De l’arrogance française …

Publié par le 10 Jan, 2018 dans Blog | 0 commentaire

De l’arrogance française …

La toute première critique que formulent les étrangers à l’encontre des Français porte sur leur arrogance !

Heureusement, cela n’empêche ces mêmes étrangers de faire de la France la première destination touristique du monde. Ce qui est totalement incroyable quand on observe la minuscule surface que représente l’hexagone sur un globe terrestre.

D’où probablement cette arrogance …

Oui, l’arrogance est bien l’un de nos plus grands défauts, et c’est encore plus vrai dans le domaine politique !

Par exemple, le vocable « modèle social français » est en soi, une énorme escroquerie intellectuelle. Il s’agit plus exactement d’un anti-modèle, très peu performant et qui fonctionne à crédit en laissant à nos descendants le soin de régler la note. D’ailleurs nous avons peu à nous battre contre les contrefaçons que notre « modèle » suscite à l’étranger !

Dans les débats politiques, l’argument qui consiste à noter que les pays étrangers utilisent un modèle social très différent et qu’ils obtiennent de meilleurs résultats que la France, est immédiatement balayé avec mépris par la gauche et les syndicats sous des prétextes peu convainquants :

  • Oui, mais la France est différente, ça n’est pas comparable !
  • On ne peut comparer la France au  Danemark qui est un bien plus petit pays !
  • On ne peut comparer la France aux Etats-Unis qui est un bien plus grand pays !
  • Nous autres, Français, avons une culture très différente !
  • Les Anglais viennent se faire soigner en France !
  • etc …

L’Institut de Recherches Economiques et Fiscales (IREF) a eu l’idée de rechercher les pays étrangers qui pourraient être pris en exemple par la France pour se réformer et ainsi résoudre ses problèmes. Voici cet article :

En 2018, envoyons nos ministres en stage
dans les pays qui ont fait des réformes !

Les ambitions affirmées au cours de la campagne présidentielle ne sont pas au rendez-vous. Alors qu’Emmanuel Macron se disait libéral, la réforme du Code du travail a accouché d’une souris. L’État français est désormais le champion européen des prélèvements obligatoires. Le Premier ministre pourrait prendre une bonne résolution en 2018 et envoyer les membres du gouvernement en stage de formation dans les pays qui ont su réaliser les réformes qui s’imposent aujourd’hui à la France. L’IREF en a sélectionné huit qui peuvent constituer des modèles à suivre.

Le Canada pour le ministre de l’Économie et des Finances

Face à sa dette colossale, le gouvernement canadien a engagé des réformes considérables dans les années 1990 qui pourraient bien inspirer Bruno Lemaire[1]. L’État fédéral a dégagé des budgets excédentaires grâce à des réductions drastiques des dépenses publiques. Il a massivement baissé les impôts pour libérer la création de richesses. Le taux d’imposition des entreprises a été divisé par deux pour atteindre 15 % en 2013, soit le taux le plus bas des pays du G7. Le Premier ministre conservateur a aussi baissé l’équivalent de la TVA de 7 à 5 %, contre 20 % en France. Sur la période 2000-2017, la croissance annuelle moyenne a été de 2,1 % au Canada contre 1,3 % dans l’Hexagone.

La Suède pour le ministre de l’Action et des Comptes publics

À l’image de l’État providence français actuel, la Suède était soumise à une politique dirigiste et particulièrement spoliatrice dans les années 1980. L’État scandinave confisquait alors plus de la moitié des richesses produites et accumulait pourtant une dette considérable. L’éducation et la santé ont été partiellement privatisées et le statut des fonctionnaires a été supprimé. Une réforme de la fonction publique qui pourrait donner des idées à Gérald Darmanin : en Suède, il n’y a plus de régime spécial de retraites ni d’emploi garanti à vie pour les agents de l’Ètat.

