« Oui-Oui au pays des racailles »

Publié par le 5 Fév, 2024 dans Blog | 2 commentaires

« Oui-Oui au pays des racailles »

J’ai repris le titre de cet article dans celui d’une critique au vitriol que vient de publier Eugénie Bastié à propos du dernier ouvrage du sociologue Jean Viard.

Jean Viard sera la vedette de  notre blog cette semaine puisque je lui ai fait l’honneur de figurer dans un précédent article à l’occasion d’un débat avec Alain Bauer:

Foutez-nous la paix avec la colonisation et sa repentance

J’ai un faible pour Eugénie Bastié que je tiens pour l’une de nos plus brillantes journalistes et chroniqueuses françaises.

Voici la critique du livre de Jean Viard qu’elle vient de publier dans Le Figaro :

Voici ce qu’en a dit Jean Viard lui-même :

C’est bon signe que l’extrême droite attaque mon livre ! je trouve ça plutôt positif et elle va beaucoup aider à le vendre !

Lui collant en même temps l’étiquette infamante d’extrême droite … à défaut d’arguments !

Jean Viard sur les émeutes, ou Oui-Oui au pays des racailles

Le sociologue macroniste Jean Viard explique les émeutes de juillet 2023 par les violences policières et la « pénurie d’amour » dont souffrent les banlieues. Pour répondre en profondeur à la crise, il appelle à construire davantage de mosquées et à légaliser le cannabis.

De nos jours, les intellectuels progressistes se divisent en deux catégories : les Philippulus, qui annoncent tambour battant l’apocalypse, et les Pangloss, claironnant que tout va bien dans le meilleur des mondes. Jean Viard appartient sans conteste à la seconde catégorie. Dans son dernier ouvrage au titre en forme de haiku excusiste Une émeute est le langage de ceux qui ne sont pas entendus (éditions de l’Aube), le sociologue entreprend de mener une réflexion sur les émeutes de juillet 2023. Il les analyse comme un mouvement de révolte de jeunes marginalisés par une France qui refuse d’accepter son métissage et son multiculturalisme.

Jean Viard n’est pas n’importe qui. Ce n’est pas un obscur doctorant de Paris 8 ou un militant intersectionnel à keffieh. Non, c’est le sociologue officiel de la radio publique. Dans « Questions de société » le toutologue débite tous les dimanches sur Franceinfo des truismes au kilomètre sur la révolte des agriculteurs, les inondations, le menu du réveillon et les pistes cyclables. Macroniste de la première heure, candidat malheureux d’En marche dans le Vaucluse en 2017, il faisait partie en mai 2023 des quatre sociologues invités pour un déjeuner à l’Élysée au cours duquel Jérôme Fourquet a glissé au chef de l’État le concept de « décivilisation » pour qualifier la montée de la violence dans notre pays. Expression que réprouve notre Monsieur Homais du vivre-ensemble. Il s’alarme :

Quel mot dangereux ! Cette société de décivilisation est aussi une société de recivilisation ! Si on ne veut pas le voir, on favorise un nouveau fascisme.

 Ah. Aurait-il inspiré Emmanuel Macron ? Lors de sa conférence de presse du 16 janvier, le président de la République s’est une nouvelle fois refusé à faire le lien entre les émeutes et l’immigration. Il a avancé plusieurs pistes pour expliquer ce déchaînement de violence : l’avancement du baccalauréat qui avait laissé ces jeunes désœuvrés, l’absence de départ en vacances et les écrans. Dans cet essai de 120 pages, Viard va plus loin dans la culture de l’excuse. « Comment ne pas comprendre leur colère », écrit-il. Ou, à propos des pillages : « facile de dénoncer ces vols en sortant du restaurant ». Tout est invoqué pour justifier le recours à la violence : le délit de faciès, le numérique, « le début des grandes vacances sans projet », une « génération traumatisée par le Covid », « un État qui sous-investit dans ces territoires » qui manquent aussi de « spirituel » et souffrent d’« une pénurie d’amour ».

On est entre un discours du pape François dans l’avion, Oui-Oui au pays des racailles ou Petit Ours Brun fait de la sociologie.

« Brun » est d’ailleurs un adjectif que Jean Viard affectionne beaucoup :

Chaque fois, des jeunes, essentiellement à la peau brune ou noire, se mettent en mouvement contre une police et une société de plus en plus formatées aux idées brunes.

Visiblement très fier de ce rapprochement sémantique, Viard l’utilise à plusieurs reprises : « les quartiers bruns » (de peau), « brun » d’extrême droite aussi, « la France politique brune contre la force des corps bruns ». Original.

