Giorgia Meloni a tout bon, quand Macron a tout faux !

Publié par le 10 Sep, 2025 dans Blog | 0 commentaire

Giorgia Meloni a tout bon, quand Macron a tout faux !

Non, Giorgia Meloni et Emmanuel Macron ne se retrouveront pas ensemble en vacances à Brégençon !

Il est probable même qu’ils se détestent. Une détestation pur de Macron envers Giorgia Meloni qu’elle lui rend au centuple par un mépris affiché (voir photo ci-contre) !

Mais, c’est surtout par les politiques qu’ils mettent en oeuvre que l’abime qui les sépare s’illustre le mieux.

Sur l’immigration, l’un s’en accommode, quand il ne la promeut pas, alors que l’une, de l’autre côté des Alpes, la combat pragmatiquement.

Voici un article du Club de Valeurs actuelles dans laquelle Eric Revel interviewe le président du Club Italie-France, Edoardo Secchi :

« Belle revanche pour Giorgia Meloni, qui avait suscité
de vives critiques en Europe », estime Edoardo Secchi

Valeurs actuelles. Quels sont les résultats économiques les plus marquants de Giorgia Meloni, qui fêtera ses trois ans au pouvoir en ce début d’automne ?
Edoardo Secchi. L’année 2024 a été l’une des plus intéressantes pour l’économie italienne et pour le gouvernement de Giorgia Meloni. Le pays affiche des signes de reprise supérieurs à ceux de ses partenaires historiques comme la France et l’Allemagne. Prenons la réduction du déficit. Le ratio déficit/PIB est passé de 7,2 % en 2023 à 3,4 % en 2024. Cette réduction a été portée par une gestion rigoureuse des dépenses, par l’augmentation des recettes fiscales et par l’extinction progressive des incitations exceptionnelles qui avaient pesé sur les finances publiques.

​La dépense publique totale a diminué en proportion du PIB, s’est établie à 50,6 % en 2024 contre 54 % en 2023 ; la dépense hors intérêts est tombée à 46,7 % du PIB (contre 50,3 %). L’Italie a conclu l’année 2024 avec un excédent budgétaire primaire, c’est-à-dire hors prise en compte des intérêts dus au titre de la dette, de 9,6 milliards d’euros ; c’est le seul pays du G7 à avoir réussi, après le Covid-19, à réaliser un excédent primaire. La stabilité politique garantie par le gouvernement Meloni au cours des trois dernières années a représenté un facteur clé dans le renforcement de la confiance des marchés financiers envers l’Italie.

La réputation internationale de l’Italie a fortement évolué. Paris devrait bientôt payer aussi cher que Rome pour se financer auprès des investisseurs internationaux…
La perception de stabilité et de cohésion au sein de la majorité a consolidé la réputation internationale de l’Italie, contribuant à attirer des investissements et à maintenir de bonnes notations de crédit. L’agence S&P a relevé sa note, reflétant ce climat financier en amélioration. Ce n’est pas un miracle économique mais un très bon début prometteur. Belle revanche pour Giorgia Meloni, qui avait suscité de vives critiques en Europe, avant qu’elle puisse démontrer l’impact de sa politique.

Le chômage et le déficit public ont reculé. En revanche, le niveau de la croissance italienne reste faible.
En raison d’une demande intérieure peu dynamique, le niveau de croissance a été pénalisé par un faible pouvoir d’achat et par le déclin démographique. Le premier facteur agit sur le présent, le second, sur l’avenir. La taille du marché limite en outre les économies d’échelle et la capacité à attirer des investissements étrangers orientés vers la consommation intérieure.

Pourtant l’Italie devrait dépasser la France en termes de croissance économique selon les prévisions ! Il y a dans les deux cas un problème de demande intérieure …
Pour relancer la demande, il est nécessaire de mettre en place des politiques ciblées sur les revenus, la natalité et l’attractivité pour les jeunes, ainsi que pour les travailleurs étrangers qualifiés. La faible demande interne impacte la production manufacturière nationale, c’est-à-dire un million d’entreprises qui, entre microentreprises et PME, caractérisent le système productif national. La croissance est plutôt tirée par le commerce extérieur qui représente plus de 40 % du PIB, indispensable à l’économie italienne.

