« Un exercice d’une fourberie incroyable »

Publié par le 17 Nov, 2023 dans Blog | 2 commentaires

« Un exercice d’une fourberie incroyable »

A chaque grand attentat, Charlie Hebdo, Bataclan, etc … le Procureur général de Paris, François Molins, donnait une conférence de presse pour nous informer des premiers résultats préliminaires de l’enquête.

A l’époque, j’appréciais son professionnalisme avec lequel il rendait des comptes des faits, en se limitant aux seuls faits, sans jamais déraper en commentaires douteux.

Je l’admirais beaucoup et il représentait pour moi le modèle typique du « Grand commis de l’Etat » – sans peur et sans reproches !

Une fois de plus, ma naïveté fut démontrée par la conduite scandaleuse de François Molins dans l’affaire Dupont-Moretti !

Ce matin, dans la matinale d’Europe 1, Catherine Nay a fait un résumé magistral de cette affaire et l’image que j’avais de François Molins s’est écroulée me laissant un goût amer et un sentiment d’écoeurement.

Voici un résumé de la chronique de Catherine Nay :

Avant d’être nommé ministre, Eric Dupond-Moretti avait porté plainte contre trois magistrats du Parquet National Financier (PNF).

Dans l’affaire Bismuth-Sarkozy, les magistrats cherchaient à savoir qui avait averti l’ex-président et son avocat qu’ils étaient sur écoute. Soupçonnant une dizaine de ténors du barreau, ils avaient donc épluché leurs relevés téléphoniques dont ceux d’Eric Dupond-Moretti qui dénonçait leurs méthodes de barbouzes. Devant le scandale, madame Belloubet, la ministre de la Justice, avait dénoncé une enquête de fonctionnement.

Eric Dupond-Moretti est nommé Garde des sceaux, il retire sa plainte mais c’est lui qui reçoit les résultats du rapport, lequel signalait des manquements possibles en matière de loyauté, de diligence et de rigueur professionnelle.

Alors que faire ? Sa directrice de cabinet, Mme Malbec, interroge François Molins, un ami, qui lui conseille d’ouvrir une enquête administrative, ce que le ministre a fait !

Sauf que cette enquête ne passe pas du côté des juges. Le Syndicat de la magistrature et l’association Anticor portent plainte !

Alors première duplicité de François Molins, le 20 septembre, il signait avec Chantal Arins, dans Le Monde, une tribune pour s’alarmer de l’atteinte à la présomption d’innocence des magistrats par le ministre. En cause, l’enquête administrative qu’il avait lui-même conseillée !

En juillet 2021, perquisition à grand spectacle du ministère de la Justice, après quoi le ministre était mis en examen et le procès annoncé. Eric Dupont-Moretti risquait gros, 5 ans de prison !

Le procès vient de se dérouler cette semaine et ce qui est intéressant, c’est l’audition de François Molins !

Ce fut un exercice de fourberie incroyable !

Il a commencé à se plaindre de ce ministre qui ne l’avait pas invité à déjeuner Place Vendôme comme l’avait fait tous ses prédécesseurs. Vérification faite pas ses avocats, on voit que le procureur est bien entré dans le ministère le 16 juillet 2020 pour y déjeuner ! « Ah oui, j’avais oublié », tente de se justifier François Molins !

Interrogé sur son conseil; de diligenter une enquête, il dit qu’il a donné un conseil mais n’était pas là pour palier les carences du ministre !

Dans un mail retrouvé, François Molins conclut, après échanges avec Jean-Paul Sudre, président suppléant du Conseil de la magistrature, qu’il est absolument indispensable d’ouvrir une enquête administrative sur les trois magistrats du PNF ! Incroyable ! Là, Molins vient de se piéger !

Les avocats d’Eric Dupont-Moretti le disent : s’ils avaient eu ce document, il n’y aurait jamais eu de procès !

Et c’est très grave parce que ce plus haut magistrat a menti sous serment. C’est lui, François Molins qui a fourni au ministre le couteau avec lequel il savait qu’il serait tué !

Monsieur Molins a pris sa retraite, encensé par Libération et Le Monde !

Catherine Nay pour Europe 1.

Je n’ai aucune sympathie pour Eric Dupont-Moretti que j’appréciais autant en tant qu’avocat que je ‘ai détesté en tant que ministre macroniste qui n’a rien fait contre le laxisme judiciaire.

Je l’avais pressenti mais Catherine l’a bien confirmé. Eric Dupont-Moretti est bien victime d’un règlement de compte des juges du Syndicat de la magistrature qui n’ont jamais accepté sa nomination Place Vendôme.

Quant à François Molins, il n’a fait que laisser d’autres le venger de l’homme qui lui avait pris le poste qu’il convoitait !

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2 Réponses à “« Un exercice d’une fourberie incroyable »”

  1. Marie-Pierre C dit:

    Lire à ce sujet l’article circonstancié et éclairant de Régis de Castelnau (qui n’est pas un partisan de son confrère Dupont-Moretti) publié sur son site « Vu du Droit » :

    https://www.vududroit.com/2023/11/affaire-dupond-moretti-une-justice-politique-encore-et-toujours/

    François Molins ambitionnait le poste de Garde des Sceaux, soutenu par la magistrature qui voulait un magistrat à la tête de ce ministère. Grosse déception et… vendetta.?!

    Ainsi qu’en conclut Régis de Castelnau : « La République ferait bien de se pencher sur le fonctionnement d’une justice, qui s’est transformée en une force politique autonome. Qui n’entend pas trancher comme arbitre les contentieux qui lui sont soumis, mais dicter sa propre loi à la société. »

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