Jean Viard n’est pas de ceux qui nient l’importance du bouleversement démographique que vit notre pays. Il rappelle que, de 1999 à 2020, le nombre d’immigrés au sens de l’Insee est passé de 4,4 millions à 6,8 millions, soit + 56 %, alors que la population française a augmenté de 11 %.

Le déni, qui était l’axe central du discours immigrationniste, a laissé place à la fatalité réjouie.

Selon lui, il est vain de s’inquiéter de ce basculement en cours. Les remous tumultueux qu’il inspire ne sont la faute que des Français récalcitrants à admettre les bienfaits de cette réalité advenue. « La France métissée postcoloniale est déjà là. » Le sous-titre Pour une pensée postcoloniale positive atteste de son optimisme.

La méthode Coué appliquée à l’archipel français. Pourquoi pas le communisme disruptif ou l’anarchisme résilient ?

Les présupposés de la pensée postcoloniale (la colonisation est le pire des crimes qui justifie désormais la déconstruction de la culture majoritaire dans les anciens pays colonisateurs par les anciens colonisés) sont ici mâtinés de bienveillance centriste.

Jean Viard le proclame, il est un modéré qui se bat contre les extrêmes. Mais il reprend en réalité le catéchisme diversitaire sous sa forme la plus radicale.

En exergue de son essai, il place cette phrase de Fernand Braudel :

Tous les Français, si le regard se reporte aux siècles et aux millénaires qui ont précédé notre temps, sont fils d’immigrés.

C’est trahir l’auteur de L’Identité de la France que de placer un discours multiculturaliste sous son patronage. Lui qui écrivait aussi :

L’assimilation a été la clé d’une intégration sans douleur de ces immigrés qui se sont vite confondus dans les tâches et les replis de notre civilisation tandis que leurs cultures d’origine ont apporté une nuance de plus à notre culture complexe. 

Or Viard récuse l’assimilation en bloc. Au contraire, il prône :

une France métisse rassemblée dans un projet afro-méditerannéen, une France multireligieuse et multiculturelle,

en ajoutant sans pouvoir le démontrer :

plus puissante qu’elle ne l’a jamais été.

Jean Viard se veut pragmatique. Il entend apporter des solutions concrètes au problème des banlieues. Il fourmille d’idées géniales.

Il faut construire davantage de mosquées, notamment sur les places principales des grandes villes des grandes régions françaises,

afin de montrer l’acceptation de l’islam comme deuxième religion française, mais aussi,

métisser les noms de nos rues et de nos places, faire de la France la Grande Sorbonne de l’Afrique et faire des jeunes de faubourgs des passeurs, aptes à mener la guerre climatique dans des pays avec lesquels ils ont des liens.

Enfin, il faudrait légaliser le cannabis.

Il compare son interdiction à la grande prohibition. Il y voit :

l’angoisse identitaire d’une France des vignobles. Plantons du haschich en France et en Europe,

vibre-t-il. Quel génie ! D’une pierre deux coups : on occupe les jeunes désœuvrés et on trouve un débouché à la crise des agriculteurs. Il fallait y penser.

Jean Viard a beau mettre en garde, avec une folle originalité, contre

une atmosphère qui sent furieusement les années 1930,

quand on lit son livre on a l’impression de remonter le temps jusqu’aux années 1980, celles des slogans naïfs de SOS-Racisme et du multiculturalisme triomphant. « Il faut penser jeune », ose-t-il pourtant.

À 75 ans, tel un Hibernatus décongelé du permafrost progressiste, il nous replonge dans les heures les plus niaises de notre histoire avec un aplomb confondant.

Il nous rappelle que, du service public jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir, cet irréalisme qui nous a conduits dans le mur a encore son rond de serviette.

Eugénie Bastié pour Le Figaro.

Magistral, non ?

Mais le sociologue habilité à l’Elysée et à France Inter, lui, est terrifiant !

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2 Réponses à “« Oui-Oui au pays des racailles »”

  1. la « pénurie d’amour » dont souffrent les banlieues … je pensais avoir tout entendu, connaître pratiquement toutes leurs ruses, hé bien non, ils m’étonnent encore !
    Heureusement Eugénie Bastié est là, mais combien sont-ils en face qui vont avaler ces couleuvres, et soutenir ces propos ?

  2. Encore un con de goche, comme il n’a aucun vrai argument, c’est l’ideologie, la folie qui va remplacer la realité.

    Toutes les pseudo solutions seront evidement debiles, puisque sortie d’un manipulateur qui ne cherche pas a trouver la solution pour les francais, mais a laisser la france couler comme la goche aime.

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