Plus française que Sonia Mabrouk, tu meurs ! (2/2)

Publié par le 19 Sep, 2019 dans Blog | 0 commentaire

Plus française que Sonia Mabrouk, tu meurs ! (2/2)

Voici la suite et la fin du précédent article dédié à l’interview de Sonia Mabrouk par Valeurs actuelles.

Je fais le triste constat que ce que clame cette franco-tunisienne, avec bon sens, comme elle dit …

… très peu de Français osent le dire aujourd’hui !

Seconde partie

Lorsque vous étiez adolescente et rebelle à l’apprentissage des chants traditionnels, votre grand-mère vous a répondu: « Tu verras en grandissant pourquoi il est important pour toi de les écouter et pour moi de te les transmettre. » Sommes-nous un pays adolescent ?

Il y a un peu de ça … Elle avait raison, et me parlait alors de ce patrimoine et de ces traditions que l’on appelle aujourd’hui « folklore » avec beaucoup de dédain. En Tunisie, on m’a toujours appris à le transmettre et à le respecter. En France, on l’ignore et on peine à s’en revendiquer. Là encore, d’autres pays s’en réclament fièrement. Je ne sais pas pourquoi on devrait s’interdire cela en France !

Vous abordez la question islamique, et dénoncez l’islamisme, mais précisez aussi qu’il ne progresse qu’en raison de la disparition progressive de la chrétienté comme civilisation. Cela revient dans tous vos livres … Les racines chrétiennes de la France vous manquent ?

Ce qui me manque, c’est la référence aux civilisations. On n’arrête pas d’entendre parler du naufrage des civilisations, j’ai la conviction que le sursaut n’est pas impossible !

On entend que l’islam est conquérant et qu’il se propage, et c’est une vérité. Mais s’il est conquérant, c’est en raison de nos faiblesses. Et l’une d’elles est la place laissée par la civilisation chrétienne occidentale. Les civilisations ne peuvent être pérennes que si elles s’équilibrent. Or, trop de chrétiens ont honte de l’être et beaucoup de musulmans ont, à l’inverse, une volonté de revendication. Si on arrive à désinhiber le christianisme et à « christianiser » l’islam, on pourra éviter le choc.

Vous abordez les questions civilisationnelle, religieuse, spirituelle … On sent un attachement incroyable à cette chrétienté, alors que vous êtes musulmane.

Ce qui me surprend et me trouble toujours, c’est qu’il faut être né ailleurs pour pouvoir déclarer son amour à la France. Les racines chrétiennes, ce n’est pas ma culture éducative, ce n’est pas mon environnement premier, mais c’est pour ça que j’en parle avec beaucoup de détachement. C’est sans doute pour cela aussi que j’y suis aussi attachée. Mais je suis toujours frappée que ceux qui les portent, les incarnent et qui doivent, normalement, mener ce combat soient aux abonnés absents, culpabilisés et honteux. On marche sur la tête !

La littérature française est imprégnée de chrétienté, l’histoire évidemment, et même les paysages. La question ne devrait pas être: « Est-ce que la France a des racines chrétiennes ?« , mais: « La France a des racines chrétiennes, comment peut-elle en parler et assurer la pérennité de cette civilisation ? » Il nous faut de toute urgence un projet de civilisation. Je sais que ça devrait venir d’en haut, mais on ne va pas attendre … Il faut se nourrir des exemples que l’on a. Arnaud Beltrame a pour moi incarné cela. Dans un autre style, l’incendie de Notre-Dame nous a prouvé que nous étions incroyablement attachés au coeur de notre pays. Alors on fait quoi ? On oublie et on tourne la page ? Je refuse.

Autre sujet d’actualité: les vegans … Ils semblent vraiment vous inquiéter !

Parce que leur projet est indiscutablement totalitaire. On dénonce parfois le projet politique contenu dans certaines idéologies comme l’islamisme, et on a raison de le faire. Mais c’est pareil avec le véganisme: c’est un projet politique qui est écrit, imaginé, conceptualisé …

Je ne parle évidemment pas de ceux qui changent leur façon de vivre ou de manger, mais de ceux qui s’invitent sur les plateaux de télévision avec un discours ultrarodé. Vous avez des tenants de ce véganisme radical qui publient des écrits, qui ont un discours très structuré et que l’on invite innocemment sur les plateaux alors qu’ils risquent de miter notre société. On s’y intéresse parce que le discours est « nouveau », ça ne veut pas dire qu’il est bon ! Je ne supporte pas le séparatisme dont ils se revendiquent. Comment vivrait-on sans animaux ? Oui, cela m’inquiète.

Les néologismes qui fleurissent par ailleurs dans les débats vous agacent. Avez-vous un exemple précis ?

C’est sensible, mais je pense instantanément au mot « féminicide ». J’ai un vrai problème avec ce terme. C’est un mot qui tend à cacher d’autres réalités que sont les violences intrafamiliales et qu’on ne peut ignorer. C’est un mot parapluie qui me gêne. Il y a une autre expression qui me surprend: le terrorisme machiste. Cela vient d’Espagne, ça a été repris par Marlène Schiappa (qui, sur la forme, a le mérite d’affirmer ses  convictions, ce que j’aime !) et nous sommes dans la surenchère idéologique pure. La réalité est là, les chiffres sont là, c’est terrible, mais ces néologismes risquent d’être pires que tout, sans rien régler.

L’ensauvagement de la société pose la question de l’autorité. Vous la trouvez manquante, notamment à l’école …

C’est comme pour l’identité! Quand vous dites « autorité », certains pensent immédiatement autoritarisme, quelque chose de fermé, de ringard. Moi, j’ai une autre vision de ces valeurs-là. On m’a toujours appris que l’autorité était une valeur fondamentale de notre école. J’appelle cela du bon sens.

On pourrait finir par croire que vous êtes conservatrice, ou que vous remettez en cause l’héritage de Mai 68 !

(Rires.) J’accepte totalement les étiquettes que chacun me colle! Mais dans le fond, je crois que peu importe que vous soyez conservateur ou progressiste: il faut parfois revenir au bon sens. Pour ce qui est de Mai 68, ce que vous dites est assez juste …

Mais mon cheminement n’a pas été idéologique. J’ai commencé par mon combat contre l’islamisme, et j’ai vite compris que tout était lié. Je ne pouvais pas parler de civilisation sans parler d’identité, d’identité sans parler d’école … Je suis parvenue à ces conclusions petit à petit, et mon opposition croissante à Mai 68 a été quasiment inconsciente.

Quand on écoute les élites proclamées ou autoproclamées, on se rend compte qu’elles ont un avantage sur nous: elles sont dans le milieu médiatique depuis très longtemps avec une certaine manière de penser et elles ont un discours sur tout. Et parce qu’elles ont un discours sur tout, ça devient le discours dominant. J’ai voulu insérer une de mes convictions, un de mes combats dans un projet de société qui serait irrigué par le bon sens.

Propos recueillis par Charlotte d’Ornellas, Geoffroy Lejeune et Baudouin Wisselmann, avec Timothée Déon, Nils Panisson et Quentin Rousseau.

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