Ci-gît le baccalauréat !

Publié par le 16 Fév, 2021 dans Blog | 1 commentaire

Ci-gît le baccalauréat !

Un article paru dans Valeurs actuelles sous la signature de Franck Ferrand me donne l’occasion de lui rendre hommage ici, ainsi qu’à toute la joyeuse troupe qui anime les émissions Face à l’Info et La Belle Histoire de France.

Moi qui ne suis pas un fan d’Histoire de France, je ne manque désormais plus une seule émission de la Belle Histoire de France, chaque dimanche à 14H, car le trio composé de Christine Kelly, Marc Menant et donc Franck Ferrand rend l’Histoire finalement passionnante.

Cette émission m’apporte en plus une autre jubilation ! Celle de savoir que beaucoup des néo-historiens gauchisant doivent frôler l’attaque cérébrale à chaque opus de l’émission !

J’ai noté trois points qui doivent beaucoup les énerver :

  • D’abord le titre La Belle Histoire de France eux qui passent leur temps à dénigrer la France et à tenter de nous faire culpabiliser sur certains épisodes de cette épopée (oui, j’en rajoute un peu !)
  • Le respect de la chronologie et le refus de traiter l’Histoire par thèmes doivent aussi être taxés d’hérésie par ces mêmes historiens !
  • Et puis, le rôle de l’Eglise dans la constitution de la France n’est pas minimisé ce qui doit hérisser les bouffeurs de curés ! Il faut rendre hommage à Marc Menant qui est assez laïcard mais qui respecte l’Histoire factuelle.

Voici l’article de Franck Ferrand qui administre l’extrême onction à feu le Baccalauréat :

Profitant du virus, les vieux ennemis du bac ont planté le dernier clou dans le cercueil d’un examen qui, depuis des années, était plus mort que vif.

Aux pires heures de la Grande Guerre, même dans les départements occupés par l’armée allemande, les lycéens français avaient pu passer les épreuves du baccalauréat. L’Éducation nationale avait su tenir bon, comme elle saurait, une génération plus tard, recevoir les candidats de l’Occupation, jusque dans les soubresauts du printemps 1944. Pour cette session-là, certains devaient railler un “bac de complaisance », comme on parlerait, au lendemain de Mai 68, d’un “bac au rabais” – bon an, mal an, l’examen n’en avait pas moins survécu.

Jusqu’à ces derniers jours …

Car, cette fois, la messe est dite: pour raisons sanitaires – vous savez le bien que j’en pense -, les épreuves du bac ne se tiendront pas cette année; la certification se fera par contrôle continu. Toute l’époque est dans ces deux mots: contrôle continu. Pauvre bachot, qui remontait au temps des cathédrales ! Surtout, pauvres élèves, privés d’un grand rite de passage ! N’oublions pas qu’il s’agissait du premier grade universitaire, susceptible d’ouvrir à ceux qui l’avaient décroché un accès aux études supérieures.

Il est vrai que le niveau du bac avait beaucoup baissé.

« Un bon bachelier d’aujourd’hui ne vaut pas un titulaire médiocre de l’ancien certif », répétait un de mes regrettés professeurs … L’examen pouvait même tourner à la parodie: l’été 2019, à cause d’une grève de correcteurs, on était allé jusquà décer- ner… des notes aléatoires! À la session suivante, malgré les perturbations du premier confinement, le taux de réussite avait atteint des sommets – preuve, s’il en avait fallu, que ce parchemin n’était plus qu’un leurre.

La vérité, c’est que l’existence du baccalauréat gênait depuis longtemps les pédagogistes pour qui l’émulation est un danger, la sélection, un vice. Tenants d’une idéologie militante, ces apôtres du Bourdieu, du Passeron des Héritiers (1964) s’imaginent que de telles épreuves sont un moyen pour l’élite d’entretenir sa domination. Il leur fallait donc supprimer non seulement la sélection mais, dans sa dimension verticale, la transmission elle-même.

Le résultat, on le connaît : le naufrage de l’école et un nivellement par le bas fatal à plusieurs générations, aussi frustrant pour l’épanouissement personnel que délétère pour la société. Chaque rapport PISA de l’OCDE marque un nouveau recul; la récente enquête Timss place la France – naguère si douée pour les mathématiques – aux derniers rangs dans cette matière, derrière l’Albanie ou l’Azerbaïdjan ! Ou comment notre système d’éducation, autrefois cité en exemple, est devenu l’un des moins efficients du monde …

Dans son ouvrage Les Déshérités ou l’urgence de transmettre, François-Xavier Bellamy écrivait en 2014 : « L’Œuvre de Bourdieu a еu une immense influencе; mais elle a produit exactement l’école qu’elle voulait condamner. En interdisant aux enseignants de transmettre la culture, nous condamnons comme jamais les enfants dont les familles n’ont pu prendre le relais. Une école qui ne transmet rien abandonne les enfants de milieux moins favorisés. »

Je puis en témoigner, moi qui suis de modeste origine, élève de l’enseignement public, premier de ma famille à décrocher le bac, puis reçu, par la grâce d’un concours anonyme, dans une grande école parisienne qui, à lépoque, n’examinait pas
les dossiers et ne réservait aucun quota … Je suis à peu près certain que trente-cinq ans après, un tel parcours au mérite serait impossible. Venin très subtil du contrôle continu … Devant l’histoire, Jean-Michel Blanquer ne portera pas seul cette faute terrible : la mort du baccalauréat. Ses devanciers avaient depuis longtemps distillé le poison concocté en sous-main par des palanquées d’herboristes en col blanc. Du moins l’actuel ministre – dans les arcanes depuis trois décennies – aura-t-il porté le coup de grâce et signé l’avis de décès. Un fait d’armes qui, dans son monde, en vaut peut- être un autre.

Franck Ferrand pour Valeurs actuelles.

Retrouvez Franck Ferrand raconte sur Radio Classique, du lundi au vendredi, à 9 heures.

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Une réponse à “Ci-gît le baccalauréat !”

  1. Franchement, dans une émission comme celle-ci, mettre un flic!

    C’est dommage pour moi qui apprécie Franck Ferrand et Marc Menant!

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