La Suisse pour la ministre du Travail

Le marché du travail de la Confédération helvétique est l’un des plus flexibles d’Europe. Les barrières réglementaires qui entravent les contrats de travail sont beaucoup plus limitées qu’en France. Il n’existe pas de salaire minimum fédéral, les salaires sont négociés au niveau intrabranche par des conventions collectives et des accords d’entreprise et les licenciements n’ont pas besoin d’être justifiés. Muriel Pénicaud pourra s’inspirer de ce modèle pour réaliser une véritable réforme du Code du travail[2] et atteindre les résultats suisses : 4,3 % de chômage contre 10 % dans l’Hexagone[3].

L’Australie pour la ministre des Solidarités et de la Santé

La France est un des rares pays à ne pas avoir encore réalisé de transition entre la retraite par répartition, véritable système de Ponzi, et la retraite par capitalisation. En plus de l’épargne volontaire et du pilier de base par répartition, Agnès Buzyn découvrira qu’il existe un pilier par capitalisation depuis 1992 dans le système de retraite australien. Les fonds de pension y capitalisent aujourd’hui l’équivalent de plus de 100 % du PIB[4], ce qui fait que ce pays est reconnu comme l’un des plus performants au monde pour assurer les vieux jours de ses retraités[5].

Les Pays-Bas pour le ministre de l’Éducation nationale

Bien mieux situés que la France dans le classement PISA, les Pays-Bas ont aussi un taux de chômage des jeunes moitié moins élevé que chez nous. Là-bas, plus de 75 % des petits Néerlandais usent les bancs des écoles privées. Jean-Michel Blanquer pourra découvrir les vertus de la concurrence dans l’éducation. Il constatera que les établissements sont autonomes et libres d’embaucher et de débaucher les enseignants. La liberté éducative et le chèque éducation y sont la norme depuis 1917[6].

Le Royaume-Uni pour la ministre de l’Enseignement supérieur

Seulement 4 établissements français sont dans le top 100 des universités européennes. 31 sont britanniques. Même si ces dernières sont généralement publiques, elles sont payantes et complètement indépendantes du ministère, à la différence des universités françaises et de la plupart des grandes écoles. Frédérique Vidal pourra s’inspirer du modèle d’outre-Manche pour introduire plus de concurrence, de sélection et d’autonomie dans l’enseignement supérieur français.

La Nouvelle-Zélande pour le ministre de l’Agriculture

Dans les années 1980, les agriculteurs néo-Zélandais recevaient plus de 30 % de leurs revenus bruts sous forme de subventions. En une dizaine d’années, le gouvernement travailliste a éliminé cette redistribution forcée tout en ouvrant le marché au libre-échange[7]. Un séjour en Nouvelle-Zélande démontrera à Stéphane Travert qu’il est possible d’avoir une agriculture compétitive et durable sans dirigisme public ni subvention.

Les États-Unis pour la ministre de la Culture et la ministre des Sports

Françoise Nyssen et Laura Flessel se rendront ainsi compte que la culture et les sports vivent très bien sans ministères dédiés. Cela n’empêche ni Hollywood d’exporter ses films ni les athlètes américains d’accumuler le plus grand nombre de médailles olympiques au monde. Les ministres pourraient alors engager la suppression de leurs ministères respectifs à leur retour de stage.

Ces exemples montrent que la situation française n’est pas une fatalité et que les réformes sont possibles. Les corporations et les syndicats sont certes particulièrement efficaces pour maintenir le statu quo et réclamer de nouveaux privilèges, mais les membres du gouvernement devraient se rappeler que la plupart de ceux qui ont fait les réformes ambitieuses de ces pays modèles ont souvent été réélus.

Notes

[1] Kevin Brookes, Nicolas Lecaussin, Fiscalité, dépense publique : pourquoi Macron devrait suivre l’exemple canadien, Le Figaro, 2017
[2] IREF, Vaincre le chômage, 2016
[3] OCDE, chiffres 2017
[4] IREF, Réforme des retraites : Pour la création d’un Compte Personnel Retraites (CPR) et la mise en place de Fonds de pension, 2016
[5] Finantial Times, Australia’s A$2.3tn pension pot is the envy of the world, 2017
[6] IREF, Pour un système éducatif libre, autonome et concurrentiel, 2016
[7] Liberale Institute, Agricultural Reform in New Zealand, 2010

Laurent Pahpy pour l’IREF

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