Chez Giorgia Meloni, il y a un mélange de souverainisme, de conservatisme et d’un certain pragmatisme institutionnel. Comment qualifier l’exercice de son pouvoir et son impact sur l’économie ?
Elle a compris qu’une ligne d’affrontement frontal avec l’euro et Bruxelles aurait conduit à un isolement préjudiciable pour l’Italie, sur le plan économique et financier. Elle a donc opté pour une posture plus modérée et pragmatique. Sa force réside dans sa capacité à avoir offert au pays une stabilité politique inédite tout en s’imposant comme une alternative crédible, face à la gauche et aux populistes dépourvus de vision stratégique, tels que la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles.

Meloni suit une stratégie originale contre les flux migratoires : il s’agit d’investir financièrement dans les pays d’origine des migrants, Tunisie, Libye, pour y améliorer les conditions économiques et garantir le “droit à ne pas émigrer”. Cette méthode est-elle efficace ?
Il est trop tôt pour le dire. L’immigration en Italie comme en Europe nous confronte à un défi colossal. Dans un monde concurrentiel, la compétition s’est déplacée vers les domaines de la technologie et de l’innovation. Ces secteurs exigent des investissements massifs en R&D, en formation et dans les industries d’avenir.

Si, jusqu’à présent, l’Europe s’est contentée d’importer une main-d’œuvre peu qualifiée pour l’employer dans le secteur tertiaire, elle ne peut plus se le permettre. Nos meilleurs talents quittent l’Europe pour créer de la valeur ajoutée aux États-Unis, en Chine, en Asie du Sud-Est ou au Moyen-Orient. Tandis que nous importons très souvent des personnes qui ne disposent pas d’un niveau de qualification “acceptable”.

​La question à se poser est la suivante : combien cela coûte-t-il à un État, en termes d’investissements et de temps, pour élever ces personnes à notre niveau de compétences et les rendre opérationnelles dans l’économie ? Et pourquoi nos gouvernements ne se préoccupent-ils pas davantage des millions de citoyens européens tombés dans la pauvreté après avoir perdu leur emploi ? Ce sont eux qui devraient être au cœur des politiques sociales et économiques, avant toute stratégie migratoire à courte vue.

La présidente du Conseil italien est devenue l’interlocutrice privilégiée de Donald Trump, leader en Europe ! On l’a vu encore sur les négociations de paix en Ukraine. Comment expliquer ce changement de statut politique ?
Les relations entre l’Italie et les États-Unis ont toujours été excellentes, renforcées par le rôle crucial joué par les nombreuses organisations italo-américaines, et par l’influence culturelle et politique de la communauté italo-américaine. Parmi les figures emblématiques, Nancy Pelosi, première femme d’origine italienne à occuper le poste de présidente de la Chambre des représentants, Mike Pompeo, ancien secrétaire d’État, Andrew Cuomo, ancien gouverneur de New York, et Ron DeSantis, gouverneur de Floride. N’oublions pas les pionniers comme Ella Grasso, première femme élue gouverneur d’un État américain, et John Orlando Pastore, premier sénateur italo-américain.

Cependant, cette fidélité historique envers Washington pourrait représenter une limite pour le gouvernement Meloni, à un moment où l’Europe est appelée à redéfinir son rôle stratégique. Si le Vieux Continent veut survivre dans un monde multipolaire, il devra acquérir une voix unique, claire et affirmée. La double fidélité aux États-Unis ne coïncide plus, dans de nombreux domaines, avec les intérêts stratégiques de l’Union européenne. Il est temps de le reconnaître et d’agir en conséquence.

Meloni aurait-elle pu jouer un rôle plus efficace que la fédéraliste Ursula von der Leyen dans la bataille sur les droits de douane de 15 % imposés par Trump à l’Union européenne ?
Après avoir assisté à la crucifixion politique d’Ursula von der Leyen et à sa “négociation à perte” face à Donald Trump, beaucoup se sont demandé si elle défendait les intérêts de l’Europe ou si elle agissait en représentante commerciale des États-Unis. Le problème réside dans l’absence d’un leadership politique fort et unifié au sein de l’Union européenne, doté d’un mandat clair et partagé à l’échelle nationale.

Emmanuel Macron avait raison, comme Mario Draghi, lorsqu’il affirmait que l’Europe devait assumer ses responsabilités et cesser d’être dépendante des États-Unis. Cette situation de dépendance à l’égard des entreprises américaines est le fruit de choix politiques, opérés au fil des années par les gouvernements et les institutions européennes, qui n’ont pas favorisé la naissance de champions industriels européens capables de rivaliser à l’échelle mondiale.

Propos recueillis par Eric Revel pour le Club de Valeurs actuelles.

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