochain article (même chaine, même heure !)

Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas, Geoffroy Lejeune et Baudouin Wisselmann, avec Timothée Déon, Nils Panisson et Quentin Rousseau.

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