Communisme, trop de complices !

Publié par le 3 Nov, 2017 dans Blog | 0 commentaire

Communisme, trop de complices !

Oui, je sais, en principe, on ne tire pas sur les ambulances !

Et aujourd’hui, les communistes auraient plus besoin d’une opération de sauvegarde d’une espèce en voie de disparition que d’attaques contre une idéologie en perte de vitesse.

Mais, le relatif succès de la France insoumise nous enseigne que le danger peut resurgir sous des formes mutantes.

Par ailleurs, la gauche est prompte à taxer la droite de fascisme, à nous rappeler « les heures les plus sombres de notre pays » ou curieusement elle ne reconnait que des responsabilités à droite ! La théorie du point Godwin se vérifie d’ailleurs très souvent dans les arguments utilisés par la gauche (voir note en fin d’article).

La gauche oublie toutes les complaisances, pour ne pas dire les complicités, dont a bénéficié le communisme dans notre pays, notamment parmi les intellectuels de gauche.

Dans ce cadre, Valeurs actuelles a publié, la semaine dernière, une interview de Thierry Wolton à l’occasion de la publication du troisième tome de son histoire mondiale du communisme.

En voici des extraits :

Affiche de propagande soviétique mettant Lénine à l’honneur. Cette propagande a permis à une idéologie sanglante et meurtrière de bénéficier de multiples supporters. © WWW.BRIDGEMANIMAGES.COM

Elle a porté les espoirs les plus fous et a débouché sur une hécatombe unique en son genre. Amenée au pouvoir par le coup d’État des bolcheviques en octobre 1917, l’idéologie communiste a disséminé son venin dans de nombreux pays jusqu’à sa chute en 1991, laissant derrière elle un sillage de sang et de larmes. 

Valeurs actuelles : Vous consacrez ce troisième et dernier opus aux complices du communisme. Qui sont-ils ?

Pablo Picasso à Vallauris en 1948. Une responsabilité morale toute particulière envers les victimes.

Thierry Wolton : En premier lieu se trouvent les Partis communistes, aux ordres de Moscou et dont ils recevaient les subsides, et avec eux leurs militants. Puis les intellectuels, dont la responsabilité est plus grande car ils étaient censés être informés et penser en connaissance de cause. Leur engagement les a abêtis quand ils se sont  tus face aux crimes, s’ils n’ont pas applaudi.

Dans une lettre ouverte à Picasso, dont la renommée mondiale et l’engagement pour le communisme représentaient un symbole de la complicité intellectuelle dans les années 1950, l’écrivain polonais Czeslaw Milosz, futur Prix Nobel de littérature, a ainsi écrit :

le soutien du peintre avait été essentiel pour le rayonnement de l’URSS dans le monde et que son indignation aurait été encore plus essentielle pour les victimes.

L’intellectuel, par sa fonction d’éclaireur de la pensée, a eu une responsabilité morale particulière, il a aidé ses contemporains à garder bonne conscience face aux malheurs engendrés par le communisme.

Les dirigeants des pays démocratiques forment un autre groupe de complices, pour avoir négligé la souffrance des ressortissants de ces régimes sous prétexte de ne pas s’immiscer dans leurs affaires intérieures. D’une manière générale, les États sont des monstres froids, ce qui permet de comprendre le cynisme dont ont pu faire preuve des responsables politiques comme Churchill ou Roosevelt, qui ont livré à Staline des centaines de milliers de Russes cherchant à fuir l’URSS après la guerre.

Enfin, le quatrième groupe de complices concerne les capitaines d’industrie qui ont commercé avec les Soviétiques sans états d’âme, aguichés par des perspectives de profit, et qui ont même été fascinés par les méthodes d’encadrement des travailleurs sous le joug communiste. C’est le cas de Henry Ford qui devint le premier producteur de tracteurs en Russie alors que les paysans collectivisés étaient réduits en esclavage. […]

Valeurs actuelles : Il y a eu des compagnons de route, des idiots utiles, des agents d’influence, quelles différences faites-vous entre eux ?

Thierry Wolton : Le terme de « compagnon de route » est de Trotski, il date de 1922. Il désigne l’intellectuel qui se met au service de la cause communiste sans forcément y adhérer complètement. […]

L’idiot utile désigne plutôt l’homme politique ou l’homme d’affaires qui sert la propagande par ignorance, par déni de la réalité ou par intérêt car il est corrompu.

Édouard Herriot, ancien président du Conseil  sous la III ème République, en est l’un des plus célèbres. Invité par Moscou au début des années 1930, alors que la famine décimait l’Ukraine, il a vanté les formidables avancées de l’agriculture soviétique sans voir un seul des millions de morts de ce drame.

L’agent d’influence ou le désinformateur est, lui, enrôlé par les services secrets, utilisé par eux pour diffuser de fausses informations, voire pour des actes d’espionnage. Certains journalistes ont parfois été des compagnons de route et des agents d’influence. Walter Duranty, du New York Times, Prix Pulitzer, a sans doute été l’un des plus efficaces avant-guerre. […]

Valeurs actuelles« Le deuil du communisme n’est pas terminé », relevez-vous. Pourquoi ?

Thierry Wolton : Le communisme tel qu’il a existé au XX ème siècle est terminé même s’il existe encore des pays communistes : Chine, Corée du Nord, Laos, Viêtnam, Cuba et Érythrée. Le terreau sur lequel l’idéologie a prospéré n’est plus. Pour faire simple, cette idéologie née avec la révolution industrielle du XIX ème n’est plus valable à l’ère numérique. Révolu, le communisme ne laisse pas moins des cicatrices vives. Sa condamnation, assortie du fameux devoir de mémoire vis-à-vis de ses innombrables victimes, reste à venir tant il est difficile de désigner et de condamner les coupables, des donneurs d’ordre aux exécuteurs, des complices aux indifférents, même si les responsabilités ne sont pas les mêmes, évidemment. Pour toutes ces raisons et d’autres, le travail de mémoire est difficile. Mon pari est que la mesure de la tragédie communiste ne sera vraiment prise et comprise que lorsqu’il ne restera plus aucun témoin de cette époque.

Propos recueillis par Anne-Laure Debaecker

Qu’est ce que le point Godwin ? (source Wikipedia)

La loi de Godwin est une règle empirique provenant d’un énoncé fait en 1990 par Mike Godwin relatif au réseau Usenet, et popularisée depuis sur Internet :

« Plus une discussion en ligne dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Adolf Hitler s’approche de 1. »

Cette « loi » s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes. L’exemple le plus courant consiste à comparer le thème de la discussion avec une opinion nazie ou à traiter son interlocuteur de nazi. En l’absence de précision de Mike Godwin sur les extensions possibles, on hésite à parler de point Godwin pour une comparaison avec tout régime dictatorial autre que le nazisme.

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