« Libéralisme » : le mal absolu … en France !

Publié par le 17 Mar, 2018 dans Blog | 0 commentaire

« Libéralisme » : le mal absolu … en France !

Nul n’est prophète en son pays !

Et tout particulièrement en France !

Depuis des décennies, les idées de gauche s’étaient imposées dans notre pays. Elles régnaient en maître dans les médias, dans la justice, parmi les syndicats, dans l’Education nationale et surtout au sein de l’Université française.

Le sectarisme étant une des caractéristiques majeures de la pensée de gauche, à l’Université, toutes les théories qui n’étaient pas « dans la ligne du parti » étaient impitoyablement écartées ou stigmatisées.

C’est le cas du libéralisme, qualifié toujours du préfixe ultra par la gauche et qui n’a pourtant jamais été appliqué en France. Cette semaine, dans Valeurs actuelles, Eric Brunet tente de réhabiliter un économiste célèbre dans le monde entier mais totalement ignoré des élites françaises : Frédéric Bastiat. Voici cette chronique :

On veut étudier Bastiat !

Frédéric Bastiat, méconnu en France, est considéré à l’étranger comme un grand économiste qui a prôné le libéralisme, à tel point qu’un prix porte son nom.

Eric Brunet

Le libéralisme est perçu chez nous comme une idéologie anglo-saxonne exportée par l’impérialisme yankee. À en croire communistes, socialistes, gaullistes, frontistes, souverainistes, antieuropéens, le libéralisme serait à l’opposé de la pensée économico-politique française, profondément imprégnée d’étatisme depuis l’Ancien Régime. ~

C’est faux !

Nombre d’intellectuels français ont pensé et diffusé le libéralisme en Europe. Et oui: le libre-échange et la déréglementation de l’économie ont été théorisés par des cerveaux bien de chez nous. Le plus brillant d’entre eux, Frédéric Bastiat, est méprisé par l’université française, alors qu’il est considéré dans le monde entier comme l’un des économistes les plus importants de l’histoire.

Né, en 1801, à Bayonne, Bastiat travailla comme négociant puis comme juge de paix avant de se lancer, à 43 ans, dans le journalisme. Il devint célèbre en écrivant des articles satiriques fustigeant le protectionnisme. Il publia, par exemple, un texte allégorique dans lequel il imaginait des fabricants de bougies déposant une pétition à l’Assemblée afin d’exiger que l’État mette fin à la concurrence déloyale du Soleil ! Dans l’article de Bastiat, les pétitionnaires du XIX ème siècle revendiquaient la fermeture des fenêtres et des lucarnes par lesquelles pénétrait la lumière (dans le même genre ubuesque, j’ai connu, dans les années 2000, un syndicat de France Télévisions qui refusait d’utiliser les nouvelles caméras numériques pour les reportages du JT parce que leur définition ultra-performante rendait inutile l’emploi d’un collègue éclairagiste).

Bastiat aimait aussi railler les craintes suscitées par la recherche de la productivité en invitant les travailleurs à utiliser leur seule main gauche dans le but de maintenir la cherté des produits (je devrais utiliser cette anecdote dans mes débats avec Laurent Neumann). Selon Bastiat, « détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence ».

Bastiat entra dans l’arène politique à la suite de la révolution de 1848, en se faisant élire député des Landes. Devenu vice-président de la commission des finances, il se distingua par sa grande liberté d’esprit. Il siégeait à la gauche de l’Assemblée, mais il votait parfois avec les conservateurs lorsqu’il estimait que ceux-ci avaient raison. Il s’opposa à l’esclavage et défendit le droit syndical et la liberté d’expression de ses adversaires. Défenseur acharné de la liberté et de la propriété, il n’eut de cesse de combattre le socialisme, qu’il surnommait « la spoliation légale ». ll créa l’Association pour la liberté des échanges et entama même un tour de France de conférences afin de promouvoir les idées libérales. C’est durant ce périple qu’il contracta la tuberculose. ll s’éteignit prématurément à l’âge de 49 ans.

La Loi est certainement le plus célèbre et le plus brillant des écrits de Frédéric Bastiat. Dans ce court pamphlet, Bastiat moque l’interventionnisme de l’État, qui, sous prétexte de philanthropie, invente des droits artificiels (droit au travail, droit à l’instruction, droit à l’assistance, droit au crédit, droit au bonheur, etc …) En poursuivant ces chimères, l’État produit l’insatisfaction, les crises politiques, les conflits sociaux et la pauvreté pour les masses.

Bastiat publia aussi Harmonies économiques, un traité d’économie de référence pour les libéraux du monde entier. Avec un siècle et demi d’avance, Bastiat prophétisa la faillite programmée du système étatiste français. Sa postérité est immense. Il fut l’un des économistes préférés de Ronald Reagan et de Margaret Thatcher.

Chaque année, l’International Policy Network, à Londres, remet le prix Bastiat à un journaliste ayant défendu les libertés économiques et sociales. Parmi les membres du jury, on compta les Prix Nobel d’économie Milton Friedman et James M. Buchanan. L’année dernière, près de 15 000 exemplaires de La Loi ont été vendus aux États-Unis.

Pourtant, Frédéric Bastiat reste injustement méconnu en France. Rarement l’expression « nul n’est prophète dans son pays» aura été aussi appropriée.

Eric Brunet pour Valeurs actuelles.

A lire de Frédéric Bastiat : Sophismes économiques.

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