La tentation autoritaire française

Publié par le 17 Avr, 2018 dans Blog | 0 commentaire

La tentation autoritaire française

Dans deux essais célèbres, l’Absolutisme inefficace et La tentation totalitaire, Jean-François Revel s’étonne du penchant des hommes en général, des intellectuels et des politiques en particulier, à préférer l’autoritarisme aux libertés, la dictature « douce » à la démocratie libérale.

En effet, en France, à gauche ou à droite, on n’hésite pas à faire des clins d’œil à d’autres formes d’organisation politique et économique en prétextant l’échec du système libéral malgré l’échec et la faillite des économies dirigées et des régimes dictatoriaux au XXe siècle.

C’est sur le site de l’IREF (Institut de Recherches Economiques et Fiscales) qu’on trouve ce plaidoyer pour un peu plus de libéralisme dans la politique française. Car, la gauche entretient cette escroquerie intellectuelle majeure qui consiste à faire croire que les inégalités en France sont dues au libéralisme.

Mais le libéralisme n’a jamais eu droit de cité en France !

Même quand c’est la droite qui est au pouvoir, car ses racines gaullistes l’imprègnent encore d’un certain étatisme. Quant à la gauche, comme le dénonce souvent Eric Zemmour, elle n’applique que le volet sociétal du libéralisme (mariage gay, PMA, GPA, etc …).

L’article déplore le fait que même Emmanuel Macron, malgré son parcours professionnel et politique, ne semble pas prêt à ouvrir la porte au libéralisme. S’il ouvre un peu la porte sur le plan économique, il verrouille tout sur le plan politique.

Le Parlement soumis et l’étatisme rampant

Des signes inquiétants proviennent même du pouvoir en place et de sa réforme des institutions, comme le montre très bien l’article de Jean-Philippe Delsol. Au lieu de donner plus de pouvoir de contrôle des dépenses publiques au Parlement, comme c’est le cas dans d’autres pays, cette réforme le rend encore plus inutile. Pourquoi avoir fait campagne pour une Assemblée issue de la société civile, si c’est pour la museler ? Par ailleurs, une vraie réforme des institutions serait d’accorder une vraie place, dans le processus réformateur, à la société civile et à l’individu. Il n’en est rien et le débat télévisé auquel s’est livré le président Macron le soir du 15 avril a confirmé nos craintes. Au-delà de quelques situations grotesques face aux deux « journalistes » improvisés, on a surtout constaté le fait que Macron reste fidèle à son étatisme : aucune réforme libérale importante n’est prévue. Au contraire, c’est l’Etat qui va s’occuper de tout : retraite, fiscalité, dette de la SNCF, c’est l’Etat (les contribuables) qui va payer !

La même tentation étatiste et autoritaire est présente chez une grande partie de la droite empêtrée dans une sorte de gaullisme réchauffé. On nous ressort les mêmes objections sur l’échec de l’économie libérale – comme si la France avait déjà connu une économie de type libéral – et on nous propose de nouveaux « modèles ». En plus du « poutinisme » et de son régime autocratique qui s’appuie sur une économie mafieuse et tiers-mondiste et qui, pour le moment, a fait ses preuves dans l’empoisonnement des adversaires politiques et des journalistes, dans la conquête des territoires et le « hacking » sur internet, on a fait une autre trouvaille.

L’économie hongroise est beaucoup plus libérale que celle française

Après le libéralisme « sauvage », l’ « ultralibéralisme » et le « néolibéralisme », nous avons droit à l’ « illibéralisme ». Un libéralisme sans limites ? En réalité il s’agirait d’un système plutôt autoritaire, en tout cas, très encadré, afin de maîtriser les « dérives libéral-progressistes ». L’exemple donné est celui de Viktor Orban en Hongrie (et aussi, mais plus rarement, celui de Trump aux Etats-Unis). Quelques précisions s’imposent. Plus de 70 % des Hongrois ont voté en faveur des deux partis anti-immigration. La Hongrie d’aujourd’hui est un pays qui s’est opposé à la demande de Bruxelles d’accueillir des réfugiés sur son territoire. Son « illibéralisme » – si c’est cela le terme – s’arrête bien là. Son économie, elle, n’est pas moins libérale que celle de la France ; elle l’est autrement : il existe une flat tax à 15 % pour les contribuables et à 9 % pour les sociétés (IS), le plus bas de l’Union européenne ! C’est un petit pays mais l’un de ceux qui attirent le plus d’investissements. Regardons notre poutre avant de critiquer la paille des autres.

Il existe en effet, dans ces pays de l’Est, des réactions électorales – populistes ou pas – générées par la peur, celle des immigrés musulmans mais aussi celle des mesures « progressistes » comme le mariage homosexuel ou la PMA et la GPA. Contrairement à ce que pense une partie de la droite française, il ne s’agit pas d’une contestation de l’économie libérale. Il vaudrait mieux parler de réaction « anti-libertaire » et non pas « illibérale ». A l’époque de la mondialisation, ce sont les vraies réformes économiques libérales qui sauveront la France et ces pays anciennement de l’Est, pas la tentation autoritaire qui est vouée à l’échec comme le gaullisme en son temps.

Nicolas Lecaussin pour l’IREF

Autre article de fond sur le libéralisme :

« Cette France qui s’acharne contre le libéralisme sans jamais en voir ses vertus »

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